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mercredi 15 juin 2005
Anne-Marie Alonzo ou l’art de dépasser ses limites

par Élaine Audet

Photo : Richard St-Jean

Nous venons d’apprendre avec tristesse la mort d’Anne-Marie Alonzo, écrivaine et fondatrice des Éditions, de la revue et du Festival de Trois. Née à Alexandrie en Égypte, le 13 décembre 1951, elle vivait au Québec depuis 1963. Elle est l’auteure d’une vingtaine de livres dont Bleu de mine (Le Noroît, 1985) qui lui a valu le prix Émile-Nelligan, ainsi que de Écoute Sultane (1987), Le livre des ruptures (1988), L’immobile (1990) à l’Hexagone, Galia qu’elle nommait amour (Trois, 1998). Elle a reçu l’Ordre du Canada en 1996.

Dans Les secrets de la Sphinxe(1), recueil de textes qui lui sont consacrés, sous la direction de Janine Ricouart et de Roseanna Dufault, les auteures soulignent le rôle important joué par Anne-Marie Alonzo dans le monde littéraire et culturel québécois, son amour de la beauté, son engagement féministe, matérialisé dans l’écriture, le Festival de Trois, ses choix éditoriaux, sa collaboration à La vie en rose et à la Gazette des femmes,

Illustration de la couverture :
Marie-Claire Blais

sa contribution à la littérature lesbienne et à l’expression du désir des femmes, la place primordiale qu’y occupe la poésie où elle a puisé la force de survivre, après ce terrible accident de voiture, le 5 juillet 1966, à dix heures, qui arrêtera "le battement de son corps", comme elle l’écrit, et la laissera "immobile" au cœur de sa vie, de toutes les vies possibles et impossibles, constituant désormais son univers intérieur. C’est de là, de ce jour inoubliable, qu’elle commencera à tisser inlassable sa toile de mots, comme autant de séductions et de ponts vers l’autre. Elle devient, écrit Janine Ricouart, l’exploratrice du continent inconnu qu’est devenu son propre corps, souffrance, douleur mais aussi intelligence, sensibilité, sensualité. Et découvre en elle l’infinie capacité de dépasser ses limites qu’elle nous lègue à travers toute son oeuvre.

Personnellement, j’aime beaucoup Galia qu’elle nommait amour dont j’ai eu le privilège, en 1992, de voir la création par France Castel au Festival de Trois qui nous offrait l’occasion tous les lundis de renouer avec la poésie et le théâtre des grandes voix de femmes au Québec, créatrices et comédiennes. Alonzo écrivait des lettres aux femmes qu’elle aimait : mère, amies, amantes, à celles qui l’inspiraient, mortes ou vivantes, à Colette sur qui elle avait fait sa thèse de doctorat, à Duras qui l’habitait, à la poète québécoise Denise Desautels ou à la comédienne Andrée Lachapelle. Dans Galia, elle écrit :

    Elle marcha marcha et marcha encore, elle marcha tant que l’âne galopait pour la suivre, la suivit tant bien que mal, elle marchait sans pourtant courir, allait d’un pas ferme, pas de femme seule, se demanda le sens profond d’une femme seule, se dit que ce devait être une femme libre et non-triste.

1. Janine Ricouart et Roseanna Dufault, Les secrets de la Sphinxe : Lectures de l’oeuvre d’Anne-Marie Alonzo, Montréal, les éditions du remue-ménage, 2004.
2. Anne-Marie Alonzo, Galia qu’elle nommait amour, Laval, Trois, 1992.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 juin, 2005.



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