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mercredi 29 juin 2005
Justification de la violence contre les femmes. La charia a-t-elle préséance sur les lois françaises ?

Communiqué

Procès de l’imam Bouziane au Tribunal de Grande Instance de Lyon : Jugement surprenant le 21 juin

Relaxe pour l’imam Bouziane : la charia serait-elle supérieure aux lois de la République française ?

Les propos de l’imam Bouziane au journal LyonMag, réitérés lors de l’Instruction, déclarant que le Coran autorisait à battre la femme infidèle, ont été considérés par le Tribunal de Lyon comme l’expression du droit à la liberté religieuse ! Le jugement a été curieusement motivé par un compte-rendu exhaustif des différentes lectures du Coran, même celle de Qaradawi, président du Conseil européen de la fatwa.

L’imam étant interviewé en tant que religieux, le Tribunal a considéré comme normal qu’il cite sa religion. Il aurait été tout aussi normal que les magistrats, qui doivent dire la loi, réaffirment qu’aucune justification ne peut être alléguée pour inciter à un acte délictueux, même par voix de presse.

Le Tribunal, désavouant le magistrat instructeur et le Parquet, a relaxé l’imam Bouziane en fonction de l’article 9 et 10 de la Cour européenne des droits de l’homme, sur la liberté de religion et la liberté d’expression, ne tenant pas compte de la protection des droits et liberté d’autrui affirmée dans ces mêmes articles qui limitent évidemment l’expression de la religion lorsqu’elle appelle à la violence.

Nous ne sommes pas dans l’exercice privé du droit d’exercer sa religion mais dans l’atteinte à la liberté d’autrui, les femmes en l’occurrence. Cela signifierait-il que les hommes musulmans seraient autorisés à battre leur femme et que les femmes ayant épousé un musulman devraient accepter les châtiments corporels pour prouver qu’elles sont bonnes musulmanes ? Cette loi permettrait-elle la répudiation, la polygamie, le jihad et la condamnation de l’homosexualité ?

Stupéfaite par ce jugement, l’association « Regards de femmes » a immédiatement interjeté appel. Pour elle, les violences envers les femmes sont intolérables. Elles ne sauraient être justifiées sous prétexte religieux. Le Ministère public avait justement requis une peine sévère. Il serait choquant qu’il ne fasse pas appel de la décision.

par Michèle Vianès, présidente de "Regards de femmes"

*****

Lire aussi :

« Une première : la justice française applique la charia »

Pendant ce temps au Québec... « Des droits et des devoirs ».

Mis en ligne sur Sisyphe, le 22 juin 2005. 


Face aux imams : coranique la Justice ?

« Je vous réclame la liberté au nom de vos principes, pour vous la
retirer ensuite au nom des miens ! » : Les agitateurs islamistes
mettent en ouvre la méthode totalitaire, y compris dans l’édition, la
presse, les prétoires.

Ainsi les intégristes multiplient les procédures contre les
républicains et laïques dans un but d’intimidation.
Des libelles, modes d’emploi pour détourner, contester, combattre les
lois républicaines sont édités, avec sans doute un marché conquis de
plusieurs milliers d’associations islamiques ou islamistes qui
achètent et relayent cette littérature, et la complaisance de
journalistes sous prétexte souvent de « dialogue interreligieux ».

PRÊCHEURS VERTS ET TOGES NOIRES

Nous voyons un avocat plaider le « saint coran » ! Un autre déclarer
que la jurisprudence sur le voile -simple application de la loi- est
une crispation.
Ainsi M. Bouziane « imam » invoque les articles 9 et 10 de la
convention européenne des Droits de l’homme pour revendiquer la
liberté de pensée et de religion ou de manifestation de sa religion.
Comment les manifeste-t-il ? En déclarant à un journaliste (LyonMag)
qui pose la question : « Etes-vous pour la lapidation des
femmes ? » : « oui, car battre sa femme c’est autorisé par le
Coran. », « Il peut frapper fort pour faire peur à sa femme » « viser
le bas, les jambes ou le ventre. » !

L’intimidation fondamentaliste prétend maintenant faire admettre que
ces propos sont simplement ceux d’un homme de religion qui rappelle
un texte, sans provocation ou incitation.
La manipulation est simple. En matière de presse, les lois
républicaines sont très libérales. Avec raison.Tout l’inverse de la
sauvagerie des pays islamistes. Rappelons : tous les pays de « 
charia » sont des espaces sans droit ni démocratie, écrasés par des
fanatiques.

UNE BALANCE SANS GLAIVE ?

Les magistrats ont la tâche complexe de veiller à une entière liberté
d’ expression, équilibrée par un régime de responsabilité lorsque
l’ordre républicain ou les droits de l’homme ou de la femme sont
attaqués. C’est la formule de la Déclaration des Droits de l’Homme et
du Citoyen qu’il faut mettre en ouvre.
La balance a été habituellement tenue en équilibre mais les 5èmes
colonnes intégristes veulent aujourd’hui la déséquilibrer. La
situation internationale appellerait plutôt le glaive.

LA (THEO) LOGIQUE CORANIQUE

Leur argumentation est hypocrite :

* Nous disons qu’en France, il faut respecter les lois de la
République, nous disons en même temps que les lois religieuses sont
au-dessus de lois de la République. Nous sommes intouchables parce
que nous nous exprimons en tant qu’hommes de religion présentant
simplement des textes sacrés.

* Il s’agit d’un constat : le coran dit qu’il faut battre (fort) les
femmes adultères. Oseriez-vous le contester ? Quelle autorité avez-
vous pour en juger ?

* Nous proclamons simplement que la religion est au-dessus des lois.
Nous n’appelons nullement à les transgresser. Comment osez-vous nous
imputer cette pensée abominable ?

Il est curieux de constater que cette (théo)logique ait pu convaincre
ici ou là. Cette complaisance est-elle raisonnable ? Est-elle
protectrice de la République et notamment des droits des femmes ?
La partie civile « Regards de femmes », comme l’autre partie civile,
a fait appel à la première seconde. Le Procureur de la République, le
surlendemain avec une réelle rapidité de décision. L’association « 
Regards de Femmes » a reçu depuis des centaines de messages
solidaires.

THEOLOGIE AU PRETOIRE ?

Un tribunal peut confondre -par scrupule à l’égard de la liberté de
pensée- un prêcheur inculte ˆ mais revendiquant son autorité morale
(sinon à quoi servirait-il ?) et sa formation en Arabie saoudite, à
Médine- avec un traducteur, « un homme de religion » qui s’exprime « 
en tant qu’imam, sur un plan théologique ».

Il est même précisé par la juridiction :

* Qu’elle ne peut interpréter le Coran, ce qui ne lui est pas demandé
* Qu’une « permission » n’est pas « une obligation ». C’est peut-être
un simple « devoir de conseil » de l’imam salafiste ? Ce point sera à
préciser devant la Cour d’Appel.

* Qu’il y a un débat ( ?) sur la laïcité « ouverte » « dénué de sens
pour certains » ( ?). Ceci n’a rien à voir avec le procès de l’imam
qui incite à battre les femmes « adultères ».

En dehors du message politique, et contestable, délivré, on ne voit
pas trop ce que prend en compte cet attendu.

LOURDS SILENCES A RETENIR

1-Les « représentants » des divers communautarismes et religions, qui
guettent habituellement micros et caméras, n’ont rien dit. Il ne
s’agit que de femmes.

2-Seuls André Gérin, député communiste de Vénissieux et Dominique
Perben, alors Garde des Sceaux, ont exprimé leur indignation.
Ailleurs silence.

SUITE DE LA PROCEDURE

* La Cour et le Procureur sont saisis, en appel, par les parties
civiles aux fins de condamner M. Bouziane.

* Au Tribunal Administratif de Lyon, le commissaire du Gouvernement,
dans une autre procédure introduite par le système islamiste, demande
de confirmer l’expulsion de M. Bouziane. Pour le magistrat, les
informations des Renseignements généraux sont avérées. M. Bouziane
est « au coeur d’un réseau salafiste et, par son prosélytisme, un
acteur déterminant conduisant à l’intégration dans les filières
djihadistes de membres dont certains ont rejoint les réseaux
combattants. »

André Vianès, avocat

ResPUBLICA, no 368, 7 juillet 2005 : respublica@yahoogroupes.fr

Journal de la gauche républicaine : journal@gaucherepublicaine.org
 

 
 



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