Accueil > ... > Forum 130553

Religion : outil du patriarcat avant tout

16 mai 2009, 16:19, par G.Bourret

Avant tout un débat sur la laïcité, dites-vous ? Oui, mais cela ne disposera pas de toute la question sur le port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique. Je voudrais ici ressortir quelques points.

Comme vous étiez comme moi présente à l’Assemblée générale de la FFQ, vous n’êtes pas sans savoir qu’une proposition a été adoptée concernant l’importance de préciser la notion de laïcité et de demamder au gouvernement qu’il fasse cet exercice. Je n’ai pas le libellé exact, mais c’est l’idée. Cela montre bien qu’il y a un débat à poursuivre et que le gouvernement aurait dû profiter du dépôt du rapport de la Commission Bouchard-Taylor pour soumettre au débat public la question notamment de la laïcité de l’État. Mais comme on le sait, le Rapport a malheureusement été "tabletté". La question est là, qu’entend-on par un État laïc ? Quel modèle de laïcité voulons-nous promouvoir ? Certaines personnes disent que le modèle de laïcité ouverte est un concept "fumeux" ambigü, etc. Voulons-nous alors d’une laïcité à la Française telle que précisée dans la Constitution de 1958 : "la France est une République indivisible, laïque,démocratique et sociale..." ? La France n’a pas de Charte des droits et libertés de la personne comme c’est le cas ici, et plusieurs le déplorent. L’adoption de la Charte québécoise en 1975 représente une avancée sociale incontestable et le mouvement des femmes a revendiqué et salué l’existence de cette Charte qui reconnaît comme on le sait la liberté de croyance, de religion, de conscience, d’expression et interdit les discriminations en fonction du sexe, de la race, de la religion,de la couleur, de l’orientation sexuelle, etc. Tout cela pour dire que la laïcité doit être définie par rapport aux chartes québécoise et - tant que nous serons dans le Canada -canadienne. Cela constitue la spécifité de notre situation et détermine en bonne partie le modèle de laïcité qui peut s’appliquer. Bien sûr on peut modifier la Charte, mais on ne peut y faire perdre sa nature qui est de protéger et de permettre l’exercice des libertés et droits fondamentaux. (Je suis tout à fait d’accord avec l’article qui paraissait dans Le Devoir des samedi 16 et dimanche 17 mai, p.C 5 à ce sujet) Peut-être faut-il arriver à un meilleur équilibre dans les décisions prises entre la reconnaissance des libertés de croyance, de religion, de conscience et celle du droit à l’égalité entre les sexes, mais nous aurons toujours à préserver l’une et l’autre. Même si on constate et affirme que toutes les religions relèvent de l’ordre patriarcal on doit reconnaître que dans toutes ou la plupart des religions, les femmes se sont engagées pour combattre de l’intérieur le sort ou le traitement qui leur était fait et revendiquer la fin des discriminations à leur endroit. Des théologiennes musulmanes font aussi cet exercice et revisite le Coran (notamment sur la question du port du foulard), comme le font dans la religion catholique d’autres théologiennes ou militantes. De leur point de vue, la religion n’est pas statique et elle devrait évoluer pour faire une place plus égalitaire aux femmes. On peut bien prendre cela avec des "pincettes", comme on dit, mais c’est une réalité que l’on doit respecter et avec laquelle on doit composer. Des femmes croyantes combattent le fondamentalisme à l’oeuvre dans leur religion et en toute athée que je suis je salue leur combat. C’est aussi ces femmes que la liberté de religion vient protéger.

Un mot en terminant sur le droit à l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce droit se conjugue nécessairement avec d’autres comme les droits économiques sociaux et culturels,dont le droit au travail,à l’éducation, à la participation politique comme le montre bien, au plan international,la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (entrée en vigueur en 1981). Donc,interdire quelque chose qui contreviendrait au droit à l’égalité entre les femmes et les hommes, mais qui compromettrait par exemple le droit d’accès au travail pour les femmes sans discrimination ne peut passer le test du respect des droits. (Les droits, rappelons-le, et c’est un pricipe reconnu internationalement, sont indissociables et indivisibles et c’est là-dessus que les femmes se sont basées pour exiger que les droits des femmes soient reconnus comme des droits humains à part entière)