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Boisclair parti, le Parti québécois toujours en quête d’un "sauveur"

11 mai 2007

par Micheline Carrier

17h heure, 12 mai 2007 - Gilles Duceppe s’est retiré de la course à la direction du PQ en constatant les appuis importants obtenus rapidement par Pauline Marois au PQ, au Bloc québécois et dans l’ensemble de la population. Il faut souligner ce geste courageux, le chef du Bloc mettant de côté son orgueil pour éviter les déchirements au sein du mouvement souverainiste. Le Bloc devrait accueillir son retour avec chaleur au lieu de lui tenir rigueur de cette erreur de parcours. Après tout, il a donné beaucoup au mouvement souverainiste et il a encore beaucoup à donner. Il faudrait cesser une fois pour toutes la crucifixion en politique. Le PQ s’était trompé, il rebondit et corrige son erreur. Que le Bloc en fasse autant en accueillant son chef à bras ouverts et en narguant les autres partis. Un peu de générosité ne ferait pas de tort dans la jungle politique.

Voici pour mémoire le dossier que Sisyphe publiait lors de la campagne à la direction du Parti québécois en 2005.

Raccourci pour lire le dossier de Sisyphe.



C’était à l’automne 2005. La course à la course à la direction du Parti québécois battait son plein. André Boisclair avait le vent dans les voiles et les sondages donnaient le Parti québécois gagnant à la prochaine élection sous sa gouverne. Le PQ, comme de coutume, cherchait un messie. Aveuglés par les sondages et par les préjugés sexistes, ses membres avaient remisé leur sens critique et renoncé à évaluer rationnellement quel-le candidat-e à la direction permettrait à leur parti, non seulement de gagner une élection mais de durer, en redevenant le grand parti d’idées et de progrès social qu’il a jadis été. Les membres du PQ n’en avaient que pour l’image que projetait un homme jeune, à la parole facile (trop facile, peut-être). L’expérience, la compétence, le jugement, l’aptitude à rallier, tout cela devenait relatif à leur yeux, dans la perspective qu’André Boisclair puisse amener des milliers de jeunes à rallier le PQ et incarner le renouveau et la modernité. Pour mieux faire voir et faire oublier les lacunes importantes du chef en puissance, on a malmené sa principale concurrente, Pauline Marois, que les militant-es péquistes auraient dû choisir si leurs critères de sélection n’avaient été brouillés.

Des sages indépendantistes, dont Pierre Vadeboncoeur, mettaient pourtant le Parti québécois en garde, mais aux yeux des militant-es centré-es sur l’image, ils faisaient figure de troubles fêtes ou de "ringards" qui voulaient bloquer l’accès des "jeunes" au pouvoir. Des analystes politiques et des journalistes avaient prédit les difficultés du Parti québécois sous la direction d’André Boisclair, mais ils étaient eux aussi suspects aux yeux de la majorité des membres du PQ. On connaît la suite. Non seulement le PQ n’a-t-il pu profiter de l’impopularité et la campagne désastreuse du gouvernement Charest lors de l’élection du 26 mars dernier, mais il est tombé au rang de tiers parti en faisant élire moins de députés que l’Action démocratique du Québec. Sous les pressions de ceux et de celles qui l’avaient propulsé à la tête du PQ et devant le grenouillage des bloquistes qui veulent "placer" leur chef pour lui éviter de subir une défaite humiliante à la prochaine élection fédérale, André Boisclair a donné sa démission, non sans avoir d’abord éclaboussé son successeur appréhendé, Gilles Duceppe.

Il est facile aujourd’hui de faire porter à André Boisclair la responsabilité de la défaite et de l’état du Parti québécois. Je crois plutôt que les vrais responsables de cette défaite sont les membres du Parti québécois qui ont eu l’inconscience et le manque de jugement de lui confier la direction de ce parti. Malgré la leçon, certain-es, dont Louise Harel, dit-on, aspirent encore à trouver un "sauveur" venu d’ailleurs pour le PQ, alors que la personne la mieux placée pour le reconstruire est toujours là, attendant peut-être que son parti corrige la gaffe qu’il a faite le 15 novembre 2005 et l’humiliation injustifiée qu’il lui a fait subir. Mais le Parti québécois n’apprend apparemment pas de ses erreurs et il ne mérite peut-être pas Pauline Marois.

Voici pour mémoire le dossier que Sisyphe publiait lors de la campagne à la direction du Parti québécois en 2005.

 Lire le dossier de Sisyphe.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 11 mai 2007

Micheline Carrier


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