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vendredi 31 octobre 2014 À Michèle Roy, féministe passionnée, déterminée et généreuse
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Cette allocution a été prononcée lors d’un événement hommage pour Michèle Roy, le 24 août 2014, à l’Espace Lafontaine (3933 Avenue du Parc la Fontaine, Montréal, QC H2L 0C7. 514-280-2525). Danièle Tessier, collègue de travail et de luttes et amie de Michèle Roy, y rappelle les engagements multiples de cette féministe décédée le 18 octobre dernier à l’âge de 61 ans. Une rencontre à sa mémoire aura lieu dimanche le 2 novembre, à 14h, à l’Espace Lafontaine, à Montréal. À sa famille, à ses amies et amis, à ses collègues, aux féministes québécoises et canadiennes, sincères condoléances. Micheline et Élaine, Sisyphe
Ma chère Michèle, J’ai traversé ton parcours professionnel afin d’en livrer les grandes lignes. C’est l’histoire de cette femme… qui s’est toujours consacrée à rendre visible la parole et la force des femmes. Dans les circonstances, tu t’y consacres encore. Michèle, tu as permis aux femmes de se regrouper. Tu es intervenue auprès d’elles pour les aider à dire. Tu es intervenue auprès d’elles pour les outiller. Tu as participé avec elles à mettre des ressources sur pied pour que ce travail se poursuive. Tu es intervenue, en leur nom, auprès des instances politiques pour affirmer que les femmes souhaitaient vivre dans un monde d’égalité et pour dénoncer les situations matérielles qui les en empêchaient. Michèle, tu as travaillé auprès de toutes les femmes et les filles. Tu as contribué à mettre en lumière leurs conditions de vie et d’existence : la pauvreté, la violence, la santé mentale, la situation des femmes monoparentales, des femmes en prostitution, des femmes immigrantes, des femmes victimes de racisme, des lesbiennes. Ta réflexion se construit à partir des grands questionnements des années 1970, alors que nous analysons ce dont on nous a privé et que nous entreprenons nos luttes. Tu obtiens ton diplôme au CEGEP de la Gaspésie (1972). Le CEGEP est à une demi-heure de Rivière-aux-Renards, ton village d’origine. Tu pars pour Montréal faire un baccalauréat spécialisé en animation culturelle à l’UQAM, l’année suivante (1973-1975). Toute une époque…. Tu étudies dans une jeune université où les idées marxistes triomphent et où « plusieurs professeurs se définissent comme des travailleurs intellectuels au service du peuple ». Une philosophie certes qui est stimulante mais qui sera synonyme de conflits retentissants entre la direction, les étudiant-e-s, professeur-e-s et employé-e-s. Michèle voici une explication aux nombreux jours de grève que tu as connus. Quelle école tout de même ! …dans la rue ?… dans les brasseries ? …les cafés ? Non seulement tu choisis l’UQAM, mais tu choisis le Baccalauréat spécialisé en animation culturelle, qui était perçu, encore à mon époque en 1983 alors que j’étudiais en sociologie, comme le cœur de la contestation étudiante. Pour vous donner une idée : on étudie le domaine théorique des rapports, toutes sortes de rapports. Les rapports reliant l’art et la culture à la société, les rapports existant entre le marché et la culture, le domaine sociologique des contextes et des enjeux de l’action culturelle, les rapports entre les communautés, entre les classes et, bien sûr, entre les sexes. Tu es également impliquée dans les cliniques communautaires de quartier : la clinique Saint-Jacques, entre autres. Ces cliniques seront, comme on le sait, les précurseurs des CLSC. Pas étonnant, donc, que tu retournes au Saguenay travailler au CLSC du Saguenay-nord, dès 1976, après ton baccalauréat. Le CLSC existe depuis à peine 1 an. Tu y resteras plus de 10 ans (1976-1987). Durant ces années, tu collabores à la mise sur pied et au soutien de plus de sept ressources communautaires dont un groupe de défense des droits des personnes assistées sociales ; un regroupement de familles monoparentales ; plusieurs groupes travaillant contre la pauvreté et dans le domaine de la consommation et de la bonne alimentation. Durant cette même période (1985-1988), tu contribues à concevoir et réaliser avec l’UQAM des programmes de formation en intervention féministe auprès des femmes violentées, sur l’approche féministe en santé mentale, sur l’intervention auprès des femmes violentées en milieu d’urgence hospitalière. Tu vas superviser ces programmes et tu verras à leur mise en application dans le réseau de la santé et des services sociaux. Une énorme contribution qui permettait de jeter les bases de l’intervention féministe, tout comme d’autres femmes le faisaient en d’autres lieux. Puis, de retour à Montréal, tu trouves ta place dans les Regroupements d’organismes de femmes principalement dans la lutte contre la violence des hommes envers les femmes ; : • LE REGROUPEMENT DES CENTRES DE SANTÉ DE FEMMES DU QUÉBEC Ton emploi le plus récent - au Mouvement contre le viol et l’inceste (MCVI) - t’a amenée, entre autres, à te replonger dans l’intervention directe auprès des femmes. Pendant les années où tu t’investis au RQCALACS, tu as pris une pause de deux ans, et tu iras en Guinée Conakry partager tes compétences comme Conseillère en Genre et Développement (GED) pour l’ensemble des projets du CECI dans ce pays. Tu traduiras cette expertise ici au Canada comme formatrice et conférencière. Les témoignages de femmes de ce pays sont éloquents quant à ta contribution et encore… Nous entendrons Idiatou Bah livrer ce témoignage. Michèle, tu seras de tous les grands événements du féminisme. Pour n’en nommer que quelques-uns : La marche du pain et des roses, tu coordonneras LES ÉTATS GÉNÉRAUX DES FEMMES DU QUÉBEC “FEMMES EN TÊTE”, en 1989-1990, lors de l’événement “50 heures du féminisme”, qui commémorait l’accès au droit de vote pour les femmes québécoises, la marche mondiale des femmes et combien d’autres encore. Dans toute cette traversée, tu ne comptes pas ton temps, pas plus que tu ne hiérarchises les luttes. J’en ai été témoin à plusieurs reprises. On te retrouve aussi bien sur la rue avec des pancartes ou à distribuer des dépliants que dans les médias, sur des comités de travail gouvernementaux, des instances provinciale, nationale ou internationale. Et combien d’autres tâches… Michèle, partout tu as débusqué, traqué des situations oppressives vécues par les femmes et mis en lumière des liens « pas encore dits ». Sans tambour ni pancartes, tu as contribué à visibiliser la réalité lesbienne et tu as su arrimer ta vie professionnelle et réaliser ton projet de vie comme mère. Ton parcours traduit bien ce que nous connaissons de toi : une femme entière, passionnée, déterminée et oh combien généreuse. Plusieurs vont en témoigner. Michèle, tu as permis à des femmes de survivre à la violence et à défendre leurs droits mais tu as aussi permis à des féministes de traduire ton immense expertise. MERCI ! Mis en ligne sur Sisyphe, le 28 octobre 2014 |
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