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Le marché mondial du sexe au temps de la vénalité triomphante
L’essor du système proxénète dû à la mondalisation

29 avril 2004

par Richard Poulin, sociologue

Ce texte fait partie d’un article intitulé « Prostitution, crime organisé et marchandisation » qui a été publié par l’auteur dans la Revue Tiers Monde, (Paris, PUF, vol. XLIV. n° 176, octobre-décembre 2003 : 735-769). Sisyphe présente le dossier en cinq parties ou chapitres afin d’en faciliter la lecture sur Internet. Un lien à la fin de chaque article permet d’accéder à la bibliographie générale.

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    Tout s’achète et se vend et, pourtant, tout ne peut s’acheter et se vendre sans saper les bases mêmes de l’humanité. André Gauron (2002:24)

Depuis trente ans, nous assistons à la sexualisation de la société. Cette sexualisation est basée sur l’inégalité sociale, ce qui a pour effet de rendre l’inégalité très profitable. La société est désormais saturée par le sexe ; et le marché du sexe en pleine croissance et mondialisé exploite avant tout les femmes et les enfants, notamment du tiers-monde et des anciens pays « socialistes ». C’est le temps de la marchandisation généralisée, de la vénalité triomphante. En 1846-1847, Marx (1972 : 46) dans son ouvrage, Misère de la philosophie, avait formulé le problème en ces termes :

    Vint enfin un temps où tout ce que les hommes avaient regardé comme inaliénable devint objet d’échange, de trafic et pouvait s’aliéner. C’est le temps où les choses mêmes qui jusqu’alors étaient communiquées mais jamais échangées ; données mais jamais vendues ; acquises mais jamais achetées - vertu, amour, opinion, science, conscience, etc. - où tout enfin passa dans le commerce. C’est le temps de la corruption générale, de la vénalité universelle, ou, pour parler en termes d’économie politique, le temps où toute chose, morale ou physique, étant devenue valeur vénale, est portée au marché…

L’humanité est témoin d’une industrialisation de la prostitution, de la traite des femmes et des enfants, de la pornographie et du tourisme sexuel. Les différents secteurs de l’industrie sexuelle sont florissants ; ils sont organisés et gérés par des réseaux proxénètes et mafieux avec la complicité des pouvoirs financiers et politiques établis. Le propre du système prostitutionnel est précisément de n’avoir ni frontière, ni limite (Louis, 2003). Des multinationales du sexe sont devenues des forces économiques autonomes (Barry, 1995 :162), cotées à la bourse. Il n’y a pas de prostitution sans marché, sans marchandisation d’êtres humains. Dans 85 à 90 % des cas de la prostitution locale des pays occidentaux, la prostituée est une marchandise que le proxénète fait sienne par le moyen de la force et/ou de l’habileté. Une fois sienne, le proxénète utilise la contrainte physique, psychologique et sexuelle pour que la prostituée soit fonctionnelle, c’est-à-dire qu’elle puisse être achetée jour après jour par des clients, devenus à leur tour possesseurs, un temps, de la marchandise.

L’état de la mondialisation des marchés sexuels

Comme pour tout marché, des marchandises sont fabriquées et commercialisées en fonction des capacités de paiement des clients : de la prostitution de rue aux call-girls de luxe, tout le spectre du marché est couvert. Mais pour devenir une marchandise, qu’elle soit de bas ou de haut de gamme, la prostituée doit être dépouillée de son humanité, être transformée en chose, en objet. On peut alors l’étaler dans des vitrines, sur les trottoirs, dans des lupanars sordides, dans des hypermarchés du sexe, car les clients doivent pouvoir jauger la marchandise avant de se la procurer. La machine prostitutionnelle ne fonctionne pas pour le bénéfice des prostituées, mais pour celui de leurs possesseurs, proxénètes et clients (1).

L’objet de cet article et des quatre autres qui le suivent est, dans un premier temps, de mesurer et d’analyser l’essor des marchés sexuels au cours des trente dernières années ainsi que le rôle du crime organisé dans son déploiement au niveau mondial. Dans un deuxième temps, il s’agit de comprendre le processus de marchandisation à l’œuvre et d’examiner les mécanismes par lesquels sont fabriquées les marchandises particulières que sont les êtres humains qui doivent aliéner leur sexe.

Au cours des trois dernières décennies, les pays de l’hémisphère Sud ont connu une croissance phénoménale de la prostitution et de la traite des femmes et des enfants. Depuis un peu plus d’une décennie, c’est également le cas des pays de l’ex-URSS et de l’Europe de l’Est et Centrale. Sabine Dusch (2002:109) estime que la prostitution engendre un chiffre d’affaires mondial de 60 milliards d’euros. En 1998, l’ONU estimait que, chaque année, 4 millions de personnes étaient l’objet d’un trafic, ce qui générait entre 5 et 7 milliards de dollars US de profits aux groupes criminels (Stalker, 2000 ; Struensee, 2000). Selon Dusch (2002:94), les femmes victimes de la traite (2) sont nettement plus nombreuses que celles qui sont l’objet d’un trafic à des fins d’exploitation domestique ou de main-d’œuvre à bon marché. D’après l’ONU, au cours des trente dernières années, en Asie seulement, la traite de femmes et d’enfants aux fins « d’exploitation sexuelle » a fait plus de 30 millions de victimes (UNICEF, 2000). Les années quatre-vingt-dix ont également connu une explosion de la production et de la consommation de pornographie. La pornographie est désormais une industrie mondiale, massivement diffusée et totalement banalisée (3).

Division régionale et internationale du travail

L’industrialisation du commerce sexuel induit le développement d’une production de masse de biens et de services sexuels qui génère une division régionale et internationale du travail. Cette industrie, qui se déploie dans un marché mondialisé, intègre à la fois le niveau local et le niveau régional. Des millions de femmes, d’adolescents et d’enfants vivent désormais dans les districts « chauds » des métropoles de leurs propres pays ou dans ceux des pays voisins. On estime que deux millions de femmes se prostituent en Thaïlande (Barry, 1995:122) - dont un million a été victime de la traite entre les provinces du sud de la Chine, le Laos, le Viêt-nam et la Birmanie (CATW, 2003) -, de 400 000 à 500 000 aux Philippines, 650 000 en Indonésie, 10 millions en Inde, 142 000 en Malaisie, entre 70 000 au Viêt-nam, un million aux États-Unis, entre 50 000 et 70 000 en Italie, 30 000 aux Pays-Bas, entre 60 000 et 200 000 en Allemagne (4) (CATW, 2003).

L’industrie de la prostitution enfantine exploite 400 000 enfants en Inde, 100 000 enfants aux Philippines, entre 200 000 et 300 000 en Thaïlande, 100 000 à Taiwan, entre 244 000 à 325 000 enfants aux États-Unis (5) (UNICEF, 2001). On estime qu’en Chine populaire, il y a entre 200 000 et 500 000 enfants prostitués. Quelque 35 % des prostituées du Cambodge ont moins de 17 ans (CATW, 2003). Certaines études estiment qu’au cours d’une année, un enfant prostitué vend " ses services sexuels " à 2 000 hommes (Robinson, 1998:1). Un rapport du Conseil de l’Europe estimait en 1996 que 100 000 enfants de l’Europe de l’Est se prostituaient à l’Ouest (cité dans Chaleil, 2002:56).

Parallèlement à l’essor de la prostitution locale liée aux migrations de la campagne vers les villes, des centaines de milliers de jeunes femmes et d’enfants sont déplacé-es vers les centres urbains du Japon, de l’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord pour " offrir " des services sexuels à la clientèle masculine. Ces migrations de la campagne vers les centres urbains proches ou lointains ne donnent aucun signe de ralentissement (Santos, 1999 ; Chaleil, 2002). Au contraire, tout indique qu’elles poursuivent leur croissance.

L’exemple des Pays-Bas est un bon indicateur de l’expansion de l’industrie sexuelle : 2 500 prostituées en 1981, 10 000 en 1985, 20 000 en 1989 (Coquart et Huet, 2000) et 30 000 en 1997 (CATW, 2003). Les Pays-Bas sont devenus un site de prédilection du tourisme sexuel mondial. À Amsterdam, où il y a 250 bordels, 80 % des prostituées sont d’origine étrangère " et 70 % d’entre elles sont dépourvues de papiers ", ayant fait l’objet vraisemblablement de la traite (Louis, 1997:8). Ces prostituées doivent louer les vitrines dans lesquelles elles s’exposent ; cela leur coûte environ 90 dollars US par jour. Elles y reçoivent entre 10 et 24 clients pour une présence entre 12 et 17 heures par jour (CATW, 2003). En 1960, 95 % des prostituées des Pays-Bas étaient Néerlandaises, en 1999, elles ne sont plus que 20 % (Chaleil, 2002:49).

La traite des êtres humains

Qui dit prostituées étrangères, dit traite des êtres humains, ce qui implique évidemment l’organisation de ladite traite. C’est l’organisation proxénète qui est la grande pourvoyeuse des sex-clubs et des bordels au nombre de 700 aux Pays-Bas, où la prostitution est légale depuis le 1er octobre 2000. Cette légalisation qui devait profiter aux prostituées est vraisemblablement un échec puisque 4 % d’entre elles seulement se sont enregistrées (Chaleil, 2002:49). Les promoteurs de la légalisation de la prostitution en Australie soutenaient qu’une telle mesure résoudrait des problèmes comme le contrôle du crime organisé, de l’industrie du commerce sexuel, l’expansion déréglementée de ladite industrie et la violence subie par les prostituées de rue. En fait, la légalisation n’a résolu aucun de ces problèmes et en a entraîné de nouveaux. Entre autres, depuis la légalisation, la prostitution des enfants a connu une croissance dramatique ; le nombre de bordels a non seulement triplé, mais chacun des bordels a également connu une expansion (6) (Raymond, 2002). De plus, le nombre de bordels illégaux surpasse le nombre de bordels légaux. En conséquence, la traite des femmes et des enfants en provenance d’autres pays a augmenté significativement (Raymond 2002).

La traite des femmes et des enfants de l’Asie du Sud et de l’Asie du Sud-Est est estimée à 400 000 personnes par année. Les États indépendants de l’ex-URSS, de l’Europe de l’Est et Centrale constituent le deuxième groupe en ordre d’importance (175 000 personnes par année). Suivent l’Amérique latine et les Caraïbes (environ 100 000 personnes) et l’Afrique (50 000 personnes) (UUSC, 2001). L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que 120 000 femmes et enfants subissent une traite à des fins prostitutionnelles vers l’Union européenne des Quinze, surtout à travers les Balkans (Limanowska, 2002:20).

Quelque 50 000 Dominicaines se prostituent à l’étranger, notamment aux Pays-Bas, où elles ont constitué, un temps, 70 % des occupantes des 400 vitrines de prostituées d’Amsterdam (Guéricolas, 2000:31). On estime à 15 000 les prostituées russes ou européennes de l’Est qu’on retrouve dans les quartiers chauds d’Allemagne, pays où 75 % des prostituées sont d’origine étrangère (CATW, 2003). Environ 40 % des prostituées de Zurich sont originaires du tiers-monde (Oppermann, 1998:8). Quelque 500 000 femmes de l’Europe de l’Est et entre 150 000 et 200 000 femmes des pays de l’ex-URSS se prostituent en Europe de l’Ouest. Environ 50 000 femmes et enfants étrangers sont introduits chaque année aux États-Unis pour y travailler comme employés sans droits, en tant que domestiques et prostitué-es (O’Neill Richard, 2000). Les populations touchées sont originaires de Thaïlande, du Viêt-nam, de Chine, du Mexique, de Russie et de la Tchéquie.

Tous les ans, près d’un quart de million de femmes et d’enfants de l’Asie du Sud-Est (Myanmar, province du Yunnan en Chine populaire, Laos et Cambodge) sont acheté-es en Thaïlande, pays de transit. Au Canada, les intermédiaires paient 8 000 dollars pour une jeune Asiatique en provenance des Philippines, de Thaïlande ou de Malaisie qu’ils revendent 15 000 dollars à un souteneur (CATW, 2003). En Europe de l’Ouest, le prix courant d’une Européenne en provenance des anciens pays " socialistes " se situe entre 15 000 et 30 000 dollars américains. À leur arrivée au Japon, les Thaïlandaises ont une dette de 25 000 dollars américains. Les femmes achetées doivent rembourser les dépenses encourues par les proxénètes et travailler pour leur compte pendant des années. L’industrie de la prostitution japonaise génère des revenus qui représentent entre 1 et 3 % du Produit national brut (CATW, 2003).

Liens avec l’industrie pornographique

Ce tableau serait incomplet si l’industrie de la pornographie n’était pas prise en compte, car les filières pornographiques sont très souvent imbriquées aux filières de la prostitution (7). Selon Dusch (2002:101), le chiffre d’affaires mondial de la pornographie " s’élève à près de 52 milliards d’euros "(8). C’est la troisième industrie du Danemark. L’industrie de la pornographie contemporaine a pris son essor au début des années cinquante, avec le lancement de Playboy, et, depuis, a investi tous les moyens de communication moderne. Ainsi, la vidéo pornographique représente un marché de 19 milliards d’euros (Dusch, 2002:101), les films pornographiques de la télévision payante et dans les chambres d’hôtels rapportent 175 millions de dollars par an aux États-Unis. L’industrie hôtelière en profite : à chaque film visionné dans une chambre, elle reçoit 20 % du prix de location. Les États-uniens dépensent entre 1 et 2 milliards de dollars par le biais des cartes de crédit pour obtenir du matériel sexuel explicite via Internet, ce qui représente entre 5 et 10 % de toutes les ventes sur le Net (Lane, 2000:XV et 34).

Peu coûteux et facilement accessible, Internet est utilisé comme " une vraie maison de vente par correspondance ", non seulement pour le matériel pornographique, " mais également en vue de réellement vendre des êtres humains " (Walraet, 1999:32). Via Internet, les trafiquants proposent des guides spécialisés en ligne pour les touristes sexuels et les clients de la prostitution. Ils proposent également la vente de femmes à domicile et mettent en ligne de prétendues agences matrimoniales (9). La pornographie enfantine ou pseudo-enfantine (kiddie or chicken porn) sur Internet constitue 48,4 % de tous les téléchargements des sites commerciaux pour adultes (Rim, 1995:1918).

À suivre : « 2. Le crime organisé contrôle la prostitution et organise le trafic des êtres humains. »

 Bibliographie générale

 Rubrique du dossier intégral.

Notes


1. Effets de la chosification, Monto (1999) a constaté l’existence d’une forte corrélation chez les clients entre la sexualité tarifiée, les mythes sur le viol, la violence sexuelle et l’utilisation moins fréquente de préservatifs.
2. Le terme de " traite " est, dans cet article, privilégié au terme de " trafic des femmes et des enfants à des fins sexuelles ", car il a une signification à la fois historique et juridique. Il a été notamment employé dans la Convention des Nations Unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation d’autrui adoptée le 2 décembre 1949. Le terme " trafic " a " une signification essentiellement commerciale " (Louis, 2002).
3. Conséquemment, elle fait désormais partie de la culture, donc l’imprègne, et affecte l’ensemble des images sociales des médias traditionnels et nouveaux (voir Deleu, 2002).
4. Selon Oppermann (1998:8), plus vraisemblablement 200 000. Au début des années quatre-vingt-dix, Ackermann et Filter (1994:22) estimaient que les prostituées en Allemagne vendaient des " services sexuels " à 1,2 million de clients par jour.
5. Si on ajoute l’ensemble de l’industrie du sexe, les chiffres grimpent à 2,4 millions d’enfants états-uniens.
6. Le plus important bordel de Melbourne (Australie), The Daily Planet, créé en 1975, est désormais coté à la bourse. Selon le directeur général du bordel, Andrew Harris, le Daily Planet a vendu 1,4 millions d’actions la première journée de son introduction à la bourse. Les actions se détaillaient à 0.50 $ US et, dès l’ouverture, elles ont connu une augmentation de 40 %, se détaillant à 0.70 $. À la fin de la journée, les actions valaient 0.95 $ (A.P., 2003) et 1,09 $ à la clôture (Marks, 2003). Avec les nouvelles liquidités, la société projette d’ouvrir un méga bordel à Sydney ainsi qu’un " parc sur le thème de Disneyland du sexe ". Selon Andrew " le résultat pourrait être l’équivalent d’un club haut de gamme de six milles [près de 10 kilomètres] de long " (Marks, 2003).
7. Sur Internet, les filières pornographiques et prostitutionnelles sont même très souvent entremêlées aux réseaux d’organisations faisant la promotion des droits des travailleuses du sexe. Par exemple, le site du Network of Sex Work Projects donne une liste détaillée à Vancouver des sensual services prostitutionnels. Pour sa part, le Sex Workers Alliance de Vancouver fait la liste des hôtels de passe, des emplois dans l’industrie pornographique, et propose des tours guidés de prostituées. Le site de Stella - une organisation communautaire de Montréal qui est financée par différents paliers gouvernementaux - renvoie, entre autres, au site du Network of Sex Works Projects et à celui du StreetWalking, the World Online Magazine, qui proposent, notamment, du matériel pornographique et qui abritent des publicités d’agences de prostitution - et d’autres sites du même genre. Au site du Prostitutes Education Network - une organisation sans but lucratif en faveur des droits des " travailleurs du sexe " - les surfeurs ont accès, entre autres, à des sites de " travailleuses " œuvrant à partir du cyberespace ! Les liens entre la production pornographique et la prostitution sont également d’un autre ordre. Une étude de Farley et de Barkan (1998) révèle que 64 des 130 prostituées interviewées (49,2 %) ont participé à une production pornographique et que 42 (32,3 %) ont subi une ou plusieurs tentatives de clients de les contraindre à reproduire ce qu’ils avaient vu dans la pornographie. Quelque 56 % des prostituées interrogées en Afrique du Sud, 48 % en Thaïlande et 47 % en Zambie ont également subi des tentatives de contraintes dans le but de reproduction de scènes pornographiques prisées par les clients (Farley et al, 1998). Selon l’étude de Silbert et de Pines (1984), 38 % des 200 prostituées interviewées ont été l’objet d’une utilisation pornographique dans leur enfance. Dans l’étude de Weisberg (1985), c’était également le cas de 27 % des adolescents mâles.
8. Il était de 6 millards de dollars US en 1983 (Poulin et Coderre, 1986).
9. Sur les agences matrimoniales dans l’ex-URSS, voir l’étude de Hugues (2001).

Richard Poulin, sociologue

P.S.

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