L’auteure répond ici à un article de Pascale Navarro, "Sous le voile", paru dans La Presse+ le 27 octobre 2017.

Bonjour madame Pascale Navarro,

Je suis très sensible au dilemme moral que vous soulevez. Je réfléchis moi aussi depuis longtemps à propos du voile dit islamique.

En Égypte, mon pays d’origine où j’ai grandi, l’émergence de ce phénomène a suscité de vifs débats.

Les féministes égyptiennes, comme Nawal El Saadawi, très connue, et beaucoup d’autres s’opposent au voile sous toutes ses formes, estimant qu’il est un outil d’asservissement des femmes.

Pour ma part, j’estime qu’il est important de ne pas confondre le hidjab (couvrant les cheveux) avec le niqab (cachant le visage), car même si ces symboles émanent de la même idéologie patriarcale qui stigmatise le corps des femmes, leurs conséquences sociales sont bien différentes.

On ne peut certes nier que plusieurs femmes musulmanes ont réussi à s’affranchir sous leur voile. Mais je crois qu’il est réducteur de réduire ce débat aux justifications personnelles, tout en ignorant sa dimension politique.

De plus, il est difficile d’ignorer les pressions et les violences exercées sur les femmes musulmanes qui refusent de porter ce symbole, une fois qu’il a été banalisé et accepté socialement.

De là le dilemme moral qui nous confronte et nous oblige à choisir de quel côté iront nos solidarités.

Chose certaine, l’interdiction d’un tel symbole ne doit jamais légitimer le mépris ni les agressions physiques ou verbales à l’endroit de celles qui le portent.

Yolande Geadah, auteure et chercheure

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