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mercredi 9 avril 2003 Le budget Marois et les femmes Les oubliées du gouvernement Landry
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La veille du déclenchement d’une élection au Québec, la ministre des Finances, Madame Pauline Marois, a présenté un budget qui ignore les principales demandes des groupes de femmes. le gouvernement Landry préfère courtiser les multinationales.
Durant toute la semaine du 24 février, des milliers de travailleuses du Regroupement provincial des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale ont manifesté partout au Québec dans le vent et le froid glacial. Malheureusement, elles ont laissé de glace la ministre Marois. Les représentantes des 84 maisons d’aide et d’hébergement revendiquent un plan de développement de services évalué à 31 M $ et dénoncent la fin de non-recevoir du gouvernement du Parti québécois face à un dossier, appuyé par 110 000 pétitionnaires, qui implique la vie de femmes et d’enfants. Chaque année au Québec, sous le regard indifférent de nos élu-es, entre 58 et 70 femmes sont victimes de meurtre ou de tentative de meurtre dans un contexte de violence conjugale. Le budget Marois n’accorde que dix millions de plus par année aux groupes d’action communautaire. Autant dire rien, quand on voit les besoins pressants des nombreux groupes d’aide qui œuvrent sur le terrain. Quant à la campagne de sensibilisation contre la violence faite aux femmes, réclamée depuis plusieurs années par les groupes de femmes, comme celle qui a été si efficace pour contrer l’alcool au volant, il n’en est fait aucune mention. Le budget Marois est tout aussi décevant en ce qui concerne des mesures concrètes pour lutter contre la pauvreté. Sur les 300 millions par année (1,5 milliard en cinq ans) promis en grande pompe lors de l’annonce de l’adoption d’une loi contre la pauvreté et l’exclusion, seul 160 millions en trois ans ont été attribués par le budget Marois, soit quelque 50 millions par année. Une somme nettement insuffisante et une insulte quand on voit l’aide accordée généreusement à des multinationales comme IBM par le gouvernement Landry. La conciliation travail-famille, qui constitue le fleuron du nouveau budget, suscite aussi beaucoup de questions du côté des femmes qui risquent bien, comme par le passé, d’être les seules à se prévaloir éventuellement de ce jour de congé, leurs conjoints ayant plus à perdre en le faisant. " Un retour partiel " au foyer "... Serait-ce un objectif recherché dans une conjoncture où les emplois se font plus rares ? ", s’interroge-t-on à juste titre sur Sisyphe. (1) Cette mesure vise peut-être à satisfaire tous les hommes qui se plaignent que les femmes leur volent des emplois. Il y a cependant gros à parier que, dans leurs conditions précaires, peu de femmes auront la possibilité de sacrifier une journée de salaire. Très engagées dans le mouvement pour la paix, nombreuses sont les femmes déçues de ne pas avoir entendu, avant le 18 mars, M. Landry condamner fermement le dispositif d’agression impérialiste des États-Unis et de leurs alliés contre le peuple irakien en incitant les membres de son parti à participer aux manifestations pour la paix. Peut-être était-ce plus payant sur le plan électoral d’attendre ce moment pour le faire ou le gouvernement péquiste veut-il, comme ses prédécesseurs, ménager ses arrières et jouer la carte étatsunienne pour en finir avec le fédéralisme canadien ? Les femmes et les enfants ont le droit de vivre à l’abri de la violence et de la pauvreté. C’est sur les actes que le gouvernement Landry sera jugé. Jusqu’à maintenant, on a l’impression qu’il ne s’agit que de poudre aux yeux, de promesses non tenues, sans compter la désinvolture de M. Landry face aux femmes. Celles-ci se souviendront certainement le jour du vote de ceux et celles qui auront davantage tenu compte de leurs préoccupations. Elles ont désormais une alternative électorale de gauche avec l’Union des forces progressistes (UFP) dont la plate-forme prend en charge l’essentiel de leurs revendications. (1) Sisyphe Mis en ligne le 18 mars 2003 |