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jeudi 5 août 2004
Quand le discours papal rejoint le discours masculiniste

La plus patriarcale des institutions masculines, l’Église catholique, regrette le bon vieux temps de "Papa a raison", où les rôles des hommes et des femmes étaient figés dans des carcans. C’est la faute des féministes radicales - ça vous surprend ? - si les femmes ne se laissent plus dominer dans la famille, ne se laissent plus battre et refusent d’assumer toutes les responsabilités parentales. La famille est menacée, dit le Pape, comme les plus réactionnaires des masculinistes qui sévissent sur le CMAQ ou ailleurs. (Sisyphe)

Nouvelles - Voilà Actualité

Le pape condamne le féminisme radical et le refus de la différence sexuelle

Jean Paul II a dénoncé samedi le féminisme radical, la lutte des sexes et la défense de l’homosexualité, dans une lettre de 37 pages adressée aux évêques de l’Eglise catholiques.
Le pape livre surtout une charge contre les thèses de certains mouvements américains destinées à justifier de nouvelles formes de sexualité.

Jean Paul II commence par déplorer "la tendance à souligner fortement la condition de subordination de la femme, dans le but de susciter une attitude de contestation".

La conséquence, écrit-il, est que "la femme, pour être elle-même, s’érige en rivale de l’homme. Aux abus de pouvoir, elle répond par une stratégie de recherche du pouvoir et ce processus conduit à une rivalité entre les sexes".

Puis il arrive à la cible principale de son intervention, "une seconde tendance qui apparaît dans le sillage de la première : pour éviter toute suprématie de l’un ou l’autre sexe, on tend à gommer leurs différences, considérées comme de simples effets d’un conditionnement historique et culturel".

"L’occultation de la différence ou de la dualité des sexes à des conséquences énormes à divers niveaux", affirme le pape.
"Elle a inspiré des idéologies qui promeuvent la mise en question de la famille, de par nature bi-parentale, c’est à dire composée d’un mère et d’un père, ainsi que la mise sur le même plan de l’homosexualité et de l’hétérosexualité", a-t-il dénoncé.

Le document vise surtout la mouvance féministe radicale américaine dont Judith Butler est le porte-parole et qui défend ces thèses.
La lettre a été préparée par la Congrégation de la doctrine de la foi dirigée par le cardinal allemand Joseph Ratzinger, héritière du Tribunal du Saint Office et dont les écrits sont destinés à condamner et à bloquer toute idée et toute théorie déplaisant au Vatican.

Le pape s’inquiète par ailleurs d’une autre conséquence de la radicalisation du féminisme : "l’idée que la libération de la femme implique une critique des Saintes Ecritures qui véhiculeraient une conception patriarcale de Dieu, entretenue par une culture essentiellement machiste".

Jean Paul II insiste sur "le rôle irremplaçable de la femme à tous les niveaux de la vie familiale et sociale", ce qu’il appelle "le génie de la femme".

Pour contrer l’action des mouvements prônant la lutte des sexes, le pape insiste sur la nécessité de "la présence des femmes dans le monde du travail et dans les instances de la société".

"Il faut que les femmes aient accès à des postes de responsabilité qui leur donnent la possibilité d’inspirer les politiques des nations et de promouvoir des solutions nouvelles pour les problèmes économiques et sociaux", affirme-t-il.

Il demande que l’on "harmonise la législation et l’organisation du travail avec les exigences de la mission de la femme au sein de la famille".
Il réclame "une juste valorisation du travail effectué par la femme au sein de la famille, afin que les femmes qui désirent se consacrer entièrement au soin de ménage ne soient pas socialement dévalorisées".
Il demande enfin que "les politiques sociales combattent toute discrimination sexuelle injuste".

"Ces observations veulent corriger la perspective qui considère les hommes comme des ennemis à vaincre", a-t-il expliqué.
"Toute perspective qui entend être celle d’une lutte des sexes n’est qu’un leurre et qu’un piège. Elle ne peut qu’aboutir à des situations de ségrégation et de compétition entre hommes et femmes", soutient-il.

31 juillet 2004 : Dépêche


VOIR EN LIGNE : Prêchi-prêcha sur les rôles de la femme et de l’homme
par des gens qui n’y connaissent rien



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> L’Église et la rhétorique féministe
10 août 2004   [retour au début des forums]

L’Église et la rhétorique féministe

Suite à la parution cette semaine d’un extrait de la Lettre aux évêques, la Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec souhaite émettre quelques commentaires au nom des 37 maisons membres réparties sur l’ensemble du territoire québécois.

Dans sa « Lettre aux évêques », l’Église affirme, entre autres, qu‘une des tendances actuelles pour affronter la question de la femme « souligne fortement la condition de subordination de la femme dans le but de susciter une attitude de contestation » . On y lit également que « parmi les valeurs fondamentales qui sont rattachées à la vie concrète de la femme, il y a ce qui est appelé sa « capacité de l’autre ». La femme garde l’intuition profonde que le meilleur de sa vie est fait d’activités ordonnées à l’éveil de l’autre, à sa croissance, à sa protection, malgré le fait qu’un certain discours féministe revendique les exigences « pour elle-même ». Il semble bien que ce soit là que le bât blesse, cette prétention des femmes de définir leurs choix dans les sphères familiales, économiques, politiques et, ce faisant, bousculant et remettant en question des rapports sociaux inégalitaires et des siècles de traditions et d’habitudes.

Rappelons simplement que le féminisme est un mouvement social qui s’est donné pour objectif de changer les rapports qui créent les inégalités entre les hommes et les femmes. Le féminisme est un mouvement dynamique, diversifié et multiple. Il est, en soi, un mouvement contestataire mais, entendons-nous bien, il conteste des systèmes, des idéologies et des injustices et les avancées dont bénéficient les femmes profitent incontestablement à l’ensemble de la société ( services de garde, congés parentaux, accès à l’égalité, planning familial, éducation, etc.). Des voix se font de plus en plus entendre pour affirmer que les femmes devraient cesser leurs revendications, que tout est réglé puisque nous avons, au Québec du moins, des lois, des chartes et même « trop » de droits ! Comment se fait-il alors que tous ces droits, ces lois et avantages « innés ou acquis » n’ont pas fait disparaître comme par magie les multiples formes de violence dont sont victimes les femmes et notamment la violence conjugale. En 2000, au Québec, plus de 10 000 femmes et près de 7 000 enfants ont séjourné dans une centaine de maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence. En 2003-2004, 35 maisons membres de la Fédération ont accueilli près de 4 000 femmes et plus de 2 000 enfants. Quel genre de féminisme doit interpeller l’ensemble de la société sur cette question ? N’y a-t-il pas lieu de contester les causes profondes de la violence au sein de la famille et dans la société et d’offrir sécurité et protection aux victimes ? Demande-t-on aux syndicats d’arrêter de contester des situations jugées inéquitables, injustes ?

Lorsqu’on fait état, dans la « Lettre aux évêques » de la « capacité de l’autre » comme étant une valeur innée fondamentale attribuée à la femme, on ajoute « C’est elle enfin qui, même dans les situations les plus désespérées – et l’histoire passée et présente en témoigne -, confère une capacité unique de faire face à l’adversité, de rendre la vie encore possible même dans des situations extrêmes, de conserver avec obstination un sens de l’avenir et enfin de rappeler, à travers les larmes, le prix de toute vie humaine. » Pour qui connaît bien la dynamique de la violence conjugale et les facteurs qui incitent une femme à demeurer avec un conjoint violent, nul doute que cette « capacité de l’autre » est présente mais qu’elle tend également à maintenir le statu quo et peut grandement compromettre la sécurité des victimes.

La philosophie des membres de la Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec s’inscrit dans une vision féministe de la société basée sur les valeurs suivantes : l’égalité des droits, la justice, la solidarité, le partage et la démocratie.

L’approche féministe est à la fois connue et méconnue, elle n’est pas orientée contre quelqu’un ( l’homme ou les hommes) mais vers quelqu’un (la femme ou les femmes) et s’applique à redonner du pouvoir aux femmes, en commençant par le pouvoir sur leur propre vie et ensuite du pouvoir dans leur collectivité. Les maisons d’hébergement ne travaillent pas en vase clos bien que leur adresse soit confidentielle afin d’assurer sécurité et protection pour les femmes et les enfants ; elles initient ou s’associent à des recherches, siègent sur des Tables de concertation, établissent des protocoles d’ententes avec les services de police, les CLSC et aussi avec des organismes offrant des services aux conjoints violents. Les intervenantes des maisons d’hébergement sont des femmes engagées, motivées qui accompagnent les femmes victimes de violence à leur rythme et à leur convenance, ce sont des femmes de cœur, de passion et d’action.

La « lettre aux évêques » ne peut nous surprendre lorsqu’on connaît les positions institutionnelles de l’Église sur plusieurs questions relatives aux femmes. Cependant, elle mérite d’être analysée et commentée et de se tailler une place parmi tous les discours de la dernière décennie qui tendent à discréditer le mouvement féministe et donc, ses acquis.

Marie-Hélène Blanc
Fédération de ressources d’hébergement pour femmes
Violentées et en difficulté du Québec
www.fede.qc.ca

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