|
vendredi 22 juillet 2011 "Les vrais hommes ne paient pas pour ça" - Entrevue avec Florence Montreynaud par le site Égalité
Tous les hommes ne sont pas clients de la prostitution ! Féministe, historienne, Florence Montreynaud a eu l’idée, pour le moins originale, de s’intéresser à ceux que l’on n’entend jamais et qui ne se plient pas à cette injonction à la virilité. Au terme d’une centaine d’entretiens, elle nous livre ses premières conclusions… Pourquoi cet intérêt pour les hommes qui ne sont pas clients des prostituées ? Florence Montreynaud : Parce qu’ils sont la majorité des hommes ! Contrairement à ce qu’on croit, car c’est une opinion ancrée en nous par le machisme ambiant, ceux qu’on appelle des « clients », et qui paient régulièrement pour un acte sexuel, sont une minorité, inférieure à 10 % ! Plutôt que les appeler « clients », terme qui en font de simples agents économiques concluant une transaction banale, autrement dit ce qui occulte la violence du système, je préfère les appeler des « prostitueurs ». Certains ont beau répéter que « tous les hommes vont aux putes », que c’est « normal », que cela fait partie de la « virilité », ils ne parlent que d’eux, et sans doute plaident-ils pour eux. J’ai voulu écouter les autres, ceux dont on ignore l’existence, parce qu’on ne les entend nulle part, parce qu’ils n’en parlent pas, parce que personne ne les a jamais interrogés. J’ai donc choisi d’explorer un champ de connaissance jamais étudié, celui des hommes qui refusent de payer pour un acte de prostitution. Pour eux, virilité ne se conjugue pas avec prostitution. Depuis longtemps, je m’étonnais qu’on mette l’accent sur les prostitueurs sans se référer à l’ensemble des hommes et notamment à ceux qui désapprouvent ce comportement : il me semble important d’établir un parallèle entre ces deux catégories d’hommes. Je me suis lancée dans cette recherche, intriguée par les questions suivantes : pourquoi des hommes refusent-ils de céder à l’injonction machiste d’ « aller aux putes » ? Sur quelles valeurs se fonde leur résistance ? Comment se sont construites leur image d’eux-mêmes, leur idée de la sexualité, leur conception de la prostitution ? Comment avez-vous procédé pour dénicher ces hommes-là ? FL : D’abord en demandant autour de moi, à des amis d’amis, à des relations éloignées, de témoigner sur ce sujet que personne n’a jamais étudié. Je sollicite aussi des inconnus que je rencontre dans un train, ou qui m’écrivent après avoir lu l’un de mes textes ou m’avoir entendue à la radio. Je leur demande de signer le manifeste du réseau Encore féministes ! http://encorefeministes.free.fr/actions/action20amour.php3 , et leur propose un entretien pour qu’ils s’expliquent sur leurs motivations, leur formation, le cheminement qui les a conduits à refuser la prostitution. Depuis huit ans, j’ai ainsi rencontré — chaque fois pour un entretien de plusieurs heures — une centaine d’hommes, d’âges et de milieux divers, qui ont en commun un refus conscient et argumenté d’avoir recours à la prostitution. Pour moi, ils sont des résistants ; des résistants à l’ordre prostitutionnel, au diktat de la marchandisation du corps humain. Leurs raisons peuvent être personnelles ou politiques, centrées sur eux-mêmes ou sur autrui. Elles sont souvent enracinées dans la personnalité profonde de ces hommes ; pour qu’ils les expriment, il faut du temps, de la réflexion et de la confiance. Je suis sûre que ce qu’ils ont à dire peut être utile pour construire des stratégies de prévention en direction des jeunes garçons. – Lire la suite sur le site Égalité. Publié le 21 juillet 2011 par Égalité Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
DE CETTE RUBRIQUE lundi 7 décembre Le Prix PDF Québec 2020 est décerné à JANETTE BERTRAND vendredi 3 avril "Pour un feminisme universel" de Martine Storti lundi 18 mars Des livres en solde aux éditions Sisyphe jeudi 7 mars Le 8 mars : une occasion de rappeler le droit des femmes à vivre en sécurité - Action ontarienne contre la violence faite aux femmes jeudi 7 mars Plus de 10 000 demandes d’hébergement refusées chaque année : cri d’alarme des maisons pour ne plus dire "NON" ! mardi 5 mars PDF Québec - Les fées ont toujours soif ! mercredi 28 novembre De la couleur contre la douleur : Un appel politique pour la fin des violences envers les femmes samedi 24 novembre Fédération des maisons d’hébergement pour femmes - 12 jours d’action : les femmes violentées manquent de services au Québec ! mercredi 31 octobre La CLES - Réaction aux prises de position de la FFQ sur la prostitution lundi 8 octobre Brigitte Paquette, "La déferlante #MoiAussi. Quand la honte change de camp" |
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Page d'accueil |Admin |