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mardi 24 mai 2005 Visites guidées sur la prostitution dans le quartier Centre-Sud par le Théâtre des Amériques
par Paul Boyer On banalise à tel point la prostitution qu’on a droit actuellement, sur la rue Ontario à Montréal, à un théâtre ambulatoire sur la prostitution du quartier Centre-Sud, sous la direction du Festival de Théâtre des Amériques. Triste et pauvre démonstration de ce qui se passe supposément. La grosse misère. Le quartier est maintenant encore plus étiqueté par la pire forme d’abus des femmes de la rue... drogue et misère. Le tout sous le chapeau du Théâtre des Amériques, avec une subvention d’Ottawa et l’assentiment de l’arrondissement Ville-Marie. C’est à n’y rien comprendre. Voici une lettre adressée par un citoyen au maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, suivie d’une autre lettre adressée par le même à la Directrice générale du Festival de Théâtre des Amériques, Madame Marie-Hélène Falcon. Lettre au maire de Montréal M. Gérald Tremblay Objet : Festival du Théâtre des Amériques (visite du quartier Centre-Sud) Monsieur le Maire, On vient de porter à mon attention un élément de la programmation du Festival des Amériques qui est des plus disgracieux. Ce spectacle, intitulé « Je ne sais pas si vous êtes comme moi, Parcours dans le quartier Centre-Sud », invite les participants à une visite guidée du quartier afin de [voir] que la rue est un théâtre et que le monde des "travailleuses du sexe" du quartier Centre-Sud égale en trouble et en malaise les fictions les plus dérangeantes. En effet, les fictions les plus dérangeantes n’égalent pas en trouble et en malaise ce spectacle réalité. En guise de publicité, la programmation affirme que « quand tu sais regarder les hommes au volant, tu vois bien le désir du chasseur prêt à saisir sa proie ». Ce spectacle est regrettable pour plusieurs raisons : 1) Il ne respecte pas la dignité des personnes concernées. Plutôt, les « travailleuses du sexe » seront mises en cage et observées, sans leur consentement. La première étape en vue de sensibiliser le public à la problématique liée à l’exploitation sexuelle est de leur enseigner, par nos actions communes, le respect des droits humains fondamentaux, dont le droit à l’égalité, à la liberté et à la sécurité de la personne, à une égale protection de la loi et le droit à ne pas subir de discrimination sous aucune forme (Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Nations Unies). L’initiative du Festival va à l’encontre de ces droits humains les plus fondamentaux, en particulier celui de la liberté, ou du consentement libre et éclairé. Cela banalise la prostitution, plutot que d’offrir des solutions, et ne fait donc que contribuer à l’exploitation sexuelle des femmes. Que ce soit au nom de l’art ou de quelque autre raison que ce soit, le non-respect des droits humains demeure inacceptable. 2) Il fait une publicité négative au quartier Centre-Sud et renforce la définition du quartier comme un quartier de prostitution. Pourtant, dans ce quartier, des hommes, femmes et enfants s’établissent, vivent et s’y épanouissent. Ils s’approprient les parcs et les aires publiques, et composent bon gré mal gré avec les difficultés de ce quartier. La description, qui invite les participants à « regarder les hommes au volant », fait de tous les hommes au volant, et par le fait même de toutes les femmes circulant librement dans leur milieu de vie, des chasseurs et des proies potentiels. Pourtant, ces chasseurs et proies représentent une bien petite minorité des gens circulant dans ce quartier, la plupart n’étant que des résidants et des citoyens vaquant à leurs occupations. L’initiative du Festival donne aux résidants du quartier, malgré eux et sans leur consentement, une place de choix en tant qu’acteurs dans ce spectacle voyeur. En tant que maire, je crois fermement qu’il est de votre devoir d’évaluer la portée de ce spectacle, aussi bien sur les « travailleuses du sexe » que sur les résidants du quartier. L’amélioration de la qualité de vie à Montréal et la revitalisation du quartier Sainte-Marie passent par le respect des droits de tous les citoyen-nes et l’intervention dans les cas où le respect de ces droits est menacé. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs. Paul Boyer, résidant de l’arrondissement Centre-Sud À Madame Marie-Hélène Falcon, Directrice générale du Festival de Théâtre des Amériques Madame Marie-Hélène Falcon Je ne sais pas si ....vous savez ce que comprend ce supposé théâtre ambulatoire dans le quartier Centre-Sud. On y montre une bien triste réalité, le plus sale du sale que la société essaie de changer. Vous venez réduire les efforts des résidants qui espèrent que les femmes pourront se promener sur la rue sans devoir confronter les clients en quête d’une proie facile, vulnérable, victime... Vous participez à la stigmatisation d’un quartier en faisant la promotion de la prostitution de fond de cour, qui montre des capotes, des seringues, une maison de passe pourrie et une pauvre fille en manque de drogue. Essayez s’il vous plait de nous aider à construire une meilleure société. Respectez-nous et pensez aux impacts de ce genre de manifestation qui ne sert personne sauf les vieux cochons qui veulent une pipe à $20 -, et les communautaires qui se disent à la défense des prostituées de rue mais qui ne veulent surtout pas les en sortir, et qui finalement abusent d’elles aussi... Vous devriez revoir les impacts de cette présentation, faites le bilan du pour et du contre, vous comprendrez j’espère l’erreur que vous commettez. J’aimerais bien connaître les raisons qui vous ont fait incorporer ce regard de « La cellule Lumière Rouge » à votre programmation. Je trouve cela tellement loin de l’image que le Festival de Théâtre des Amériques présente. Paul Boyer Mis en ligne sur Sisyphe, le 24 mai 2005. Lire également – Narco-prostitution de rue et vie de quartier, par l’ARRFM Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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