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janvier 2006


Élection Canada 2006
Pour en finir avec la « politicouillerie » : plaidoyer pour une loi sur la parité

par Isabelle N. Miron






Écrits d'Élaine Audet



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Ca y est ! Le chiffre est lancé, afin que tout le monde s’en désole : sur les 1634 candidats aux élections fédérales, il n’y a que 380 femmes. Stupeur ! Consternation !Comme s’il y avait de quoi s’étonner, alors que le nombre de femmes en politique, dans la plupart des pays industrialisés, stagne à près d’un quart d’élues depuis 30 ans. Où sont les enjeux des femmes dans les débats ? Difficile de demander à une bande de cravates de parler de droit à l’avortement, de violence faite aux femmes, de pauvreté des mères monoparentales...

Certains accusent les partis politiques, qui ne font pas assez d’efforts pour recruter des candidates, d’autres les femmes elles-mêmes, qui ont peur de se lancer dans l’arène. Comment les blâmer ? Les partis politiques ne songent qu’à une seule chose : gagner. S’il n’y a pas de candidate suffisamment glamour, connue, rassembleuse, dans un comté donné, ils ne l’encourageront pas. Or, les femmes ne s’illustrent pas souvent comme des meneuses, au sens politique du terme, dans leurs communautés : elles tiennent le milieu communautaire à bout de bras, mais ça, ce n’est pas glamour... Elles viennent plus souvent du milieu social que du milieu des affaires, et on sait qu’un bon candidat, c’est aussi quelqu’un qui peut remplir les coffres à coup de tournois de golf !

Quant aux femmes, si elles refusent de se présenter, peut-on vraiment leur lancer la pierre ? Quand on voit les élogieuses épithètes que leur servent les médias : Bélinda la « pute », Carole la « pleureuse », Pauline la « bourgeoise »... Amusant quand même, que les membres du PQ ait refusé leur vote à une femme compétente sous prétexte qu’elle portait des foulards de soie, au profit d’un dandy habillé en complet Dubuc... Quelle femme veut renoncer à voir grandir ses enfants pour une carrière aussi ingrate ? Une carrière qui la placera sous les feux de la rampe, où elle sera jugée plus sévèrement sur les faux pas de sa vie personnelle et sur sa garde-robe que sur ses compétences professionnelles ?

Si l’on veut changer tout cela, il faut frapper fort. Les méthodes douces et suggestives sont un échec : il faut dorénavant penser à une loi sur la parité, à instaurer des quotas. Les pays qui s’approchent d’une représentation quasi égalitaire n’y sont pas arrivés avec la pensée magique. Il faut obliger les partis à présenter un nombre honorable de candidates, et pas seulement dans les comtés-suicides, où elles seraient encore les « potiches ». Ainsi obligés, les partis se feront peut-être plus convaincants qu’ils ne le sont actuellement pour recruter, en offrant des formations aux candidates, par exemple, pour rassurer les femmes qui pensent ne pas avoir les compétences (certains politiciens devraient se poser plus souvent la question). Parler en public, débattre d’une loi, gérer les journalistes, ce sont des choses qui s’apprennent. Il y a des tonnes de femmes partout au pays qui ont tout ce qu’il faut pour faire de bonnes députées, ou à tout le moins de bonnes candidates, il suffit qu’elles soient soutenues. À part l’École d’Été du groupe Femmes, Politique et Démocratie, à Québec, il n’existe pas beaucoup de formations qui leur soient destinées.

Évidemment, les quotas, la discrimination positive, cela en fera hurler plus d’un. Il faut cependant adopter des mesures drastiques si on veut changer les mentalités machos des partis politiques : quand les femmes formeront leur juste moitié des gouvernements, alors nous pourrons laisser tomber cette loi devenue désuète et parler d’autre chose. Parler... de représentation des minorités culturelles ?

Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 janvier 2006



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Isabelle N. Miron


L’auteure est chercheuse, diplômée en Études féministes et poursuit des études de maîtrise en sciences politiques.



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