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dimanche 8 juin 2008 La virginité, "une qualité essentielle de la personne" ? Des groupes
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Nous, féministes, militantes associatives, nous exprimons notre indignation face à la décision du tribunal de Lille d’annuler un mariage au prétexte que l’épouse n’était pas vierge. L’avocat de l’époux donne des précisions : selon lui « il y avait un vice dès le départ », en somme une erreur sur la marchandise ! Se basant sur l’article 180 du code civil qui stipule : « s’il y a eu erreur sur la personne, ou sur des qualités essentielles de la personne », l’autre époux peut demander la nullité du mariage ; un juge de la République française a donc décidé qu’être vierge pour une femme est « une qualité essentielle de la personne ». Si cette décision était maintenue, il y aurait une remise en cause inacceptable du principe constitutionnel d’égalité entre hommes et femmes, puisque seules les femmes seraient assujetties à cette exigence de « pureté virginale ». Imagine-t-on une femme demandant l’annulation de son mariage parce que son mari n’était pas vierge ? Les juges de Lille ont pris une décision lourde de menaces pour toutes les femmes. En s’arrogeant le droit de définir la virginité comme une qualité de la personne, ils entrent dans l’intimité des femmes, bafouent leur droit à disposer de leur corps, portent atteinte à leur dignité. La justice a pour mission de défendre l’égalité des droits et de punir les responsables de discriminations. Les juges de Lille ont tourné le dos à cette mission. Par leur décision, ils consacrent un archaïsme insupportable et entérinent le principe de domination masculine, qui se concrétise en particulier, on le sait, par la volonté de contrôler le corps des femmes. Nous ne savons pas ce qui, dans leur décision, relève de leurs propres idées conservatrices et ce qui relève d’une appréciation ethnicisée à partir de l’origine des personnes mais l’interprétation ainsi qu’ils font de la loi constitue un signal fort en direction de ceux qui seraient tentés par une justice communautaire. Personne ne doit ignorer le risque que présente cette novation judiciaire monstrueuse de voir les réactionnaires de tous poils s’engouffrer dans la brèche ouverte dans l’espoir d’instaurer « l’ordre moral ». Est-ce un hasard si ce genre de jugement intervient dans une période où des coups de butoir sont portés régulièrement contre l’esprit de mai 68, de ses débats de ses acquis et de l’après 68 avec en particulier les mobilisations de femmes pour leurs droits ? Les femmes se battent depuis des décennies pour leurs libertés et leur dignité. Elles sauront être vigilantes. Premières signataires : Fériel Bouabida (artiste), Nadia Chaabane (Ass de Tunisiens en France), Jeanine Le Roux (Pluri-elles Algérie) Sanhadja Akrouf (Pluri-elles Algérie), Feriel Lalami (Association pour l’Egalité, APEL), Brigitte Allal (le manifeste des liberté), Rébéha Chougui, Nicole Savey, Claude Charon (membre du collectif féministe contre le viol), Samia Messaoudi (journaliste), Claudie Lesselier,... Transmis par Nadia Chaabane, Association de Tunisiens en France, couuriel. Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 juin 2008 |