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samedi 2 janvier 2016 Iran - Le dernier jour où les femmes ont pu se promener tête nue
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J’ai commencé à prendre des photos en 1972. À ce moment-là, il n’y avait que quatre ou cinq femmes photographes en Iran. Le métier de photographe était considéré comme une chose étrange pour des femmes. Quand je disais que ma profession était « photographe », mes amis et la famille riaient. « La photographie est un hobby », disaient-ils. Pour eux, les photographes travaillaient pour des mariages et des sites touristiques. Des femmes iraniennes protestent contre la loi du hijab de 1979. La photo (voir ci-dessus) a été prise le 8 mars 1979, le lendemain de l’adoption de la loi du hijab qui décrétait que les femmes en Iran devaient porter un foulard hors de chez elles. Beaucoup de gens à Téhéran ont fait la grève et sont descendus dans la rue. C’était une très grande manifestation regroupant des femmes – et des hommes – de toutes les professions, des étudiants, des étudiantes, des médecins, des avocats. Nous luttions pour la liberté : politique et religieuse, mais aussi individuelle. J’ai pris cette photo au début de la manifestation. Je marchais à côté d’un groupe de femmes qui parlaient et plaisantaient. Toutes étaient heureuses que je les photographie. Vous pouvez voir à leur visage qu’elles se sentaient joyeuses et puissantes. La révolution iranienne nous avait appris que, si nous voulions quelque chose, il fallait descendre dans la rue et le réclamer. Les gens étaient si heureux ; je me souviens d’un groupe d’infirmières arrêtant certains hommes dans une voiture et leur disant : « Nous voulons l’égalité, alors mettez aussi un foulard ! » Tout le monde riait. Je voulais rejoindre toutes les manifestations pendant la révolution, mais je savais que je devais le faire comme photographe. Ma première pensée fut : « C’est ma responsabilité d’informer sur cet événement. » Je suis plutôt petite, je me faufilais donc dans la foule et hors de la foule, prenant constamment des photos. J’ai pris près de 20 rouleaux de films. À la fin de la journée, j’ai couru à la maison les développer dans ma chambre noire. Je savais que j’avais été témoin d’un événement historique. J’étais si fière de toutes les femmes. Je voulais montrer ce que nous avions de meilleur. Ce fut le dernier jour où des femmes ont marché tête nue dans les rues de Téhéran. Ce fut notre première déception à l’endroit des nouveaux dirigeants de l’Iran post-révolution. Nous n’avions pas obtenu le résultat escompté. Mais quand je regarde cette photo, je ne vois pas seulement le poids du hijab. Je vois les femmes, la solidarité, la joie – et la force que nous ressentions. J’ai offert mes photos aux journaux, mais aucun n’en a voulu. Toutefois, en 2010, il y a eu un festival de femmes en Syrie, et j’y ai apporté mes photos. J’ai reçu une réponse chaleureuse de ces femmes, tant les musulmanes que les chrétiennes. Elles voyaient la vie réelle des femmes iraniennes pour la première fois. Une étudiante en photographie prend leur action comme sujet de doctorat, cela a donc été très gratifiant. Je reçois une réponse étrange de jeunes Iraniens et Iraniennes, les générations qui n’ont jamais vu des femmes sans hijab dans les rues. Leur monde est très différent. Certain-e-s ne savent même pas que ces manifestations ont eu lieu. Après la révolution, des centaines de bonnes photographes ont émergé en Iran. Mais quand j’ai voulu "couvrir" la guerre Iran-Irak, dans les années 1980, les autorités m’en ont empêchée. « Rien que des hommes sur la ligne de front », ont-ils dit. Aujourd’hui, je me suis liée d’amitié avec une étudiante iranienne qui a été autorisée à se rendre en Afghanistan pour prendre des photos de la guerre là-bas. Je lui dis toujours qu’elle est en train de vivre mon rêve. Notes biographiques Née à Téhéran en 1952, la photographe Hengameh Golestan a étudié à Hastings, Angleterre, quand elle avait 18 ans. Son apprentissage de photographe s’est poursuivi auprès de son mari, Kaveh Golestan, photographe pour les médias. Elle dit avoir été influencée par Mary Ellen Mark et par Diane Arbus. Moment important : « Être à Téhéran au moment de la révolution. » Moment faible : « Quand j’ai eu mon fils, il était plus difficile pour moi de voyager. » De premier ordre : « Construire une relation avec son sujet. La compassion est importante ». – Publlication originale dans The Guardian, le 3 septembre 2015 sous le titre "Hengameh Golestan’s best photograph : Iranian women rebel against the 1979 hijab law". Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 novembre 2015 |
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