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jeudi 20 octobre 2005


Bagdam Espace lesbien
Tout sur l’amour
5e Colloque international d’études lesbiennes

par Brigitte Boucheron et Jacqueline Julien






Écrits d'Élaine Audet



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C’est avec une connotation résolument ironique, dans son ambition même, que nous abordons en ces termes du " TOUT sur ", le 5e des colloques internationaux d’études lesbiennes de Toulouse. Ainsi qu’à chaque rencontre depuis l’année 2000, sur une durée de trois jours, il s’agit pour Bagdam de composer un plateau a-institutionnel, et pour cela captivant et débridé : fruits de nos recherches, fines fleurs de nos productions (réparties par domaines ou cultures), et sel de nos expériences (enrichies d’utopie, non pour demain mais pour un déjà-là).

Sans oublier - comment l’oublier ? - le champ ouvert par notre intraitable défrichage, non pas seulement en tant que victimes mais en tant qu’accusatrices et juges de l’intolérable.

1. De la construction hétérosociale de l’amour

Un DE L’AMOUR à problématiser d’un point de vue lesbien, à inventorier EN lesbiennes : avec, d’une part, les ingrédients constitutifs de l’asujettissement du " sexe " femme via l’idée de l’amour ; d’autre part, ses répercutions ou reconductions dans nos imaginaires " femme " formatés par l’attente passive de l’amour romantique.

De ce dernier, Toni Morrison a pu dire (qu’il est) " l’une des idées les plus destructrices de la pensée humaine " ! Destructrice assurément pour les sexisées femmes. Quant à croire que nous lesbiennes pouvons disposer sans discussion de nos sentiments dans une culture idéologisée par la loi du couple, cette " machine binaire ", il y faut pour cela un aveuglement que nous tenterons à la fois d’expliciter et de désactiver. Nous le disons chaque fois, mais partir d’un constat consternant ne nous rend que plus acharnées à démolir ce qui nous démolit.

Certes, l’égarement de l’attente du Jour-où-ma-princesse-viendra est un " douloureux problème ".
Mais entre le confinement du cocooning et l’ostentation du tout cul, entre le mimétisme hétérosocial et l’homologation dans la culture gay, quelles images attirantes les lesbiennes peuvent-elles donner d’elles-mêmes ? Qu’ont vécu et que veulent les ainées grandies " à l’ombre " du féminisme, que certaines plus jeunes, socialisées par les gays, rejettent radicalement ? Quelle culture révolutionnaire de l’amour et du désir pouvons-nous reconnaître comme lesbienne donc défendre et propager ? En somme quel pourrait être aujourd’hui, pour demain, l’imaginaire lesbien de l’amour ?

2. De l’amour lesbien : une utopie pour tout de suite

En réalité le vrai problème est le confinement où se trouvent marginalisées, encore et toujours, nos œuvres et nos vies. Œuvres et vies où s’édifie peut-être déjà DE L’AMOUR d’in-dividue - au sens que lui donne Michèle Causse de NON " divisée ", non appartenante au Diviseur et Sexeur (Contre le sexage, Balland, 2001) -, où s’épanouit une aimance comme construction volontaire, et où le désir comme exaltation de liberté est la farouche antithèse de l’infirmité idéalisée de l’invalide qui " tombe "… qui tombe dans le falling in love. (Question : s’en relève-t-on ?)

Cela étant, à la manière dont le rappellait Sharon Marcus (in " Quelques problèmes de l’histoire lesbienne ", Études gaies et lesbiennes, éd. Centre Pompidou, 1997), nous élargirons le sens et le goût du mot " problème ". Nous ne le laisserons pas seul avec ses synonymes d’obstacle ou de difficulté insurmontables. Ni ne lui demanderons " une réponse définitive, dissolvant la question initiale " (…) Le problema dans sa grecque origine signifiant " chose jetée en avant, objet en mouvement qui, par conséquent, est en évolution continue ".

Il faudra donc aussi aborder l’amour par l’histoire, et ce qui relèverait, dans l’histoire, de l’amour lesbien. Ce n’est pas là seulement " devoir de mémoire ", comme il sied d’en appeler aujourd’hui à tout bout de champ (et où l’on s’aperçoit que ce soudain devoir, d’ailleurs toujours remis en retard, est le vouloir d’un (ex ?)oppresseur qui a quelque chose à se reprocher !).
L’histoire VUE par nous donc, (ex ?) opprimées, n’est nullement un devoir mais un vouloir, dans le sens d’intention politique, laquelle exige énormément de rigueur. Cette dernière n’exclut pas le regard d’amour pour toutes nos " histoires d’amour ". Car l’écriture lesbienne d’une Histoire lesbienne nous permet de penser et de projeter une problématique qui nous est universelle. L’histoire travaille toujours pour l’avenir. C’est dans ce sens que " TOUT sur ", aussi souriant mégalo puisse-t-il paraître, est le seul qui soit vraiment accordé à notre dessein d’éclaircissement : sur le passé, au présent, et pour demain. Alors à très bientôt.

Brigitte Boucheron et Jacqueline Julien
Bagdam Espace lesbien, Toulouse, mai 2005 >>>>>>

Appel à contributions

Nous faisons appel aux contributions des scripteuses de réel ou d’utopie, des décrypteuses de faits et gestes, des productrices d’imaginaire ou de désir et de formes inédites dans les deux principaux champs d’investigation autour desquels se développeront les trois journées du colloque de 2006.

Caractéristiques : article de 20 000 signes maximum, notes et bibliographie comprises. Envoi d’un résumé en français et/ou en anglais et d’une notice biographique (10-15 lignes) avec adresse complète. Si possible, une lettre présentant le travail en cours ou un extrait de l’article proposé.

Format Word, sans mise en page fantaisiste. Seules : indications claires des sous-titres (au moyen du gras). Pas de mots soulignés mais en ital. (+ ital = titres d’ouvrages ou de revues).

Renseignements et envoi : courriel

Ou par courrier : Bagdam Espace lesbien - 1, rue de la Fonderie - 31000 Toulouse - France

Date limite de proposition de communication : 15 nov. 2005.

Une réponse vous sera donnée par mail avant le 15 déc. 2005. Si votre communication est accepée, votre article complet devra nous parvenir avant le Ier mars 2006.

Le préprogramme sera publié sur site fin décembre 2005 et envoyé aux adhérentes (SVP adhérez ! 30 euros, merci, urgent ! Chèque à l’adresse de Bagdam ci-dessus).

Les communications retenues seront publiées dans la revue de actes du colloque, Espace lesbien, n° 5, Bagdam Espace édition, dans le courant de l’année 2006.

Voyage + logement (3 nuits) pris en charge par Bagdam.

Un défraiement quotidien pourra être décidé "au cas par cas" des besoins réels et pour celles venues de TRÈS loin. Nous vous rappelons que l’association Bagdam est essentiellement autofinancée (adhésions, vente des Actes et des entrées au colloque) et ne reçoit pour l’instant qu’une minuscule part de subventions institutionnelles (1 000 euros en 2004 du Secrétariat régional au Droit des Femmes). Re-SVP ADHÉREZ ! Mieux : devenez mécènes… Non ?

Ci-après, quelques thèmes (non exhaustifs) de communications ou de travaux en ateliers que nous souhaiterions voir abordés. Leur nombre est supérieur à ce qui pourra être raisonnablement retenu et traité en 3 jours.

Ces titres ne sont qu’indicatifs, moteurs d’inspiration.

1. Cet ennemi qui vous veut du bien :
La construction hétérosociale de l’amour

Tomber (amoureuse)/tomber une fille : la rhétorique du piège amoureux (langage, image, représentations…)

Ô lac, ô désespoir : l’amour romantique, la romance et l’érotisation de la soumission

Un beau mariage : de l’échange des femmes à gay-gay marions-nous (et sociologie de la robe blanche…)

Où sont… tous mes amants ? : la chanson réaliste (française) comme modélisation de l’anéantissement*

La mise au pas sur grand écran : garces, divines, trainées, trans, matées par l’amour.

Du cinéma-de-papa à Almodovar (on pourrait traiter aussi, sur une période plus courte, le seul cas français : " de Blier père à Blier fils " … (Un colloque entier ne suffirait pas à épuiser les analyses de l’imagerie de l’amoureuse vaincue - rompue - au cinéma, en particulier années 30-50.)

NB : *Le thème de l’idéalisation de la soumission à l’Autre (cf. N.-C. Mathieu, L’Arraisonnement des femmes, EHESS, 1985), de l’abandon au sentiment " amoureux " et ses fins tragiques ou trétrétristes pourra être abordé au travers d’autres cultures dites populaires (pour la musique : soap opera, fado portugais, chanson napolitaine, etc.) ou supports livresques (policiers, " romans de gare ", grandes sagas) et d’autres médias (séries TV, BD, mangas…). Côté imagerie lesbienne à la télé il sera intéressant d’aborder ce qui change (?) avec la série " L World " qui semble devenir culte (Pink TV, Canal+).

Résistances et objections de conscience (XIXe-XXIe s.)

Les échappées belles : la " vieille fille ", la garçonne et la single

Tout sauf l’amour ? crossdressers, béguines, brancardières…

A quatre mains : les duos d’amies dans la littérature (ou plus spécifiquement dans la correspondance…)

Le même thème peut être abordé dans la peinture.

Années 20-30 : les lesbiennes de la fronde - L’axe Paris-Londres-Berlin

NB : Avis aux historiennes, critiques littéraires… Merci pour leurs suggestions méticuleuses, aguerries.

2. De l’amour
(lesbien)

Ruptures et catastrophes chez les lesbiennes

Années 50 : romans roses pour années noires : les couples lesbiens en Grande-Bretagne, Canada, États-Unis*

Petites histoires et grands trémolos : souvenirs du " ghetto lesbien " (underground** avant visibilité politique)

C’était ma maîtresse (d’école) : profs et élèves amoureuses (pygmaliones, platoniques… toutes tragiques)
Je suis toute à toi / T’es rien qu’à moi : anthropologie du couple et de sa rupture

Fais-moi mal : amour trash et conduites à risques - alcool, drogue, maltraitances du corps… et bleus à l’âme

Polyfidèles, polyinfidèles : polysémie de la confusion des genres

NB : Balayer devant se porte est sain. Mais SVP ne pas rester plantée des plombes avec son balai crochugne. Aucun masochisme par trop flagellateur ne sera retenu. Sauf à nous en faire rire. Ironie, colère bienvenues. N’oublions jamais qu’une lesbienne, même sous influence (et qui ne l’est pas ?) n’est PAS l’Ennemi principal.

 *pays anglophones avec floraison exceptionnelle et connue de romans populaires lesbiens. Toutefois les sujets de ce chapitre " castastrophes " peuvent s’étendre au souvenir et à la description d’autres réalités dans d’autres pays non européens.

 ** La vie " underground " est hélas encore le lot des lesbiennes dans de nombreux pays et zones EN Europe et HORS Europe. Les fondamentalismes religieux fascistes (pléonasme) orchestrent une machinerie surpuissante agissant derrière toutes les portes. Aux lesbiennes de Pologne ou de Chine, du Maghreb ou d’Israel… À nous de leur donner des forces en nous en donnant à les écouter et à les faire connaître.

Brouillon pour une utopie des amantes

Un amour de quel genre ? Le démantèlement mental de l’idée d’amour-romantique

Chez Wittig : le brouillon pour une utopie dans le déjà-là des amantes

Pour une nouvelle grammaire du discours amoureux
SANS dessus dessous : transformer durablement nos représentations de l’amour, du désir…

Le grand chantier du soi lesbien : à partir du renversement par le féminisme de la notion de " privé ", la mise en vue et " au grand jour " des pratiques lesbiennes (à aborder au choix sous l’angle de l’intime, du langage, du symbolique…)

NB : Déconstruction du romanesque, humour de nos nouvelles images, passion de l’utopie seront les réseaux conducteurs de ces communications… Travail sur le langage, le politique, l’image, l’imaginaire, la jouissance… l’in-dividuelle jouissance lesbienne.

Ces œuvres qui nous ont révélées

NB : Le choix est large mais étroit, c’est-à-dire ciblé puisqu’il sera traité du point de vue de l’" épiphanie " : CETTE œuvre avant ou plus que tout autre m’a montré QUI je suis. Littéraire, philosophique, plastique…

Il s’agit du travail d’élaboration de l’image de soi et de notre " position " amoureuse grâce à la transmission d’une œuvre.

Ces expériences qui nous ont construites

NB : C’est le domaine le plus ouvert des interventions, pouvant éventuellement être rassemblées en ateliers. C’est ici que se situent aussi les communications et témoignages souhaités d’intervenantes de continents NON occidentaux. L’équipe lance un appel plein d’espoir aux lesbiennes qui nous liront et nous contacteront via Internet : Afrique, Caraïbes, Japon et pays d’Asie et d’Indonésie, pays du Maghreb, Mexique et Amérique du Sud, Océanie, Russie… Et quid des relations d’amour entre migrantes, ou mixtes ? (What ? demande celle qui n’avait pas pensé à cet autre " douloureux problème " !)

Il peut y avoir aussi des ateliers très animés sur les codes et fétiches d’une culture toujours en mouvement (ici surtout blanche occidentale) : - " Ensemble respirons le grand air des cimes " (la sublimation par la randonnée) ; - " Grand toutou musclé cherche chatte, ou hamster à la rigueur " (l’objet d’amour animal transactionnel, portrait de couple avec chien, etc.) ; - " Moi dike en nike " (la bite ne fait pas la dike, mais pour certaines paraît-il que ça aide >> à la recherche du genre perdu) ; ou bien : même titre mais traité côté muscu, taille 38, folle de son corps et accro des logos - et la taille 48 elle fait quoi ?) ; " Mon héritière, mon amour " (notre mort, notre succession testamentaire : QUI va nous représenter ?) Et y a-t-il plus cruciale question ?

Ces images qui nous disent

Mostra en projet

(Sous réserve de temps et d’énergies organisatives) exposition d’artistes peintres, photographes ou sculptrices. L’appel à contribution sera fait ultérieurement, publié dans Lesbia et diffusé sur le site de Bagdam.

Nous vous remercions de votre attention et vous attendons déjà très nombreuses.

Ce 5e Colloque de Toulouse sera, nous le croyons, particulièrement important.

Les informations de contenu et de détail vous seront fournies au fil des mois et de l’approche des dates.

Merci de retenir déjà dans vos agendas
celles du 14 au 17 avril 2006…
…pour la Ville Rose !

Rose is a rose is a rose…

Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 octobre 2005.



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Brigitte Boucheron et Jacqueline Julien



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