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jeudi 9 août 2007 "Iran delenda est" - L’Iran doit être détruite, version américaine
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"Carthago delenda est", allait répétant, Caton l’Ancien sous la Rome impériale. Au coeur du Sénat, il concluait n’importe lequel de ses discours, quelqu’en était l’objet, par ces mots, "Carthage doit être détruite". Il avertissait ainsi la Rome impérieuse et impériale de la montée en rivalité de cette Cité punique, proto-Puissance en passe de menacer à nouveau l’hégémonie absolue de Rome. Ses exhortations finirent par mener à la troisième guerre punique et à la destruction de Carthage. "Iran delenda est", va répétant à la manière yankee, Bush le Jeune, commentant et expliquant à sa façon toutes les crises moyen-orientales : L’Iran doit être détruite puisque ce pays est accusé de fomenter, comploter, déstabiliser à lui seul cette région. On assiste ainsi à une montée en puissance d’une mise en accusation de l’Iran identique à celle qui amena à la seconde guerre contre l’Irak il y a quelques années. Tout cela a démarré en douceur, par le biais d’articles et images feutrés, dans un pointillisme diplomatico-médiatique qui dessine, avec recul, le tableau d’une future "guerre préventive" (ah le bel oxymore...) contre l’Iran. On distille pour l’opinion publique, dans un crescendo guerrier, l’idée que l’Iran serait l’obstacle principal à la stabilisation du Moyen-Orient jusqu’à obtenir que cette même opinion se persuade par elle-même de cette "menace" iranienne apocalyptique. Un scénario déjà usité, mais visiblement, non usé est rejoué : celui des armes de destruction massive utilisé pour l’Irak et réactualisé en la "bombe nucléaire chiite" pour l’Iran. Les mots ont changé, l’idée reste la même... Les stratèges états-uniens n’ont même pas pris le peine de nous fournir un autre motif de guerre tant est certaine pour eux l’idée qu’un mensonge devient message quand il est répété, martelé, psalmodié dans une litanie obsessionnelle, comme le fit Caton l’Ancien à propos de Carthage. Les médias, mieux encore que le Sénat romain, offrent ainsi un moyen d’amplifier mondialement ce mantra martial. Même le cinéma hollywoodien a été appelé à déblayer et aplanir le terrain symbolique et psychologique qui mène au futur champ de bataille. Le film "les 300", sorti il y a peu, offrait ainsi une vision "originale" de la bataille antique des Thermopyles qui opposa Perses et Grecs. Les Perses, étrangement "arabisés" (mais Perses et Arabes pour certains, c’est turbans blancs et blancs turbans, c’est du pareil au même ! tous des "mahométans"...) sous des keffiehs anachroniques et portant des cimeterres très "jihadisants", sont bien sûr cruels, fourbes et impavides avec leurs masques interchangeables. Les Grecs, "américanisés", mâchoires carrées et bannière au vent, sont courageux, vifs et parfaitement humanisés dans l’excès de leurs sentiments. Faut-il encore filer cette analogie subliminale jusqu’au noeud gordien en précisant que cette bataille des Thermopyles est censée, historiquement, avoir été le point de départ de la Démocratie grecque ? Dans la presse dite "mainstream", le pointillisme a été remplacé depuis peu par le trait épais et guerrier. Ainsi, divers articles accusent d’ores et déjà l’Iran d’alimenter successivement les Talibans en Afghanistan, le Hezbollah au Liban, le Hamas en Palestine, la résistance à l’occupation en Irak... Quand on découvrira un lien entre l’Al Qaeda sunnite et l’Iran chiite, alors ce sera le début de la fin. Comme est étrange cette inversion des faits, ce brouillage idéologique qui fait d’une puissance occupante et étrangère à la région le pilier de la paix. En lisant certains médias, nous passons dans une réalité télégéniquement modifiée, une bulle médiatique spéculative qui enfle et s’auto-alimente dans un flux continu. Pourtant les faits, les simples faits, sont le cordial et le viatique nécessaires à la compréhension de cette région moyen-orientale qui cristallise tant de crises et d’enjeux majeurs. Mais c’est là, hélas, que l’on mesure toute le puissance des Etats-Unis, l’Empire du Sens par excellence, qui décide unilatéralement des faits internationaux et de la signification à leur donner ; Puissance symbolique qui nous fait passer de l’autre côté du miroir, dans un monde où le reflet décide de la substance de l’objet reflet et où l’interprétation prend le pas sur la réalité. Pourtant dans notre système international qui avait fait de la bombe atomique la clé de voûte de la puissance étatique, n’importe quel Etat, un tant soit peu plongé dans la realpolitic des relations internationales, aurait songé à se doter de défenses nécessaires s’il avait vu son voisin, l’Irak, complètement détruit au terme de deux guerres, d’un embargo meurtrier et occupé sous un prétexte fallacieux. Que l’Iran songe à l’arme nucléaire, dans la logique de cette sécurité, n’a donc rien de surprenant et participerait presque de ce que l’on peut appeler une "défense préventive", pour copier la novlangue en cours dans les relations internationales. Ajouter à cela que l’Iran est voisin d’Israël qui, refusant toujours tout contrôle international, disposerait vraisemblablement de l’arme nucléaire. La politique des Etats-Unis, dans cette région épidermiquement sensible, s’apparente de plus en plus au lit de Procuste ou lit de Sodome. Dans la tradition hébraïque, il est raconté comment Dieu décida de détruire Sodome en raison de la cruauté de son peuple. La légende donne comme exemple ce fameux lit. Quand un étranger venait à Sodome, il était mis dans ce lit. S’il était trop grand, ses jambes étaient raccourcies, coupées. S’il était trop petit, ses membres étaient étirés afin qu’ils correspondent parfaitement aux mesures de ce lit. Ainsi va la politique états-uniennes, hiératique et erratique : tout ce qui Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 août 2007 |