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lundi 16 septembre 2013

Résister et construire des alternatives au modèle patriarcal, capitaliste, raciste, lesbophobe et colonial

par la Marche Mondiale des Femmes France






Écrits d'Élaine Audet



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Déclaration de la 9e Rencontre Internationale de la Marche Mondiale des Femmes

Du 25 au 31 août, à l’occasion de la 9e Rencontre Internationale de la Marche Mondiale des Femmes (MMF), 1 600 femmes de 48 pays se sont réunies à São Paulo au Brésil pour débattre sur la trajectoire et les stratégies du féminisme face à l’offensive conservatrice. Réalisé pour première fois au Brésil, l’événement s’est clôturé par la fin du mandat brésilien du Secrétariat International de la MMF et par l’élection de la nouvelle équipe assumée par la MMF du Mozambique. Les militantes ont également commencé à organiser la 4er Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes qui aura lieu en 2015. Ces actions sont menées à bien tous les 5 ans. Après une semaine d’activités intenses et de discussions politiques, la Marche Mondiale des Femmes a produit le document final ci-dessous qui synthétise le contenu des débats.

***

Nous, femmes brésiliennes présentes à la 9e Rencontre Internationale de la Marche Mondiale des Femmes (MMF) qui s’est tenue à São Paulo du 25 au 31 août 2013, nous réaffirmons la résistance, la confrontation et la construction d’alternatives au modèle patriarcal, capitaliste, raciste, lesbophobe et colonial.

La MMF construit au quotidien et à partir de la réalité des femmes une action locale étroitement liée à une articulation mondiale dans laquelle la solidarité est un axe structurant. Cette expérience s’est consolidée comme une force mondiale, en actualisant le féminisme en tant que projet afin de garantir l’égalité entre toutes les femmes, dans le cadre de la construction d’une société de femmes et d’hommes libres et égaux, sans discrimination de race/ethnique et avec le libre exercice de leur sexualité.

Nous reconnaissons qu’il est fondamental d’enrichir et d’approfondir la réflexion sur les rapports entre le patriarcat, le colonialisme et l’oppression ethnico-raciale, afin de sauvegarder nos racines et fortifier la présence des femmes indigènes parmi nous.

Le capitalisme connaît un processus important de restructuration afin de maintenir son ordre actuel d’exploitation et d’oppression, renforcé aujourd’hui par la crise mondiale. Cela met plus que jamais en évidence le fait que nous vivons dans un monde injuste et insoutenable. Face à toutes les crises, ce système présente de fausses solutions, qui signifient plus de marché et plus de concentration des richesses, et elles sont imposées par les États à l’aide de méthodes violentes.

L’expropriation de la nature, les attaques contre les droits et la souveraineté des peuples, le contrôle sur les corps et la vie des femmes, l’augmentation de la militarisation, la criminalisation et la violence sont des mécanismes qui soutiennent l’accumulation par dépossession.

L’exploitation du corps des femmes

À une économie de marché correspond une société de marché qui permet l’expansion de la marchandisation de toutes les dimensions de la vie humaine. Cela passe tout particulièrement par l’exploitation du corps des femmes, de l’industrie cosmétique jusqu’au trafic de femmes et la prostitution. Notre corps est constamment contrôlé et régulé à partir de modèles moraux sur la sexualité – hétéronormatifs, phalliques, lesbophobes et centrés sur le plaisir masculin – et par la maternité.

Nous réaffirmons que la prostitution est structurelle au système capitaliste et patriarcal. Notre vision n’est ni libérale, ni moraliste, mais elle reconnaît le droit des femmes à vivre librement leur sexualité. Nous répudions le détournement du discours féminisme « mon corps m’appartient » en faveur du « mon corps est mon business ». C’est pour cela que nous sommes contre le projet du député (brésilien, NdT) Jean Wylis qui, au lieu de contribuer à améliorer les conditions de vie des prostituées, vise à légaliser la sexualité en tant que service marchand, renforçant ainsi le proxénétisme et approfondissant l’exploitation des femmes.

Nous dénonçons l’imposition de la maternité en tant que destinée obligatoire des femmes et nous réaffirmons l’autonomie de décision sur nos corps et le droit à l’avortement légal, sûr et assuré par le service public. Nous réaffirmons notre vision selon laquelle la sexualité se construit socialement, et nous défendons le droit à la sexualité lesbienne comme un droit fondamental pour le libre exercice d’une sexualité sans coercition, sans stéréotypes et sans rapports de pouvoir.

La violence patriarcale

La violence patriarcale est présente au quotidien dans la vie de toutes les femmes. Cette violence est souvent naturalisée et légitimée et elle se renforce également avec les inégalités de classe et de race, révélant la non reconnaissance des femmes en tant que sujets autonomes. Les données devraient faire frémir, principalement parce qu’elles montrent qu’il y a encore beaucoup de chose à faire pour dénoncer ces violences, comme les viols collectifs et correctifs, l’abus sexuel d’enfants et l’impunité dont jouissent un grand nombre d’assassins de femmes.

Nous exigeons la condamnation des violeurs appartenant à la bande « New Hit » qui ont violé de manière barbare deux adolescentes à Bahia, ainsi que des deux violeurs assassins de Queimadas, à Paraíba. Nous exigeons la pleine application de la Loi Maria da Penha (loi brésilienne sur les violences faites aux femmes, NdT). En tous les cas, nous dénonçons la culpabilisation des femmes pour la violence dont elles souffrent.

C’est dans ce contexte que s’intensifie la marchandisation des biens communs et l’appropriation et le contrôle des territoires au profit de l’agro-business. L’exploitation des territoires indigènes et des « quilombos » (villages et communautés fondées par des descendants d’esclaves noirs en fuite, NdT) provoque la mort et la destruction. Le peuple Guarani-Kaiowá au Mato Grosso do Sul a été victime d’homicides qui dépassent en nombre deux de pays en guerre. Dans les zones urbaines, il y a une augmentation de la spéculation immobilière à cause des gigantesques chantiers provoqués par les méga-événements. Les entreprises minières élargissent leurs zones d’exploitation, provoquant la dégradation de l’environnement et réduisant les moyens de vie des femmes. Cela est directement lié au renforcement de la militarisation et de l’exploitation du corps et du travail des femmes.

L’exploitation du travail des femmes et l’économie de marché

Nous exigeons que les ressources publiques, en particulier celles de la BNDES (banque de l’État brésilien pour le développement, NdT), ne soient pas destinées aux grandes entreprises afin de financer l’agro-business, les méga-événements et le capitalisme vert. Nous dénonçons l’imposition des agro-toxiques et des semences transgéniques qui provoquent la dépendance des agriculteurs et des agricultrices. Nous sommes les actrices de la résistance et de la défense de nos territoires, comme dans le cas des femmes d’Apodi en lutte contre l’agro et hydro-business, et pour l’affirmation de l’agro-écologie en tant que moyen de production d’aliments sains et fondamentaux pour garantir la souveraineté alimentaire.

Dans ce modèle de société, le temps et le travail des femmes sont utilisés comme un facteur d’ajustement. L’économie de marché repose sur notre travail non rémunéré et sur l’inégalité salariale que nous subissons dans le travail rémunéré. Nous faisons face à une montée du conservatisme, avec la valorisation du rôle des femmes dans la famille afin de justifier sa surcharge de travail.

Construire une économie féministe et solidaire signifie d’altérer les modèles de (re)production, de distribution et de consommation et aussi de reconnaître et de valoriser le travail domestique et des soins comme fondamental pour la pérennité de la vie humaine.

L’État capitaliste et patriarcal s’organise à partir d’une logique andro-centrique qui renforce la division sexuelle du travail et les formes de contrôle sur le corps et la sexualité des femmes. Le modèle de développement hégémonique fonctionne au service des grandes entreprises, en expropriant les droits des travailleurs et des travailleuses, en bafouant les femmes et en ayant dans la militarisation l’un de ses piliers essentiels.

Nous luttons pour changer cette logique, ce qui ne sera possible qu’avec une volonté politique et l’intégration d’une perspective féministe qui se traduit aujourd’hui par l’objectif d’une « dé-patriarcalisation » de l’État. Il est nécessaire de garantir des politiques émancipatrices construites sur base de la souveraineté et de la participation populaire.

Solidarité et réciprocité

Nous sommes solidaires avec les compagnes de plusieurs parties du monde dont les modes de vie sont affectés par les entreprises extractivistes, par l’expansion de l’agro-business, comme dans le projet Pro-Savana au Mozambique. Nous remettons en question la présence militaire du Brésil dans les missions militaires en Haïti et dans la République Démocratique du Congo, ainsi que l’achat d’armes et de technologies militaires à Israël. L’Organisation Mondiale du Commerce renoue les négociations qui renforcent les asymétries entre les pays et la marchandisation de la vie. Le Brésil, au contraire, doit promouvoir une autre intégration, basée sur la redistribution, la solidarité et la réciprocité que les femmes du monde construisent déjà au travers de nos mouvements.

Nos formes d’occupation des espaces publics et politiques expriment l’irrévérence et l’audace collective des femmes. À partir de nos méthodes, de nos rythmes et de nos voix, nous construisons une culture féministe contre-hégémonique, qui incorpore la jeunesse dans un processus intégrateur de plusieurs générations en tant que partie d’un projet commun de transformation de nos vies.

Nous résistons au monopole des médias, à la logique de la propriété intellectuelle et au contrôle des flux de l’information qui violent notre vie privée et privilégient les entreprises multinationales. Nous construisons nos alternatives de production de contenu, de langages et de médias liés aux luttes émancipatrices et pour la souveraineté populaire.

Nous affirmons que l’auto-organisation des femmes et notre stratégie de renforcement en tant que sujet politique qui construit une force mondiale, en alliance avec les mouvements sociaux qui partagent notre lutte anticapitaliste et pour une société basée sur les valeurs de la liberté, de l’égalité, de la justice, de la paix et de la solidarité.

Marche Mondiale des Femmes, São Paulo, 31 août 2013.
Source : marchamulheres.wordpress.com
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera

Voir aussi : www.mmf-france.fr/documents/2013aoutBulletin.pdf



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