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mardi 14 avril 2009

Deux 1er mai, deux conceptions différentes

par Annick Dockstader, lesbienne féministe






Écrits d'Élaine Audet



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Certaines d’entre vous ont probablement entendu parler de ces deux manifestations, qui auront lieu le même jour cette année à quelques heures de différence, lors de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs. L’une est organisée avec les grands syndicats et l’autre a un caractère anticapitaliste. Deux parcours différents, mais aussi deux conceptions très différentes de la solution proposées à la classe ouvrière et aux classes opprimées face à la conjoncture actuelle. La différence et la pertinence de ces deux manifestations ne sont peut-être pas aussi claire pour chacune d’entre nous. Celle des syndicats est la plus médiatisée, certes, mais pourquoi des centaines de manifestant-es choissent-ils depuis deux ans de faire une manifestation autonome et anticapitaliste ? Je me suis donc brièvement penchée sur les revendications principales de ces deux manifestations. Qu’ont-elles de différent ? Les deux parlent de ces temps de crise, mais elles n’en n’arrivent pas à la même revendication.

Parlons d’abord de la manifestation la plus connue, celle des syndicats. Leur slogan « sortie de crise, le monde d’abord ». On remarque, au contraire de la manifestation anticapitaliste, au square Cabot, que les syndicats ne remettent pas en cause, du moins dans leur orientation collective, la nécessité d’abolir le système pour sortir des crises ponctuelles et récurrentes de ce système capitaliste, en insistant plutôt sur la sortie de cette crise. Les organisatrices-eurs de la campagne « sortir de la crise ensemble » réclament en ce moment de meilleurs conditions de travail. Face à la crise, cette manifestation n’offre donc pas de solution. On parle malgré tout d’amoindrir les coups de la crise économique en appelant vivement sa fin. C’est un appel qui passe sous silence un aspect très important de cette crise. C’est qu’elle n’est pas qu’économique et que d’autres nous attendent et qu’elles font toutes parties intégrantes d’un système qui exploite des êtres humains pour du profit, du capital financier, des transactions et de la spéculation. Le tract de la manifestation anticapitaliste, elle, y répond.

De plus, la manifestation des syndicats sera festive, médiatisée, et une fête est même prévue dans une école. Ce côté très divertissant et rassembleur est susceptible de nous faire oublier nos problèmes pendant un moment. Mais rappelons-nous que la revendication de sortir de cette crise, en réduisant certains coups, passe sous silence que l’on devra en payer les frais, alors que les grands financiers circulent librement et que les travailleuses et les travailleurs se saignent à blanc.

Maintenant, parlons de la manifestation la moins médiatisée, qui aura lieu au Square Cabot, la manifestation anticapitaliste organisée par plus d’une dizaine de groupes de militantes et militants anticapitalistes, anti-impérialistes et révolutionnaires de Montréal. Leur slogan : « Contre la crise, contre le capitalisme ! ». Pour ces groupes, dans la conjoncture actuelle, le problème n’est pas simplement économique. Cette crise, également sociale et environnementale, fait partie intégrante du développement du système capitaliste. Leur argumentaire nous rappelle que ce qui dicte la conduite des dirigeants de multinationales et des grands financiers est la loi du profit au détriment de la population et des ressources naturelles. C’est ce qui permet à une infime minorité de concentrer la richesse au détriment de la majorité, des travailleuses-eurs, des femmes, des sans-emplois, des itinérantes-ts et des classes opprimées. C’est cette lutte pour le profit qui est la cause des pertes massives d’emplois, de la baisse des salaires, des faillites à la chaîne, et des guerres qui secouent les pays et ceux qui résistent à l’agression armée des pays impérialistes. C’est pour cette fidélité au capital que l’on devrait se saigner à blanc « pour un temps » afin de permettre aux profiteurs de vivre sur le dos de notre travail et de notre épuisement ? Cette manifestation répond NON ! C’est pourquoi les militant-es réclament un monde différent pour la classe ouvrière et les classes opprimées, un monde qui soit libéré du capital. Pour sortir de la crise, il faut sortir du capitalisme. Voilà leur revendication de base, une solution face à la crise, la libération de travailleuses, des travailleurs et des classes opprimées, ce que ne revendique pas la manifestation syndicale.

Vous avez donc ici un petit aperçu, qui, je l’espère, éclairera quelque-unes d’entre nous face à la tenue de ces deux manifestations du 1er mai.

Certes, les auteur-es du premier tract pour le 1er mai anticapitaliste ne parlent peut-être pas suffisamment des conséquences de la crise qui touchent plus spécifiquement les femmes. C’est pourquoi il serait important que nous apportions nos revendications pour que cette journée internationale des travailleuses et travailleurs soient aussi celles de la fin de l’exploitation des femmes. Que la lutte contre ce capitaliste et le patriarcat, qui travaillent main dans la main en asservissant les femmes, soit rejointe par un contingent de femmes organisées. Les femmes, de par leur précarité économique et la domination masculine, ne subissent que plus durement ces temps de crise. La violence à leur endroit augmente et se dessine dans les articles de nos grands journaux, dans nos régions, par les meurtres d’ex-conjointes et de leurs enfants par des hommes endettés et licenciés.

C’en est assez !

Contre le capitalisme et le patriarcat, les femmes manifestent !

Annick Dockstader
Journaliste à la station Radio Centre-Ville,
Animatrice de L’Elles des Femmes.

Références

  • Vers un 1er mai anticapitaliste sur le CMAQ.
  • Le drapeau rouge express du PCR, dénonçons les gestionnaires du capital, direction la caisse de dépôt CMAQ.
  • Campagne des syndicats : « Sortir de la crise ensemble ».
  • Le 1er mai par la CSN.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 13 avril 2009



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