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mardi 6 mai 2003

La simplicité volontaire, l’unique espoir pour l’humanité ?

par Élaine Audet






Écrits d'Élaine Audet



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Le 26 et 27 avril 2003 avait lieu à Montréal l’Assemblée de fondation du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV). Cet événement nous offre l’occasion de rappeler les grandes lignes de la pensée de Serge Mongeau, membre fondateur de ce réseau, qui nous dit, dans La simplicité volontaire plus que jamais..., un livre extrêmement clair, stimulant et bien documenté, que la liberté commence d’abord par soi-même.

Après avoir fait en introduction le constat alarmant des effets de la mainmise économique sur nos vies, l’auteur nous donne des outils de réflexion et des moyens déjà éprouvés pour créer une véritable alternative à l’univers d’exclusion et de dépendance dans lequel la majorité d’entre nous est forcée de vivre. Il s’agit d’abord de changer notre façon de vivre et de penser.

La simplicité volontaire

Le travail n’est plus l’unique finalité de la vie. Aujourd’hui, les progrès technologiques permettraient de satisfaire tous les besoins essentiels de la collectivité avec une vingtaine d’heures de travail partagé pour chacun de ses membres. Vouloir créer une véritable alternative à la production/consommation effrénée, c’est déplacer le centre de gravité vers ce qui développe en nous la générosité, le goût du bonheur, la création, la curiosité intellectuelle, la liberté et la solidarité. Pour Mongeau, la simplicité volontaire est sans doute l’unique espoir pour l’avenir de l’humanité. On ne peut se contenter de s’affranchir individuellement des mauvais côtés du système, il est aussi nécessaire de les changer, sinon ils nous rejoindront de toutes manières et nous détruiront un jour.

Il rappelle que l’Amérique du Nord, qui compte seulement 6 % de la population mondiale, utilise de 40 % à 50 % des ressources naturelles mondiales. Nous faisons partie des pays riches qui portent la plus grande responsabilité des problèmes de pollution atmosphérique, d’épuisement des ressources et de destruction des espèces animales et végétales.

Mongeau propose quatre valeurs qu’il est important d’identifier et de mettre en pratique pour arriver rapidement à des changements significatifs dans notre société : 1. la préoccupation de la quantité qu’il faudrait remplacer par la recherche de la qualité ; 2. la solidarité plutôt que l’individualisme ; 3. la participation plutôt que la compétition ; 4. l’autonomie plutôt que la dépendance.

Une économie centrée sur les besoins

« Le véritable objet de l’économie est la plénitude et non l’abondance », comme l’a si bien dit Lewis Mumford, cité par Mongeau qui montre que le travail n’est pas l’unique moyen de socialisation. En France, 34 % des revenus des ménages sont déjà constitués par des prestations sociales. Par un revenu garanti (deuxième chèque) et la réduction du temps de travail, le chômage pourrait être battu en brèche. Il n’en coûterait rien à l’entreprise ni à l’État. Deux demi-salaires seraient versés au lieu d’un salaire plein, alors que le deuxième chèque puiserait, dans la réduction des dépenses de chômage, les moyens nécessaires.

« La simplicité volontaire » propose plusieurs voies pour décrocher de la société de consommation et développer notre autonomie, telles que les petites productions et l’agriculture biologique. Pour acquérir la terre nécessaire à ce type de cultures, on peut, notamment, former des coopératives ou développer des fiducies foncières communautaires (FFC). Il s’agit d’acquérir un terrain collectivement pour utilisation à perpétuité par cette même communauté.

Les petites villes et les villages s’avèrent des milieux plus propices à la vie communautaire, à l’édification de nouvelles solidarités et à la reprise de notre pouvoir. Mais diverses alternatives, comme les Systèmes d’échanges locaux (SEL), pourraient être implantés en ville dans les quartiers, les rues, voire un bloc appartements. Il y a également moyen de s’autofinancer en trouvant une clientèle qui achètera les produits en les payant d’avance. C’est ce qu’ont fait les éditions de l’Hexagone à leurs débuts et que font actuellement les groupes d’agriculture soutenue qui planifient leur production selon la demande.

D’autres solutions consistent en corvées mensuelles effectuées par une douzaine de personnes qui vont une fois par mois chez un des membres du groupe y faire : ménage, réparations, vitres, potager, etc. Le tout est couronné par un repas collectif auquel tout le monde contribue et qui permet d’échanger les dernières nouvelles et de resserrer les liens de solidarité. Les ressourceries représentent aussi une alternative intéressante. Ce sont des centres de tri dans chaque municipalité où l’on peut apporter ce qui ne nous sert plus et se procurer des objets usagés. Les objets qui ne trouveraient pas preneur pourraient passer au recyclage.

Quoi qu’on puisse en penser, nous agissons toujours, même en choisissant de ne pas agir. Qui ne dit mot consent, qui n’agit pas laisse agir. Pour Mongeau, il n’est pas nécessairement besoin d’essayer de détruire le système actuel ou d’en prendre le contrôle : il serait suffisant de lui retirer notre soutien en baissant notre niveau global de consommation personnelle, en modifiant nos habitudes de consommation en faveur de produits durables, faciles à réparer, non polluants dans leur fabrication et leur usage, efficaces dans leur utilisation d’énergie, fonctionnels et esthétiques.

Une éthique du bonheur

Mongeau propose une alternative à portée de main : N’exploiter personne, ne pas nous approprier plus que nécessaire pour combler nos besoins, voir que toutes nos actions et interventions se fassent dans le respect de la nature. Et la culture, grande absente de la vision politique actuelle, consiste, dans cette optique alternative à donner à chaque personne la possibilité d’une valorisation non matérielle dans les arts, l’éducation, les sports, les initiatives locales diverses, le plaisir d’être utile aux autres. Le travail n’est pas l’unique finalité de la vie comme on veut nous le faire croire. Nous avons surtout besoin de temps pour créer, aimer, jouir de chaque instant. Être heureux.

À ceux qui verraient dans cette conception de la vie un retour en arrière, Serge Mongeau répond qu’il « n’y a rien de répréhensible à vouloir retrouver des moyens qui, dans le passé, permettaient de mieux répondre qu’aujourd’hui aux besoins des gens. » Il nous rappelle à juste titre que si nous voulons remettre l’économie à sa place et satisfaire aux besoins de la collectivité, il faut cesser de lui accorder la priorité dans nos discours et regarder du côté de l’expérience et des initiatives populaires pour jeter les bases d’une véritable alternative au mode de production actuel fondé sur la croissance/consommation illimitée. À lire absolument, comme vous l’avez deviné !

Serge Mongeau, La simplicité volontaire, plus que jamais…, Montréal, Écosociété, 1998.

Pour une bibliographie complète, voir :

Simplicité volontaire

QUELQUES SITES INTERNET :

Équiterre
Site antipublicité français
Journée internationale sans achat
Consommateur- Une bibliographie sur la simplicité volontaire.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 mai 2003.

Notes biographiques

Serge Mongeau est né à Montréal en 1937. Il a étudié la médecine, l’organisation communautaire et les sciences politiques. Auteur de plus de 20 livres, il réside à l’île d’Orléans depuis 1988, partageant son temps entre l’écriture et l’édition, le jardinage, le sport et la participation à divers organismes communautaires.



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Élaine Audet



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  • > La simplicité volontaire, l’unique espoir pour l’humanité ?
    (1/1) 8 octobre 2003 , par





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