mardi 4 août 2009
Une autre tuerie misogyne en Pennsylvanie, par Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter
par Tamar Eylon, au nom de la collective du Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter
Mardi le 4 août, un homme aigri de ne pas arriver à séduire des femmes de 20 ans ses cadettes - comme le lui promettait un ouvrage de psychologie
masculiniste - a abattu douze femmes, en tuant trois, Elizabeth Gannon,
Heidi Overmier et Jody Billingsley, dans un gymnase de Pennsylvanie.
Comme Marc Lépine à l’École polytechnique, il y a vingt ans, George Sodini a
laissé une jérémiade haineuse et centrée sur lui-même, accusant « 30
millions de femmes désirables » de l’avoir « rejeté ».(1)
La lettre suivante a été envoyée par un organisme féministe de Vancouver aux
femmes de Pennsylvanie, par le biais de deux coalitions locales.
"Nous tenons à adresser nos condoléances aux ami-es et aux familles des
femmes tuées en Pennsylvanie. Nous adressons également nos souhaits de
rétablissement aux femmes blessées. Nous les femmes vivons avec tant de
menaces normalisées pesant sur nos vies que nous en venons à ne presque plus
remarquer tout ce que nous faisons pour éviter la violence sexiste. Quel
brutal rappel qu’il n’existe pas de lieu sûr pour les femmes !
"Le nombre des femmes tuées par des hommes continue d’augmenter,
habituellement une à la fois, mais ces décès ne sont pas isolés. Cette année
marque le vingtième anniversaire du Massacre de Montréal ; les féministes l’ont
dit à l’époque et nous le répétons aujourd’hui : "Le motif, c’est la
misogynie." Ce "tireur isolé" partage une crainte et une haine des femmes
avec les hommes qui battent leur conjointe ou qui violent, harcèlent et
prostituent des femmes et des enfants. Même s’il n’a pas ciblé les femmes en
tant que féministes, comme dans le cas du Massacre de Montréal, George
Sodini voulait adresser un message à toutes les femmes. Mais nous refusons d’écouter
et nous refusons d’obéir.
"Au lendemain du Massacre de Montréal, le collectif de l’organisme Vancouver
Rape Relief and Women’s Shelter a adressé un message aux femmes de Montréal,
au nom de l’Association canadienne des centres contre le viol. Ce n’est pas
une coïncidence si les mêmes mots s’appliquent au fémicide commis en
Pennsylvanie mardi dernier.
« Nous n’excuserons pas ses actes quand nous connaîtrons la tristesse et l’échec
de sa vie. Nous ne blâmerons pas sa mère ou son amante ou les femmes qui ont
refusé d’être ses amantes. Nous ne blâmerons pas les femmes qu’il blâme dans
son message d’outre-tombe (affiché sur Internet dans ce cas-ci). Nous ne
blâmerons pas les féministes qui ont lutté pour les libertés des femmes.
Nous tenons responsables les hommes qui lui ont appris à attendre des femmes
la réponse à tous ses besoins. Nous tenons responsables les hommes qui ont
échoué à lui apprendre à vivre avec des moments de déception et de colère,
sans exercer de représailles. »
De Vancouver, à notre service téléphonique de soutien aux victimes de viol
et notre maison de transition pour femmes violentées et pour leurs enfants,
nous poursuivons la lutte. Nous gardons espoir du fait de savoir que d’autres
féministes luttent pour l’égalité et la liberté partout dans le monde. Nous
devons demeurer solidaires et nous devons poursuivre ce combat.
Tamar Eylon,
au nom de la collective du Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter
(Traduction : Martin Dufresne)
1. Journal de Sodini.
– Lire également l’excellent article de :
Bob Herbert, "Women at Risk", New York Times, August 7 2009.
– Antonia Zerbisias, "Femicide : There’s not enough outrage ", The Toronto Star, August 12, 2009.
Mis en ligne dans Sisyphe, le 5 mars 2009.
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