Le Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement (CAFES) est un regroupement de femmes ayant un vécu en lien avec la prostitution et souhaitant s’en éloigner.
À l’instar de nombreuses victimes d’exploitation sexuelle et de traite de personnes, nous questionnons la volonté du gouvernement libéral de décriminaliser la prostitution ainsi que toutes les drogues.
Comme la toxicomanie fait souvent suite à une grande souffrance, la prostitution est souvent le résultat d’une suite de violences et d’oppressions.
À force d’en subir, certaines personnes finissent par la concevoir comme étant une solution, un moindre mal. C’est d’autant plus vrai dans une société qui la banalise, encore plus si les exploiteurs peuvent sévir en toute impunité.
Nous revendiquons la décriminalisation des personnes prostituées mais certainement pas celle de leurs exploiteurs et croyons que les toxicomanes devraient être soutenus mais que rendre légitime la fabrication et la distributions des pires drogues n’est pas la solution.
Le 6 décembre 2014, à la suite d’un exercice démocratique quasi exemplaire et duquel nous invitons le gouvernement actuel à s’inspirer, la loi C-36 fut adoptée.
Cette loi criminalise les proxénètes et acheteurs de sexe tarifé et tend à décriminaliser les personnes prostituées. Pas suffisamment, certes, mais assez pour leur donner davantage de pouvoir qu’à leurs exploiteurs.
De nombreuses méta-analyses comparent différentes législations. Elles démontrent sans ambiguïté que de telles mesures sont beaucoup plus avantageuses pour le bien collectif de tous que celles qui décriminalisent ou tentent d’encadrer la prostitution.
La prostitution n’est ni une banalité, ni un crime sans victime ! Il faut en combattre les causes, certainement pas les encourager !
Monsieur Trudeau déclarait il y a moins d’un an que les crimes sexuels et la traite de personnes n’avaient pas leur place au Canada.
Comment compte-t-il en faire diminuer le nombre s’il décriminalise une industrie qui entretient un rapport de dépendance étroit avec la culture du viol ?
Il se prétend féministe mais veut décriminaliser une industrie au sein de laquelle les acheteurs sont majoritairement des hommes et la marchandise des femmes et des enfants.
Son parti se dit progressiste mais veut rendre acceptable une des plus vieilles formes d’esclavage qui soit.
Légitimer l’exploitation de la misère, ce n’est pas progresser, c’est reculer !
La drogue et la prostitution sont payants pour certains mais les coûts sociaux qu’ils occasionnent sont nettement supérieurs aux gains potentiellement espérés.
Banaliser les conséquences d’activités meurtrières et gérées par le crime organisé alors qu’elles sont démontrées, documentées et parfois irréversibles, c’est faire preuve d’une ignorance flagrante et dangereuse.
Vouloir encadrer ces activités ? Ça relève d’une naïveté sans borne. Le premier ministre est-il à ce point crédule ? Nous ne le croyons pas. Ignorant ? Nous savons que non.
Notre impression est plutôt qu’il est influençable et calculateur, comme bien des proxénètes, et qu’il s’apprête à hypothéquer froidement l’avenir du pays pour servir ses intérêts.
En tant que survivantes de la prostitution, nous en avons assez de ces stratégies lamentables !
Notre message est clair : M. Trudeau, même si toutes les autres priorités de votre parti étaient alléchantes et justes, nous n’accepterions jamais qu’elles soient réalisables grâce aux profits tirés par la destruction d’humainEs.
Si exploiter une minorité pour être apprécié d’une majorité vous apparaît charmant, vous êtes indigne de vos fonctions ! Nous avons survécu à de très nombreux agresseurs ; soyez assuré que tant que votre mentalité s’apparentera à la leur, vous nous trouverez sur votre chemin !
Le CAFES
Le CAFES regroupe près d’une centaine de victimes d’exploitation sexuelle et est soutenu par de très nombreux alliéEs. Nous sommes présentes dans plusieurs régions du Québec et avons participé à de nombreuses activités de sensibilisation et de formation, ainsi qu’à différents débats et consultations. Nous revendiquons activement l’application des lois C-36 et C-452 ainsi qu’une réforme de l’indemnisation pour les victimes d’actes criminels (IVAC) et du système de justice en général. Nous prévoyons organiser et de prendre part à encore plus d’actions de mobilisations et de contestations prochainement et une campagne sur les réseaux sociaux est en cours.
Nos membres et alliéEs proviennent de différents milieux et régions et plusieurs, survivantes ou non, sont intéresséEs à s’exprimer publiquement sur les enjeux en liens et à témoigner de leur vécu et des conséquences de la prostitution sur leur vie.