Montréal, le mardi 26 janvier 2016 – La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) a été choquée d’apprendre, le 23 janvier dernier, l’existence de l’émission "Escortes" diffusée sur les ondes de Z télé, par l’entremise d’une entrevue non moins choquante sur les ondes de Radio-Canada Première.
En effet, samedi dernier, Joël LeBigot recevait à son émission Valérie Blais, comédienne et animatrice de la série de docu-portraits "Escortes".
Au cours de l’entrevue, M. Le Bigot s’est montré méprisant envers les organisations de survivantes et de féministes critiques de la prostitution et a cherché à maintes reprises à justifier l’existence de la prostitution.
Malgré cela, Mme Blais a tenté de maintenir une certaine nuance dans ses propos, auxquels nous souhaiterions tout de même répondre.
Mme Blais a affirmé que ses rencontres avec quelques escortes triéEs sur le volet par des recherchistes l’ont amenée à nuancer sa position sur le "travail du sexe" puisqu’elle sait maintenant que certaines personnes "choisissent et aiment ce métier".
Bien que nous croyions à la CLES que la prostitution puisse être un choix aux yeux de certainEs, nous ne croyons pas qu’elle s’en trouve pour autant légitimée.
Quant aux prétendus besoins des clients, ils ne justifient en rien l’existence d’un système raciste, misogyne, multimilliardaire et violent tel que l’industrie du sexe.
C’est une mauvaise habitude de la société patriarcale que de faire passer les privilèges des hommes pour des besoins et des droits.
« Si les presque trente jours de tournage ont ébranlé les convictions de Mme Blais, nos 10 ans de lutte aux côtés de femmes ayant un vécu dans la prostitution n’ont qu’affermies les nôtres. Il nous fera plaisir d’ouvrir nos portes à Mme Blais et de partager avec elle la parole de celles qui ne sont pas retenues par les recherchistes… C’est une invitation ! », a lancé Diane Matte, organisatrice communautaire et membre fondatrice de la CLES, en réaction à l’entrevue.
Pour ce qui est du diffuseur de l’émission "Escortes", Z télé, il n’en est pas à ses débuts en matière de banalisation de la prostitution.
En choisissant de présenter la prostitution comme un choix individuel glamour et rebelle, au détriment d’une vision globale prenant en compte les rapports sociaux de sexe et les différentes facettes de la problématique qui font cruellement défaut dans ses émissions (quid des mineures, de la violence des clients, de l’impact de la prostitution sur la vie de toutes les femmes, du proxénétisme et de la traite ?) le diffuseur fait la promotion de l’industrie du sexe. Le tout, dans ce cas-ci, avec la complicité de la radio d’État.
Nous ne dénonçons pas cet état de fait par moralisme mais bien parce les questions entourant la prostitution relèvent de choix de société qui méritent d’être abordés avec intelligence, empathie et des intervenantes compétentes.
La complaisance des médias envers l’industrie du sexe doit cesser.
– Pour plus de renseignements : Éliane Legault-Roy, responsable des communications