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lundi 7 mai 2007 La langue française à l’école - Mont tex es-ti lizib ? J’ai cri !
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Un rapport produit par l’enseignant Richard Berger pour le compte du Ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport propose qu’ici, au Québec, les enseignant-e-s du niveau collégial (la clientèle étudiante a entre 17 et 21 ans - équivalent du BAC français) ne comptabilisent plus les fautes d’orthographe, de syntaxe et de ponctuation lors de l’examen final de français sanctionnant la diplômation. Je ne pensais pas vivre assez vieille pour assister à une telle aberration. Nous le savons tous et toutes, le français se porte mal : on le parle mal, on l’écrit mal, on fait des fautes. Les Québécois-e-s souffrent depuis l’aube de leur temps de cette inculture langagière, mais ils ont fait des progrès et, à force d’efforts, sont parvenus à maîtriser leur langue maternelle. Depuis quelques années, une régression importante a été constatée. Depuis quand au juste ? Depuis qu’on a changé les méthodes d’apprentissage au primaire ? Depuis que la réforme est appliquée ? Depuis cette course effrénée vers la diplômation à tout prix ? Depuis que les parents ne savent pas ce que leurs enfants sont allés faire dans cette galère ? Quand on exige moins des élèves, ils donnent moins. Quand on leur apprend moins, ils apprennent moins. Quand ils ont 95% sans effort, ils apprennent que l’effort n’est pas important. Quand tout le monde passe ou a la même note, à quoi bon se forcer pour se distinguer ? Le milieu de l’éducation est aux prises avec une hydre monstrueuse qui est en train d’étouffer lentement, mais sûrement les progrès d’antan, l’identité fondamentale de tout un peuple. La correction de la langue doit être simplifiée parce que les jeunes n’arrivent plus à la maîtriser et que le problème est généralisé. Voilà le constat que l’on ne vous dira jamais. Mais fermer les yeux, les oreilles et la bouche, est-ce la bonne solution ? Quel est le peuple que nous voulons devenir ? Quels sont nos objectifs ? On parle de juger de la lisibilité d’un texte, d’une correction holistique ! On parle de savoir si on comprend à peu près ce que l’étudiant a voulu exprimer. Je suis franchement ébranlée, sonnée, abasourdie. Je crains que ce rapport étonnant ne soit que la première salve et qu’il engendre un débat public dangereux. Je crains aussi qu’on ne prépare le terrain pour une application dans un avenir rapproché. Après tout, un fonctionnaire du MELS semble avoir cru cela possible. Heureusement, Michelle Courchesne, ministre de l’Éducation, a carrément refusé ces propositions. Bravo, madame la ministre, on n’en attendait pas moins de vous. Les jeunes ne sont pas plus imbéciles que nous l’étions ; ils sont même peut-être plus allumés, plus branchés sur le monde que nous avons pu l’être. Ils sont intelligents. Ils peuvent apprendre. Il faut se questionner sur le phénomène mondial du nivellement par le bas. Pourquoi aller vers une telle idéologie ? Pourquoi continuer la plongée ? Les Français-e-s aussi baissent les bras, mais ils n’ont pas l’air de se rendre compte du phénomène. Quand on voyage en France, on réalise tristement à quel point les mots anglais envahissent la langue. Ils sont partout (Parking ici, sponsoring là, 7 Up lite, mail, et j’en passe.) Oui, une langue est vivante, mais encore faut-il faire attention à ce qu’elle ne meure pas. Là-bas, ils sont plus d’une cinquantaine de millions. Ici, sept millions de Québécois-e-s sont encerclés par une mer d’anglophones. Notre survie dépend d’abord et avant tout du respect de notre langue. Il faut se battre pour la sauver ; ce que les Français n’ont pas à faire... pour l’instant. J’ai peur pour l’avenir, j’ai peur pour ma langue, j’ai peur pour mon peuple, j’ai peur pour l’éducation. A vous cons pris ceux queue g’ai cri ? Z’êtes pas tannés de mourir.... ? Voir ces deux articles : – « Fini les fautes de français au cégep ? »
Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 mai 2007 |