Une nuit la beauté éclabousse le jour
un mot et tout est dit
un soupir une lumière
les ailes déploient leurs passerelles
Chaque jour seule je dépose
mes mots vagues répétitives
uniques aux pieds du silence
ma parole impossible à tenir
Semblable à l’araignée je tisse
dedans-dehors une toile de survie
tout entière dans cette spirale
soie transparente dans la lumière
L’amour que j’éprouve me dépasse
de partout te pense pas à pas
dans ces incendies que tu embrases
pour renaître de leurs cendres
Mesurer le vide que créerait
la perte de la vue de l’ouïe
en cette vertigineuse beauté
arbre sonate toile ou utopie
Voir le fond de l’horizon
plus grand que nature et découvrir
à chaque lever du jour
la vague à nouveau en mal de bleu
Je fais souvent le rêve insensé
que mon poème comme un gant
ne convienne qu’à une main
et ton esprit seul pourrait le porter
Je te vois parfois à travers
tant et tant d’épaisseurs de blanc
comme un hiver étale entre nous
avec un fil rouge oublié là
Plongée dans la brume
comme dans le noir si long
au fond de tes prunelles
la pensée pleine de couleur
Je voue ma vie à ces voix
vivier du jour sous ma peau
je noue mon rêve d’avenir
à une eau messagère du feu
Tu ne cesses de me quitter
au bord du silence de m’offrir
tes plus belles pierres de mer
brillantes balises d’éternité
Chaque jour se couche plus ardent
qu’il ne se lève sur les cendres grises
chaque regard se penche plus océan
sur la démesure devenue incendie
Avec le passage au bleu de l’air
le son retrouve ses couleurs
le corps mémoire et rythme
du chant obscur qui le fait vivre
Et nos coeurs s’éprennent
se déprennent se reprennent
en une valse parfois si belle
que les vagues nous envient
Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 mai