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samedi 15 novembre 2003 France Des mères se battent contre la "Justice" pour protéger leurs enfants
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Les mères ont mauvaise presse. Il n’y a pas si longtemps, on leur reprochait de ne pas protéger leurs enfants contre des pères incestueux ou abusifs et on les soupçonnait de complicité. Maintenant, si elles écoutent les plaintes de leurs enfants et agissent pour les protéger, on les accuse de mentir ou de manipuler dans un but de vengeance contre un conjoint ou un ex-conjoint. Quelle que soit l’attitude de la mère, on trouve toujours moyen de la discréditer en ayant recours à des théories psychanalytiques dont le fondement scientifique est plus que douteux. Il arrive même que la situation soit renversée et que des mères - et non les abuseurs - se retrouvent devant le tribunal pour avoir voulu protéger son enfant et que ce dernier soit confié au père agresseur. La parole de la mère et celle de l’enfant sont systématiquement mises en doute sous prétexte que certains parents utilisent l’accusation d’inceste comme une arme pour régler leurs problèmes de couple. Voici un document préparé par l’Association Mères en lutte, dont on trouvera plus bas la raison d’être et les objectifs. Léo Thiers-Vidal en a assuré la coordination. L’Association Mères en lutte a toujours une existence légale mais elle n’est plus active. Les faits rapportés dans ce document concernent la France et son appareil judiciaire, mais on retrouve des cas semblables partout au monde. Ils ont en commun un système patriarcal universel qui écrase trop souvent les enfants et les mères. Au nom du Père, des crimes restent impunis et des vies sont à jamais brisées. Sisyphe présente ce document à des fins de sensibilisation et d’information. Ce document ne prétend pas exposer tous les drames de différentes natures qui peuvent survenir au sein des couples et des familles. Il ne présume nullement que ces cas se retrouvent dans la majorité des familles ni que tous les pères maltraitent les mères et abusent de leurs enfants. Enfin, il ne traite pas non plus des problèmes particuliers que certains pères peuvent rencontrer. (Sisyphe)
Edité par l’association "Mères en lutte", tous droits réservés, mars 2000. Sommaire I. Mères en lutte II. Eléments de réflexion 2. Ces femmes qui résistent pour protéger leurs enfants 3. La loi du silence...appliquée 4. Pères incestueux : la nécessaire prise de conscience 5. Une problématique internationale I. Mères en lutte 1. L’association Origines Mai 1999, une jeune mère lyonnaise est incarcérée à la maison d’arrêt Mont Luc pour non-représentation d’enfant. Par "chance", V. ne séjournera que quinze jours en prison au lieu des douze mois prévus. Accueilli comme exemplaire par la presse et certaines associations, le verdict est aussi lourd que les raisons qui ont conduit V. à se mettre hors la loi : depuis des années elle se bat pour obtenir des mesures de protection pour sa fille aujourd’hui âgée de quatre ans et demi. En dépit du témoignage sans équivoque de sa fille, de nombreux certificats médicaux et des signalements auprès de la justice, elle ne peut actuellement plus protéger son enfant, contrainte de rendre visite à son agresseur. Scandalisées par la situation de V., plusieurs personnes sont entrées en contact avec elle dont des mères également désarmées dans leur démarche de protection. Nous avons en commun un parcours jonché de difficultés pour faire reconnaître les violences incestueuses infligées à nos enfants - presque toujours par des pères. Les rencontres nous ont permis de faire émerger un constat pessimiste : les problèmes ne sont pas individuels, il s’agit d’un problème structurel rencontré par de nombreuses mères séparées ou en cours de séparation. En effet, une mère qui tente de porter la parole de son enfant dans le cadre d’une séparation est d’emblée suspectée de manipulation, comme en témoigne le dossier rédigé par le Collectif Féministe Contre le Viol présenté fin 99 au ministère de la jJustice. Pour réagir contre ces dénis de justice, nous avons décidé de créer une association : nous sommes des "Mères en lutte". Enjeux Si tu parles, prison pour moi, foyer pour toi. Parce que nous sommes des mères, Ainsi, nos enfants, nos tous jeunes enfants ne sont plus les victimes des agresseurs qu’ils désignent, ils deviennent les victimes de leurs mères. Taxées de mères abusives, de manipulatrices, nous serions des vecteurs de névroses. Et tandis que l’on s’acharne sur nos piètres compétences éducatives, nos enfants sont oubliés, voire rendus à leur agresseur. Et par un phénomène qu’il aurait été difficile d’imaginer, les mères deviennent coupables ; ce sont elles que l’on condamne, pour non représentation d’enfants. Car si les agresseurs nient, les mères continuent de se battre, et ce combat, traduit comme un acharnement, se retourne contre les enfants. En cours de route, on aura oublié les témoignages (requalifiés en "allégations"), gommé la peur de l’agresseur ("climat maternel instable"), tant appliqué à démontrer les manoeuvres machiavéliques d’harpies hystériques. Des signes que nous n’avons pas vus, des dessins que nous avons jetés, des idées que nous n’avions pas ; un jour nos enfants nous envoient au détour d’une conversation ce qu’il est impossible d’admettre : des violences incestueuses. Si vite, c’est la vie qui s’écroule, un homme que nous avons aimé, un enfant que nous avons porté, les deux ont vécu dans le coin d’une chambre, sur le canapé d’un salon, un rapport qu’un seul a décidé. Ce "rapport", ces sévices sexuels, ce n’est plus la télé qui les raconte, ce sont nos très jeunes enfants ; ils ont moins de cinq ans. Des doigts dans les fesses, au pipi dans la bouche, des "j’aime pas ça" à "ça fait mal", les descriptions affluent. Mais cette parole qui les libère, qui nous anéantit, les conduit dans un autre cauchemar. Et si "par chance" nos enfants continuent de parler, quand ils le disent à la police, quand des experts psychiatres, reconnus sommités, valident leur triste vécu, c’est l’étau qui se resserre. Nos enfants ne risquent plus seulement alors de continuer à subir, ils risquent d’être séparés de leurs mères, prison pour elles, foyers pour eux. Tandis que l’agresseur est traité en victime, on valorise à l’excès toute trace de "tendresse", de "fibre paternelle"... Quand un parent viole en dehors du cercle familial, même si le combat pour ces enfants reste difficile, les "affaires" sortent de plus en plus ; on brise alors un premier tabou, celui de la pédophilie, son noir cousin l’inceste reste par contre à l’écart. Nos enfants ne sont pas plus à plaindre, mais leur souffrance est triple, et leur guérison incertaine : victime d’un parent, c’est leur construction qui s’effondre, victime d’abus sexuel, c’est leur corps d’enfants que l’on profane ; victime d’un tabou, c’est leur guérison qu’on leur interdit. Enferrés dans cette loi du silence, nos enfants n’ont, semble-t-il, pas d’autre choix que celui de se taire. Pourtant ces complots dont on nous accuse, ces manipulations dont on nous fait reines ne sont que des prétextes : nos enfants, les moins de cinq ans, nous abandonnent dans nos desseins lorsqu’ils miment, qu’ils pleurent, ou qu’ils dessinent. Notre force de persuasion a ses limites face à un enfant de cinq ans, celle des agresseurs aussi. Car les enfants parlent ... mais qui les écoute ? Nous, leurs mères, pour les défendre, les protéger sommes contraintes de les exposer plus encore. Parce que nous avons mis au monde ces enfants. Objectifs - Permettre à d’autres femmes et enfants de sortir de l’isolement et du doute. cliquer sur l’icône ci-dessous pour le télécharger. LIRE ICI DEUX EXTRAITS DE CE DOSSIER – Contrainte à la clandestinité pour protéger sa fille. Témoignage. Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 novembre 2003 Voir les autres titres de ce dossier à gauche en haut de cette page. |