L’Observatoire canadien du fémicide (sic) pour la justice et la responsabilisation (OCFJR) a récemment publié son rapport pour l’année 2020 : 21 femmes et filles ont été tuées par la violence impliquant des accusés de sexe masculin au Québec. C’est près du double de 2019, où elles étaient 11 à subir cette violence extrême. Nos gouvernements doivent agir !
Déjà en 2016, les Nations unies invitaient tous les pays à mettre en place un observatoire des féminicides et de la violence à l’égard des femmes, et de publier annuellement les données pertinentes sur le sujet. Ni le Canada ni le Québec n’y ont donné suite.
Pour le moment, c’est grâce à l’Université de Guelph, qui a créé l’OCFJR, que nous avons un peu d’information. Leur analyse confirme que les femmes et les filles sont tuées dans des contextes différents de ceux des hommes. Plus précisément :
– Les victimes de sexe féminin sont en moyenne quatre ans plus âgées que les victimes de sexe masculin.
– Les femmes sont plus souvent tuées dans des lieux privés, alors que les hommes le sont surtout dans des lieux publics.
– Les femmes sont plus souvent tuées dans de petites villes ou des zones rurales, alors que les hommes le sont surtout en zones urbaines.
– Les femmes et les filles sont plus susceptibles d’être battues, étranglées ou étouffées, alors que les hommes sont plus susceptibles d’être tués par balle.
– Les femmes sont plus susceptibles d’être tuées par leur partenaire intime ou un membre de leur famille, alors que, pour les hommes, cela résulte davantage d’interactions entre hommes, qu’ils connaissaient ou non.
– Les personnes accusées d’avoir tué des femmes et des filles sont plus susceptibles de se suicider ou de tenter le suicide que celles accusées d’avoir tué des hommes et des garçons.
Une étape essentielle
Ces données aident à mieux comprendre le phénomène, mais elles ne sont pas suffisantes. Par exemple, l’Université de Guelph n’a pas la légitimité nécessaire pour faire pression auprès des corps de police et des tribunaux pour obtenir toute l’information pertinente. Nos gouvernements doivent donc créer leur propre observatoire des féminicides pour mieux saisir les mobiles indicateurs menant à cette violence suprême afin d’y remédier .
De plus, il est temps que nos gouvernements reconnaissent officiellement les féminicides dans leurs lois et dans leurs politiques. Le Code criminel ne fait, par exemple, aucune distinction entre un féminicide et un homicide. Reconnaître la réalité des féminicides est une étape essentielle afin de mieux répondre et de mieux réagir à ce défi majeur.
Il y a eu près de deux femmes ou filles tuées par mois au Québec en 2020. Aurait-on pu prévenir ces féminicides ? La réponse est probablement oui, dans plusieurs des cas. Il est temps d’agir.