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mardi 28 septembre 2010

Toute vérité est bonne à dire : témoignage de Sylviane sur son expérience de la prostitution

par Sylviane






Écrits d'Élaine Audet



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Je lis vos échanges sur la prostitution depuis quelques semaines et ça me fait bien réfléchir au point où on en est dans notre monde fucké. Je ne trouve pas que vous dites toute la vérité et avant que vous me disiez de me la fermer parce que je ne serais pas "du milieu", je me présente. Je suis une ex, j’ai commencé à 13 ans initiée par mon petit ami de 20 ans qui avait besoin d’argent pour sa dope et ses études. Pendant deux ans, j’ai été sa vache à lait si l’expression ne choque pas trop sur ce distingué site... En réalité j’ai commencé avant si on compte la fin du primaire où des gars nous obligeaient à leur faire des pipes pour ne pas être autrement "taxées". Vous savez ce que c’est le taxage, on prend votre manteau, vos livres ou votre argent ou d’autre chose. Ça a toujours existé, mais on appelait ça autrement. À moi et d’autres filles, c’est des "services" sexuels qu’on demandait pour nous laisser tranquilles. Services, ha ! ha ! faites-moi rire.

À 15 ans, mon ami m’a lâchée, il n’avait plus besoin de moi, il s’en était trouvé une autre et j’étais trop droguée, ça lui coûtait plus cher de m’entretenir que ce que je lui rapportais. Je me suis essayée toute seule dans la rue, et là, j’ai rencontré des travailleurs de rue, gars et filles. Vous savez ceux-là qui se fendent la gueule pour défendre les droits des prostituées contre la maudite société mais qui ne lèvent pas le petit doigt eux-mêmes pour les aider. Ils m’ont offert des services, ha ! ha ! ha ! encore des services, des seringues propres et des capotes pour que je n’attrape pas le sida et l’hépatite C ou A, je ne sais plus. Ils ne m’ont jamais demandé si je voulais m’en sortir, ils ne font que de l’accompagnement, qu’ils ont dit, ils ne sont pas des moralistes eux. Ils m’ont dit que je pouvais leur parler parce qu’ils ne jugeaient pas. C’est bien ça le problème, tout le monde dit qu’il ne juge pas ou accuse les autres de trop juger et, en réalité, il n’y a pas grand monde qui se sert de son jugement. Ça donne les folies que j’ai lus, que la prostitution est presqu’un service social, les femmes ont bien le droit de donner du sexe aux hommes et les hommes d’en avoir, c’est un choix individuel, la sexualité est tabou, c’est une libération de se prostituer. Mon oeil. Vraiment y en a qui dérape. Dites-moi d’abord pourquoi vous ne le faites pas vous-même si c’est si beau que ça de se prostituer.

Je continue mon histoire. Un des travailleurs de rue a remplacé mon petit ami puisque j’avais besoin de la coke, il m’en fournirait si je faisais pour lui tant de "clients" par jour, et il me protégerait. J’étais pognée par la dope et en plus j’avais bien besoin d’attention, que quelqu’un s’occupe un peu de moi. N’ayez pas peur, le travailleur de rue s’est servi lui aussi, j’étais à sa disposition. Un de ces jours, il m’a parlé d’un pimp qui recrutait des filles de mon âge. Je pouvais pas continuer tout seule, qu’il me dit, il fallait que je sois "protégée" et lui ne pouvait plus. Je serais mieux dans le cheptel - excusez encore le mot - d’un caïd du milieu qui saurait me faire gagner de l’argent vite. De l’argent, j’en avais bien
besoin pour la drogue quand le travailleur de rue m’a laissé tomber à son tour, j’ai accepté la "protection" du pimp. Un gros cochon à cigare qui me prenait pour sa chose et m’obligeait à toutes ses saletés.

Ça n’a pas été long qu’il m’a posé ses conditions, je devais acheter ma dope de lui, lui verser un montant par jour pour la location de la chambre, un autre pour sa protection et un pourcentage de l’argent que je faisais des clients. Il me restait pas grand-chose. C’était pour mon bien, pour ma protection... En fait de protection j’ai eu plus de coups du pimp que des clients, une gang de désoeuvrés riches qui ne savent plus à quels divertissements se vouer. Il y avait dans ça des professeurs d’université et des juges pires encore que les petits ouvriers du coin. J’ai pas eu beaucoup de petits ouvriers, ils n’ont pas d’argent à gaspiller peut-être ou ils ont d’autres divertissements. J’ai passé 5 ans dans cette galère, le pimp m’envoyait à Vancouver, en Ontario, à la Baie James, partout au Canada. Il avait été question de m’envoyer ailleurs, je serais plus là pour vous écrire s’il m’avait envoyée dans son réseau en Asie ou en Europe. Car vous savez peut-être que ces gens s’échangent des femmes comme de la marchandise.

En plus de la drogue, je me suis mise à l’alcool parce que je ne pouvais pas me regarder en pleine face faire ce que je faisais. Vous devez vous demander comment ça se fait que j’en suis sortie. Un jour ma mère s’est suicidée et ça a été un choc, mon père, un gros bonnet des affaires, ne voulait plus rien savoir de moi depuis longtemps. Toute seule pour vivre cet événement... Une fois j’ai dépassé les bornes et il y a quelqu’un qui m’a trouvée inconsciente sur la rue et m’a conduite au CLSC au lieu de la police. J’étais pas en mesure de décider quelque chose par moi-même, ils m’ont mise dans une maison où un travailleur social me visitait régulièrement. C’est bien l’un des rares gars qui n’a pas essayé de profiter de la situation. Parfois, c’était une travailleuse sociale et parfois les deux à la fois, ils travaillaient en équipe. Aussi bien vous dire qu’ils ne m’en ont pas fait accroire, ils m’ont donné l’heure juste. T’as 20 ans, qu’ils ont dit, t’es capable de te sortir de cet enfer - pas de philosophie sur le travail du sexe travail comme un autre, pas de propos
complaisants pour m’amadouer et de grandes rationalisations pour que je ne pense pas qu’ils jugent. La vérité en pleine face. On peut t’aider, mais seulement si tu le veux, c’est ta vie, pas la nôtre, t’es en train de te détruire, mais si c’est ça que tu veux continuer, c’est ton affaire. Mais tu vas pas vivre vieille du train que t’es partie. Si tu veux t’en sortir, on va t’aider. T’es pas obligée de décider tout de suite, on va revenir et tu nous le diras. Mais fais-nous pas des accroire sur la soi-disant libération dans la prostitution, on connaît la chanson, t’es pas la première qu’on voit.

J’ai été dans cette maison de transition pendant des mois, j’étais fuckée complètement, pour faire une histoire courte j’ai été en désintox et ai rechuté. Je me suis sauvée et je suis revenue, des aller et retour plusieurs fois. Les travailleurs sociaux étaient patients, pas surpris pantoute des rechutes et des retours. Un de ces jours j’ai été assez bien pour leur demander qu’est-ce que je pourrais bien envisager dans l’avenir. Ils m’ont dit que c’est moi qui décidais, est-ce que je voulais trouver un travail, ils me mettraient en contact avec les centres de main-d’oeuvre, et on m’en trouverait, ou bien si je voulais étudier. L’un ou l’autre me donnait une peur bleue mais au bout du compte j’ai fini par étudier, j’avais bien du retard, j’ai fait le bout qui me manquait, il fallait que je traîne aussi les conséquences de mes années de drogue, d’alcool, les coups, le sexe à répétition, ça use. Mais j’ai fini par m’en sortir, un jour j’ai su qu’il y avait un point de non retour, c’est quand j’ai affronté dans un cours un professeur qui était un ancien client... Pour essayer de cacher son malaise, il était agressif contre moi et essayait de monter la classe contre moi. J’ai rien dit, pas révélé qu’il avait été client, et finalement, c’est la classe qui s’est montée contre lui et lui a demandé quelle mouche le piquait.

Vous parlez de travail comme un autre. La prostitution n’est pas un travail du tout, c’est une forme d’esclavage, on peut difficilement en sortir. La prostitution, un choix libre. Mensonge. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas quelques-unes - une bien petite minorité - qui décident d’essayer ça et le font librement, sans sombrer dans la dope et l’alcool comme la plupart. Et dites-moi quelle liberté a un enfant de 13 ans qui cherche l’amour, la reconnaissance de l’autre sexe - surtout quand son père l’a toujours méprisée, et qui se retrouve entre les mains de ces gens qui ne pensent qu’à l’argent et au sexe. Et la très grande majorité des prostituées adultes ont commencé quand elles étaient des enfants. Vous essayez de noyer le poisson dans toutes sortes de raisons édifiantes qui justifieraient la prostitution mais vous n’êtes pas honnêtes. Vous parlez de libération sexuelle, de sexualité, et tout et tout, dites donc la vérité : c’est pour l’argent que vous faites ça et parce que vous avez été entraînées par d’autres ou avez voulu comme moi défier votre milieu familial ou social sans savoir ce qui arriverait ensuite. La grande majorité des prostituées que j’ai connues n’étaient pas heureuses de leur situation mais ne savaient pas comment s’en sortir, à cause de la drogue et des dettes qui s’en suivent. Quand on se parlait entre nous, j’en ai jamais entendu une dire que c’était un métier enviable. Il y en a qui avaient peur que leurs petites soeurs suivent leurs traces.

J’ai fait du progrès, à maintenant près de 40 ans, mes études m’ont amenée à consulter des recherches sur les prostituées, sur le trafic des femmes, l’exploitation des enfants. Je ne sais pas qui vous représentez ici mais vous parlez pour un bien petit nombre car la majorité des prostituées, la très grande majorité ne voient pas la prostitution comme un métier, elles se sentent malprises et méprisées. Pas seulement à cause des préjugés de la société, par les clients et les proxénètes qui leur font sentir qu’elles sont de la marchandise entre leurs mains. Parfois aussi par celles qui disent vouloir le bien des prostituées et qui travaillent à les maintenir dans leur situation. Vous comparez ça avec le travail en usine, le mariage, etc. Déconnage. En usine, vous êtes libre de partir, dans le mariage aussi, le divorce existe mais dans la prostitution, souvent vous n’êtes pas libres parce que votre vie appartient à d’autres ou qu’on vous tient par la drogue ou la menace de violence.

Celles qui disent que c’est un choix individuel, voulez-vous me dire pourquoi vous voulez absolument que toute la société endosse votre choix individuel et le propose comme un métier acceptable. Merde, je suis contre. J’ai une fille de 12 ans et je ne veux absolument pas qu’on lui propose la prostitution ou satisfaire les besoins sexuels des hommes parmi ses choix de carrière. J’ai un gars de 9 ans et je ne veux pas non plus qu’il se mette dans la tête qu’il est normal qu’un homme considère les femmes comme des servantes sexuelles ou qu’il se mette à penser qu’il pourrait s’enrichir plus vite s’il devient proxénète plutôt que mécanicien ou ingénieur. Si vous étiez honnêtes, vous regarderiez dans les pays qui ont légalisé la prostitution et vous verriez que ça n’a pas changé la situation des prostituées, dans certains cas, ça l’a empiré, quand la prostitution est reconnue comme un service comme un autre, elles ne peuvent plus rien refuser et sont encore plus esclaves. Votre baratin qui chante les bienfaits de la prostitution est pur mensonge, et les hypocrites et moralistes, c’est vous autres parce que vous voulez imposer de nouvelles règles ou lois à toute la société, comme si vous déteniez toute la vérité sur le sujet. J’ai lu : laissez parler les prostituées. Lesquelles et combien ? Seulement celles qui pensent comme vous ? Je ne vois pas ce qu’il y a d’évolué à demander qu’on légalise cet esclavage. Il y a moyen d’offrir des services aux prostituées, y compris des services pour s’en sortir même si vous ne les mentionnez jamais, ces services-là, il y a moyen de cesser de les traiter comme des criminelles sans nous dire que la prostitution est un métier ordinaire.

Je pensais que le féminisme travaillait pour la libération et l’égalité des femmes, c’est pas dans la prostitution qu’on va trouver cela. Je ne peux pas dire que j’ai vu beaucoup de féministes aider des prostituées à essayer de s’en sortir, il y a l’air à en avoir plus qui essaient de les maintenir en faisant croire que c’est le plus beau métier du monde. Les groupes qui représentent les prostituées, est-ce qu’ils en aident à s’en sortir ou bien est-ce qu’ils se contentent de demander la légalisation de la prostitution ? Je me demande bien qui est derrière la propagande intense pour faire changer les lois pour rendre la prostitution plus acceptable. Il doit y avoir de gros intérêts financiers en jeux à voir comment on se débat pour justifier l’existence de la prostitution et il doit y avoir de gros bonnets qui tirent les ficelles à quelque part.

Peut-être que vous m’avez rencontrée sans le savoir dans les couloirs d’une université quand je faisais mon bac ou ailleurs. C’est la preuve qu’on peut s’en sortir mais pas en se faisant accroire que la prostitution est un beau métier en essayant de se valoriser à nos propres yeux et pas en menant campagne pour légaliser la violence. Il y en a qui rappellent les meurtres des prostituées de l’Ouest et elles ont l’air de dire que c’est de la faute des féministes qui sont contre la légalisation. C’est ridicule. C’est pas parce que la prostitution serait légale qu’il n’y aurait plus de violence envers les prostituées. Le mariage est bien légal et ça n’élimine pas la violence conjugale, le viol, etc. Il y a moins de gens qui aident
les prostituées à s’en sortir que de discoureuses sur les supposés bienfaits de la prostitution. Et ça, c’est un vrai problème. Sylviane.

Note - Ce texte a été adressé par son auteure à Sisyphe et à NetFemmes en réponse à un débat qui a eu lieu sur la liste féministe de NetFemmes, fin 2003 et début 2004. On comprendra que l’auteure signe d’un pseudonyme.


Marie, qui a été dans la prostitution pendant 9 ans, a répondu à Sylviane le 9 janvier 2004.

Je te remercie Sylviane pour ta sincérité. J’ai écrit il y a quelques jours
mes questionnements concernant justement la liberté de choix. J’ai aussi
fait de la prostitution pendant 9 ans. Et ce qui me choque, c’est que ce
sont souvent les prostituées qui veulent légaliser la prostitution qu’on
entend le plus, parce que les autres, elles ont souvent trop peur, trop
honte, pour dire ce qui en est pour vrai. Si à l’époque j’ai cru que c’était
un métier comme un autre, il m’arrive de penser que c’était probablement
pour me faire avaler la pilule à moi-même et me rendre ça plus acceptable à
mes propres yeux. Ça ne fait pas très longtemps même, que j’en ai parlé.
Depuis que je suis sortie du milieu, j’en avais jamais reparlé, même aux
plus proches de moi, par honte. Si c’était un métier comme un autre, il me
semble que j’aurais fais un autre choix. Je n’avais pas de pimp mais je
louais des chambres de passe où la dope coulait à souhait et où il y avait
tout de même une certaine protection...enfin. Mes amies, elles, ne croyaient
pas non plus que c’était un métier comme un autre et elles ont tout fait
pour s’en sortir. Malheureusement, toutes n’ont pas réussies et une en est
morte. Sans tomber dans la culpabilisation à outrance et dans le jugement de
ce que l’on a fait comme "supposé choix", et en ce sens j’utiliserais un
autre mot que moralité, je crois de plus en plus que ce n’était pas un choix
de se prostituer mais, et que si j’avais eu un réel choix, ce n’est certes
pas ce que j’aurais fait de ma vie. Mais comme toi, le besoin d’attention,
d’amour et de tendresse, la ferme conviction que seul ce milieu pouvait me
prendre comme j’étais, me comprendre, m’aimer, et plus tard le besoin de
dope pour geler le tout, tout ça m’a amené tranquillement à faire tout ce
que l’on voulait que je fasse.

Je n’ai pas subi de violence d’un pimp, mais j’ai dû me livrer à toutes sortes de bassesses pour la dope, pour un peu d’amour. Et puis la violence, ce sont les clients qui me l’ont fait vivre. Alors, nier le pouvoir que les clients ont, nier la violence qui est faite aux prostituées, raconter des histoires du genre que la prostitution empêche les hommes de violer et autres sornettes du genre, ce ne sont que des histoires pour nous faire avaler la pilule, et en fait, de plus en plus je me demande si bien malgré nous, nous avons joué le jeu de la promotion de la prostitution au grand plaisir des clients, des pimps et des pushers,
majoritairement des hommes. De la même façon que ce sont les femmes qui
promouvoient dans certains pays d’Afrique l’excision. Les hommes n’ont même
plus à le faire. Et comme je le disais dans un autre message, si c’était si
valorisant que ça, n’y aurait-il pas plus d’hommes qui feraient ce métier ?
Ça m’aura pris presque 15 ans pour sortir de mon mutisme et pour réaliser
que finalement, je vivais dans un monde de violence et que je subissais une
forme d’esclavage en pensant que la seule chose que je pouvais donner, et
pardonnez-moi mon ton un peu cru, c’était mon cul ! Marie

Mis en ligne sur Sisyphe, janvier 2004.

Lire également

« Prisonnière de la prostitution »
« C’est glacial comme histoire : témoignage de Jade sur son expérience de la prostitution ».
« Une trentaine de personnalités demandent au gouvernement canadien la décriminalisation des personnes prostituées, mais non de la prostitution ». Vous pouvez joindre votre voix à la leur.



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Sylviane



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  • Toute vérité est bonne à dire : témoignage de Sylviane sur son expérience de la prostitution
    (1/9) 27 juin 2011 , par

  • Il y en a qui prennent ça plus cool
    (2/9) 25 mai 2005 , par

  • > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    (3/9) 22 septembre 2004 , par

  • > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    (4/9) 27 janvier 2004 , par

  • > merci Sylviane
    (5/9) 24 janvier 2004 , par

  • > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    (6/9) 14 janvier 2004 , par

  • réponse au témoignage de Sylviane
    (7/9) 11 janvier 2004 , par

  • > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    (8/9) 10 janvier 2004 , par

  • > RE : Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    (9/9) 10 janvier 2004 , par





  • Toute vérité est bonne à dire : témoignage de Sylviane sur son expérience de la prostitution
    27 juin 2011 , par   [retour au début des forums]

    Sylvie, dans ton témoignage, la phrase-clé est vraiment celle-là :

    "Tout le monde dit qu’il ne juge pas ou accuse les autres de trop juger et, en réalité, il n’y a pas grand monde qui se sert de son jugement."

    C’est vraiment la cause de beaucoup de maux dans nos sociétés occidentales.

    Lire le superbe livre du Québécois Jacques Grandmaison, "Quand le jugement fout le camp". Génial.

    Il y en a qui prennent ça plus cool
    25 mai 2005 , par   [retour au début des forums]

    Ok. Partir travailler. Métro-boulot-dodo. Se lever, prendre sa douche, s’habiller, mettre son make-up. Courir à la garderie pour une. Se faire son premier hit de la journée pour l’autre. Appeler l’agence, prendre ses calls. Se retrouver dans la loge, dans le char, sur le coin de la rue. Prendre les dernières nouvelles de chacune. Pis c’est comment ? Occupé ? Tranquille ? Pis la police ? Passer à Stella. Prendre un café. Faire le plein de capotes pis de lubrifiant. Une chronique interstellaire de Claire Thiboutot, sur Cybersolidaires.

    Je ne sais pas si les capotes et le lubrifiant sont comptés dans les subventions que reçoit le groupe Stella. Si oui, tous les contribuables collaborent à banaliser et faire la promotion de la prostitution. Qu’ils le veuillent ou non. Et au petit "hit" (dope) de la journée peut-être aussi ? Et vive le progrès !

    > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    22 septembre 2004 , par   [retour au début des forums]

    Un texte enfin authentique. Je n’ai que récemment rencontré une prostitué, elle faisait du stop sur le bord d’une route, je ne suis pas d’un naturel bavard et j’ai compmpris au travers de notre bref échange ce qu’ell faisait comme "métier". Je n’ai pas cherché à comprendre avec des schémas mentaux, des conditionnements sociaux à comprendre, elle avait besoin de prendre son train pour entrer chez elle, je l’ai simplement déposée à coté de la gare quelques dizaines de kilomètres plus loin. Je trouve le comportement de ces femmes , pour leur survie, extrêmement courageux, limite suicidaire, sans aucune illusion sur la nature "humaine". Une certaine forme de fatalisme me désole, les pesanteurs perverses du monde sont lourdes à porter. Je dois être un idéaliste attardé. Que chacu fasse, à sa manière de petits gestes humains, ce ne sont que de petites goutte d’eau dans un déluge. L’essentiel c’est quelles existent.

    > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    27 janvier 2004 , par   [retour au début des forums]
    http://sisyphe.org/article.php3?id_=840-

    salut !

    je m’appel René, travailleur de rue dans les laurentides.

    je voie que tu n’a pas les travailleurs de rue dans ton coeur, je doit te dire qu’il existe beaucoup de travailleur de rue qui sont en fait des faux-travailleurs et qu’il serait dommage de nous mettre tous dans le mëme panier.

    il est probable qu’il sait dit travailleur de rue que pour profiter de la situation ou profiter de ta situation de, si je peut me permettre, désespoir.

    J’aurais aimé moi te connaïtre dans tes mauvaises années car je t’aurais aidé et j’en suis süre, tu aurais une meilleur perception de moi et mes compères de travailler(euse)s de rue.

    bien À toi !!!!!

    René Lavoie
    T.R.

    > merci Sylviane
    24 janvier 2004 , par   [retour au début des forums]

    Enfin, de l’air, de quoi respirer dans tout ce fatras pseudo intello tueur de vie que j’ai trouvé sur les sites traitant de la prostitution. Pourquoi ne pas plus prendre en considération les paroles femmes telles que vous, qui sont sorties de cet enfer, qui ont pu se reconstruire, avec courage, énergie et au prix de grandes souffrances aussi, plutot que de tenir un disours fataliste ?
    Pourquoi tous ces discours proférés par des gens qui marchent à côté de leurs pompes sont privilégiés plutot qu’une parole vraie, telle que la votre, qui remet la pensée sur ses pieds ?
    Croiraient-ils que si on a été dans la prostitution on soit incapables d’analyser et de penser ?
    Et oui, on s’excuse presque de prendre la parole pour parler d’un "sujet de société" qu’on connait bien...

    Bien sur on peut s’en sortir, à condition de trouver une porte de sortie.
    Quand on est là dedans, il y a une part de nous qui appelle une aide qui ne se présente pas. C’est la spirale du pire. Alors on se justifie à soi même, pour "tenir", pour s’adapter, des conneries du style "c’est mon choix".
    Je me suis sortie de ça, grace à une main tendue, j’ai repris des études, je travaille auprés des femmes et je n’ai jamais rien dit de ce parcours honteux. La honte comment cela se fait-il qu’elle soit pour moi ?
    Votre témoignage m’amène à considérer le travail qui reste à accomplir, 20 ans après, sur cette emprise d’une honte si bien relayée par un discours qui affirme que se positionner en tant que victime d’un discours, d’un système, des effets d’une éducation, ect, c’est se voiler la face car on est responsable de ses choix.
    C’est trés simple vu du bout de la lorgnette "intellectualisons" : on laisse les gens dans leur detresse car c’est de leur responsabilité...
    Je vous écris comme ça, d’un jet, avec émotion, car c’est bien la première fois que je peux dire, moi aussi, je connais ça, et ça, c’est votre parole qui m’a ouvert la porte. Merci.
    Josette

    > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    14 janvier 2004 , par   [retour au début des forums]
    En direct de Calcutta

    Je vous inviterais aussi à lire les commentaires suscités par ce texte de Sylviane qui ont circulé dans la liste netfemmes :
    de Marie-Neige : http://listes.cdeacf.ca/mhonarc/netfemmes/msg03726.html
    et de moi : http://listes.cdeacf.ca/mhonarc/netfemmes/msg03721.html. Et aussi ce courriel particulièrement nuancé de Roxane Nadeau : http://listes.cdeacf.ca/mhonarc/netfemmes/msg03719.html. Je vous invite également à lire les articles qu’elle envoie de Calcutta où elle est actuellement : http://www.cybersolidaires.org/actus/calcutta.html. Repassez par cette page-là pendant le Forum social mondial 2004 auquel elle participe avec 120 femmes de la plus grande association de travailleuses du sexe au monde. Peu après, elle couvrira le gigantesque festival qu’elles organisent chaque année à Calcutta depuis plus 12 ans.

    réponse au témoignage de Sylviane
    11 janvier 2004 , par   [retour au début des forums]

    Merci Sylviane !
    Enfin, on en laisse parler une ! Je suis très contente d’entendre enfin de la bouche d’une "ex" que la prostitution est de l’esclavage et que tous ces pseudo discours de pseudo intellectuelles (cf Badinter et consors) et soi-disant féministes sont des conneries monumentales et qu’elles ne savent absolument pas de quoi elles parlent.

    Merci de votre témoignage et votre franc parler qui en fera taire un certain nombre, qu’on en marre d’entendre nous raconter que les prostituées sont heureuses de faire ce "métier" et qu’elles l’ont librement choisi !

    Merci de clouer le bec à tous ceux qui, soi disant au nom des prostitué-e-s et pour leur bien, veulent perpétuer la forme la plus sauvage de domination patriarcale.

    Merci enfin d’avoir trouvé ce site pour éclairer ce débat sur la prostitution où on en est à la question : comment faire en sorte que le problème soit moins visible (en le légalisant) parce que vous comprenez, c’est "le plus vieux métier du monde", donc on peut rien faire contre...

    Ce serait bien que leur écriviez à ces pseudo féministes, qui je vous en informe au cas où vous ne sauriez pas, ont fait une pétition pour faire légaliser la prostitution et plaident leur cause en disant que "ces femmes" rendent un service à la société. Ecrivez-leur et demandez leur si elles aimeraient que leur filles soient prostituées plus tard, dites leur ce qu’il en est vraiment car dans cette société il y a des gens qui vivent sur une autre planète et qui se permettent de parler au nom de...

    bon, j’arrête là,
    MERCI encore.

    • > réponse au témoignage de Sylviane
      12 janvier 2004 , par
        [retour au début des forums]

      Merci Sylviane de ce témoignage,
      Le discours libéral en matière de prostitution n’entend que le son de cloche de celles qui revendiquent leur "métier", une minorité "adaptée" au sens darwinien du terme après 25 à 30 ans de trottoir ! Entre parenthèses, le discours libéral est le même en ce qui concerne les infractions au droit du travail (travail de nuit ou de week-end) au prétexte que ceux qui travaillent la nuit ou le week-end seraient bien payés et consentants !

      La lutte contre les abus et les violences devrait donc, dans cette optique, être systématiquement découplée de la lutte pour l’abolition de la prostitution et, au contraire, toujours selon ce discours libéral, il serait bien plus efficace de réglementer la prostitution pour le bien des prostituées elles-mêmes (check-up, préservatifs, etc...bref suivi total)
      foin du moralisme cul-serré !

      Comme si la prostitution n’était pas en elle-même une violence et un abus, en plus d’être l’appropriation de la sexualité féminine au profit des mâles !

      Merci à vous de dire que ce discours libéral, qui se veut tolérant et moderne, antitraditionnel (ce qui est un comble !), vous hérisse !

      Catherine Albertini

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    • > réponse au témoignage de Sylviane
      16 mars 2006 , par
        [retour au début des forums]

      je voudrais dire aussi a toute celle qui ne sont pas dac avec le fait que pour nous c’est un boulot comme tout le monde que c’est a cause de ce genre de discours la que nous n’avons tj pas avancer dans nos droits et nos statuts. Je voudrais vous donnez un exemple Souvant on entend dans les media le cas de personnes sans papiers engager a moindre cout travaillant comme des esclaves dans les cuisines des restaurant a la plonge est ce pour cela que nous devrions interdire le travaille dans les cuisine a la plonge a des personne qui ont fait le choix de ce meme travaille et qu’il le font dans un cadre tout a fait légale avec un salaire correspondant au barême.
      Pourquoi vouloir nous interdire ou pénaliser un travaille qui nous permet de nourrire nos enfants. Ne croyez vous pas que c’est avec ce genre de reaction que vous vous vous rendez responsable de nous marginalisé encore plus que ce que nous sommes deja. Et aussi il faut se poser la question pkoi une grande majorité de femmes n’ont jamais eu a faire a l’esclavage ni jamais rencontre de proxénetes ou meme quelque intimidations que se soit et que d’autres femmes on tout eu a la fois. MOI j’ai bosser pendant 10 and et je n’ai jamais rencontrez ni eu affaire ni, rien d’autres avec les macs la drogue ni copain violant.
      Faut arreter se genre de discour que ne servira qu’a une choses faire plus de mal que de bien. Et on veux que du bien !!!!

      [Répondre à ce message]

    > Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    10 janvier 2004 , par   [retour au début des forums]

    Merci Sylviane ! À vrai dire, je n’ai jamais trop bien su que penser de la prostitution. Là, je sais !

    > RE : Toute vérité est bonne à dire : témoignage d’une ex-prostituée
    10 janvier 2004 , par   [retour au début des forums]

    Merci pour ce texte éclairant.

    • > Témoignage édifiant
      19 mai 2005 , par
        [retour au début des forums]

      Bonjour,

      Merci pour le témoignage ; ça rassénère immensément de voir ses propres opinions confortées par une survivante... J’en ai aussi assez de la parole surmédiatisée de quelques personnes prostituées qui revendiquent ce "choix", genre Claire Carthonnet... Et qui à force de rabâchage parviennent presque à faire douter !

      Je comprends également votre rancoeur et votre rage contre 1) les travailleurs/euses sociaux corrompu-es et 2) les féministes "intellectualisant" la prostitution comme un choix ou un métier.

      Je respecte votre expérience et ne permets pas de la contredire, bien évidemment. Cependant, si pour les travailleurs/euses sociaux, je ne sais pas, n’en ayant jamais fréquenté, je voudrais adoucir votre colère contre le milieu féministe : sur les grands sites féministes que je fréquente, la position abolitionniste est clairement affirmée. Et E.Badinter brise les ovaires de tout le monde !

      Le débat se situe davantage au niveau : "faut-il plutôt éduquer les enfants pour leur faire mépriser les prostitueurs (comprendre : les *clients*), c’est à dire agir au préventif, ou pénaliser les prostitueurs par des peines d’amende voire de prison, c’est à dire agir au judiciaire ?". Personnellement je serais favorable à un programme s’articulant sur les deux mesures, la prévention sans répression me paraissant vouée à l’échec.

      Toute ma considération pour avoir réussi à vous en sortir. Le seul angle sous lequel le terme "victime" me gêne dans le contexte de la prostitution, c’est parce qu’il occulte la force de caractère exceptionnelle qu’il faut pour s’affranchir de cet esclavage.

      Avec tout mon respect,

      Sabrina.

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