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lundi 1er mars 2004 L’égalité entre les hommes et les femmes Il faut continuer d’avancer
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La ministre Michelle Courchesne vient de confier au Conseil du statut de la femme le mandat de définir un concept d’égalité entre les femmes et les hommes, à partir duquel il soumettra un avis sur les orientations et les priorités à retenir pour une nouvelle politique gouvernementale. S’il nous semble intéressant au Québec de regarder l’approche de l’égalité, c’est parce que nous sommes convaincues des inégalités persistantes vécues par les femmes et que l’égalité de fait reste d’abord et avant tout un objectif pour elles. Cependant, cet objectif ne sera jamais atteint si les conditions à la source de ces inégalités ne changent pas. Le recours à une nouvelle stratégie d’analyse, qui viendrait s’ajouter à l’approche spécifique développée jusqu’à maintenant au Québec, est une piste qu’il faut regarder afin de savoir si elle peut nous aider à atteindre le but. Avant de poursuivre, j’aimerais apporter une précision concernant le document produit par Sandrine Roll cité par Pierrette Bouchard sur ce site. Mme Roll est entrée en contact avec le CSF lors du colloque sur les études féministes qui s’est tenu à Toulouse en septembre 2002 et auquel plusieurs universitaires et chercheuses québécoises participaient. Mme Roll a effectivement sollicité un stage au Québec et le CSF l’a accueillie en pensant que ses réflexions sur l’analyse intégrée de genre pourraient être intéressantes. D’une part, je trouve regrettable que le travail d’une étudiante, réalisé de bonne foi, fasse ainsi l’objet d’une correction professorale acerbe sur la place publique et ce n’est certainement pas le traitement que nous souhaitons faire subir à nos futures stagiaires. En le mettant en ligne, nous pensions plutôt ajouter un outil pour la réflexion. D’autre part, le CSF n’a jamais entériné le document. Il ne s’agit donc aucunement du document de référence du CSF qui a plutôt l’habitude de développer ses propres analyses à partir de nombreux documents produits par différents chercheuses et chercheurs. Fermons la parenthèse. Depuis 30 ans, le regard que les femmes portent sur elles-mêmes et sur leur potentiel a été magistralement transformé. Regardons nos jeunes filles : elles ne se voient plus uniquement comme des mères ou des donneuses de soin. Elles peuvent devenir une Julie Payette ou une Michaëlle Jean, une Manon Rhéaume ou une Louise Arbour, une Micheline Bouchard ou une Lucille Teasdale. Bref, leurs horizons se sont décuplés. Et si la maternité fait rêver la majorité d’entre elles, elles savent désormais qu’elles peuvent aussi se réaliser autrement. Pour faire cette révolution pacifique, les femmes ont dû lutter sur plusieurs fronts : sur le plan juridique pour faire changer les lois qui justifiaient et amplifiaient les discriminations ; mais aussi sur les mentalités pour combattre les stéréotypes sexuels qui enfermaient les femmes dans des rôles extrêmement limités. Malgré ces progrès spectaculaires, les inégalités persistent. En effet, la maternité met encore en jeu l’autonomie économique des femmes et les métiers où elles sont concentrées sont encore aujourd’hui moins bien rémunérés que ceux où les hommes sont majoritaires. De plus, les rôles dans le couple ont relativement peu évolué et ce sont encore les femmes qui portent la responsabilité des soins aux enfants ou aux autres adultes en perte d’autonomie de leur entourage. Le pouvoir politique leur échappe encore, comme nous le confirme n’importe quel bulletin de nouvelles où défilent l’un après l’autre LE premier ministre du Canada, LE ministre des Finances ou les membres bien masculins du G-8. Enfin, que dire du problème de la violence conjugale ? Non seulement ces inégalités ne disparaissent pas, mais certains tentent même de les nier en invoquant les progrès accomplis par les femmes, notamment sur le plan scolaire. On entend de plus en plus des hommes déplorer les discriminations qui leur seraient faites les imputant aux excès du féminisme. Dans ce contexte, créé par des voix plus stridentes que représentatives, on peut comprendre la méfiance soulevée dans le mouvement des femmes par l’idée d’une nouvelle approche pour corriger les inégalités. Cependant, au Québec comme ailleurs, nombreuses sont les femmes qui travaillent au dossier de la condition féminine et qui constatent un certain piétinement, parfois même des reculs. Alors comment briser les résistances qui nous barrent encore la route vers l’égalité ? C’est à cette question à laquelle il faut continuer de chercher des réponses. Le CSF, qui depuis 30 ans se porte fièrement à la défense des droits et intérêts des femmes du Québec, est heureux de mettre toute son expertise au service de cette réflexion sur ce que pourrait devenir l’approche de l’égalité en terre québécoise, réflexion qu’il souhaite partager avec des femmes de tout âge et de tout horizon. Il va de soi que nous partirons de nos acquis et de nos réalités, de nos forces et de nos fragilités. Sans nier la persistance de stéréotypes et fort de son expérience dans l’analyse des rapports sociaux de sexe, le Conseil entreprendra sa démarche avec rigueur, discernement et audace. Car nous sommes persuadées que l’idéal d’égalité que poursuivent les femmes depuis si longtemps est un enjeu trop important pour négliger quelque effort que ce soit. Il s’agit d’une des conditions essentielles pour que le Québec reste à l’avant-garde des sociétés progressistes. Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 février 2004 |