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mardi 6 avril 2010

Le mystère de la pédophilie échappe au Vatican

par Jean-Claude Leclerc, professeur de journalisme






Écrits d'Élaine Audet



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Alors que l’Église officielle serre les rangs autour de Benoît XVI victime, selon l’Osservatore Romano, d’une « grossière propagande » à propos de prêtres pédophiles, des membres de la hiérarchie confirment la défaillance des autorités ecclésiastiques à l’égard des victimes. Toutefois, au milieu des révélations qui secouent l’Église, encore trop peu d’attention est portée au phénomène lui-même de l’exploitation sexuelle des enfants.

L’intervention du cardinal Angelo Sodano, peu avant la cérémonie de Pâques, aura confirmé la gravité de la crise. « Très Saint-Père, le peuple de Dieu est à vos côtés, il ne se laisse pas influencer par les commérages du moment », a-t-il dit. Le mot, applaudi à Rome, est mal accueilli ailleurs. « Quand nous prenons la parole pour dire comment des agressions sexuelles par des prêtres ont dévasté l’innocence de notre enfance, ce n’est pas des commérages », a déclaré Barbara Blaine, du Survivors Network of those Abused by Priests.

En même temps, parmi les évêques, d’autres voix continuent de déplorer l’attitude passée de l’Église. Ainsi, en Belgique, tout en réitérant que la pédophilie touche d’autres institutions, l’archevêque André-Joseph Léonard a reconnu que, des décennies durant, l’Église avait inadéquatement traité ce problème chez elle, alors que l’Évangile lui faisait une obligation de « protéger la dignité de ces enfants ».

Avec un « silence coupable », a-t-il dit, elle a souvent « donné préférence à la réputation de certains hommes d’Église » plutôt qu’à l’honneur des enfants alors agressés. Ces enfants, a-t-il ajouté, « nous devons, en déclarant la vérité, restaurer leur dignité qui fut abominablement exploitée ».

Hier, dans Le Parisien, son collègue Jacques Gaillot, ex-évêque d’Évreux, expliquait pourquoi il avait déjà accueilli un prêtre canadien coupable d’actes pédophiles. À l’époque, dit-il, l’Église fonctionnait ainsi. « On rendait service. On vous demandait d’accueillir un prêtre indésirable, et vous l’acceptiez. C’est ce que j’ai fait, il y a plus de 20 ans. C’était une erreur. »

En 1987, ce prêtre condamné plus tôt au Canada à 20 mois de prison, Mgr Gaillot, tout en sachant ces faits, l’avait nommé curé et même vicaire épiscopal. L’homme, récidivant en France, allait y être frappé de 12 ans de réclusion, en 2005. Au procès, rappelle l’AFP, Mgr Gaillot avait exprimé des regrets. Aujourd’hui dans l’Église, dit-il, les choses ont changé. « Maintenant, on s’en remet à la justice. On sort peu à peu de cette culture du secret. »

Le Vatican, en effet, oblige désormais les évêques à déclarer à la justice les cas de pédophilie au sein du clergé. Mais comment le contraire a-t-il pu si longtemps prévaloir ? Outre la réputation de l’institution, la méfiance des procès spectacles ou la crainte de scandaliser les fidèles, un autre motif expliquerait l’attitude des évêques.

Éléments de réponse

Pourquoi avoir caché ces affaires à la justice civile ?

Le procureur du Vatican, Mgr Charles Scicluna, en a donné des éléments de réponse à L’Avvenire le 13 mars passé. Dans les pays de culture juridique anglo-saxonne, dit-il, mais aussi en France, les évêques prennent généralement connaissance des crimes commis par leurs prêtres « hors confession », ce qui les oblige à recourir à l’autorité judiciaire. « Dans ces cas, précise-t-il, nous recommandons de respecter la loi civile. » Mais il note : « C’est une situation grave, car ces évêques sont comme un parent contraint à dénoncer son fils. »

On ne saurait nier le lien d’un évêque avec son clergé. Mais la comparaison avec les parents dénote une piètre connaissance des liens familiaux. Des parents hésiteront parfois à dénoncer un fils auteur d’un délit. Mais telle n’est pas la situation dont il s’agit. Quels grands-parents protégeraient un fils qui détruit ainsi leur petit-fils ? Comment lui confieraient-ils la garde de leurs autres petits-enfants ?

Qu’on écarte ces prêtres des écoles, qu’on les expulse du clergé, qu’on en tienne un « registre central » comme un bénédictin de Suisse l’a suggéré au Vatican, ces mesures ne sauraient éradiquer la pédophilie. Même les prisons où on les enferme de plus en plus n’ont pas encore trouvé la dissuasion ou la thérapie qui les corrigerait durablement.

Les sanctions que l’Église elle-même a imposées au cours de son histoire — jeûne, flagellation, confinement, interdit de contact avec mineurs, peine civile, expulsion du clergé ou même de l’Église — se sont révélées inefficaces. Pourtant, il existe de nos jours des travaux d’ordre social ou médical sur la pédophilie.

Ainsi, James Cantor dirige une équipe de recherche à Toronto sur les problèmes de dépendance et de trouble mental. Les meilleurs résultats, expliquait-il samedi au Globe and Mail, font croire qu’un développement anormal du cerveau avant la naissance serait à l’origine d’une telle déviation sexuelle.

Nuala Kenny, une religieuse catholique de Halifax, est éthicienne et pédiatre. Elle fut de l’enquête sur l’orphelinat de Mount Cashel à Terre-Neuve. Le rapport remis en 1990, a-t-elle déclaré au Globe, recommandait d’examiner plus avant les causes de ces agressions. L’Église n’y a pas donné suite. Avec l’humour d’une clinicienne, Soeur Kenny cite en exemple un mal de tête que l’on attribue au stress, alors qu’il provient d’une tumeur. Sans juste diagnostic, le patient va mourir.

L’Église catholique va-t-elle mourir ? À Pâques, d’aucuns ont posé la question dans la foulée des scandales. Les uns s’en remettent à Dieu, d’autres disent que l’Église a traversé de pires crises. Il serait surprenant, en tout cas, que le Vatican de Benoît XVI trouve le chemin de la guérison en s’en prenant à la malice des médias, à l’incurie des évêques ou à la faiblesse des prêtres. Un peu de science n’a jamais fait de tort à la foi.

 Source : Le Devoir, le 6 avril 2010



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Jean-Claude Leclerc, professeur de journalisme



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