L’enfant d’hier qu’on lui tienne la main
ou lui pointe l’horizon sait
que le désir reste son unique éternité
chaque ride te le dit aussi
Tant les blessures de la lumière
que de l’ombre se fossilisent
dans la pierre l’enfance les rêves
et nous laissent cris et beauté
L’hiver craque dans nos yeux
les branches couvertes de verglas
quand déjà en vol nous rêvons
de forêts profondes pour nos pas
Chaque mot comporte sa part
de silence de feu de cri
d’insolence l’envie un instant
d’étreindre l’impossible
Comment entre désir et déraison
ai-je pu te garder en mémoire
si loin dans cette mer sans rivage
permanence de l’effacement
J’avais rythmé mon pas sur l’infini
sur l’éternel retour du printemps
au confluent de l’espace du temps
l’immortelle jeunesse de l’amour
Depuis toujours le silence
reste la langue secrète de l’infini désir
invitation dès la naissance
à décrypter en soi la pulsation de l’air
Peu à peu monte la note soutenue
dans l’oreille absolue du vent
ce vertige quand la danse parfaite
de l’éclair traverse la pensée
Fidèle aux ailes de l’adolescence
je veux suivre l’envol du désir
son éternité ses métamorphoses
sa renaissance dans l’étincelle
J’ai appris à lire sur les lèvres
la beauté subversive des mots
à entendre se parer de silence
les plus clairs aveux de l’aube
Tu m’as appris à voir
comme on nettoie la suie sur les cils
la digitale des miroirs
et j’ai vu l’eau battre entre les lignes
J’ai appris à te reconnaître
dans la plus infime parcelle de bleu
à te chercher là où la pierre
éternise la trace du soleil et de l’eau
De même que le silence a une voix
la solitude sculpte sans fin
dans l’écume de l’absence
ou l’écorce du désir le rêve de voler
Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 avril 2017