| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






mercredi 1er octobre 2008

Démocratie, laïcité des institutions et égalité des sexes : des valeurs dont l’Occident peut être fier
"Démocratie et égalité des sexes", par Diane Guilbault

par Sisyphe






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Le voile est une barrière imposée aux femmes pour restreindre leur liberté et contrôler leur sexualité
Une nation et son crucifix
Pour une Charte de la laïcité au Québec
Débat sur les symboles religieux - Cachez cette chevelure que je ne saurais voir
Le voile, la FFQ et la laïcité
Opinion d’un juriste sur la position de la FFQ contre l’interdiction de symboles religieux dans les services publics
Revue de presse sur les symboles religieux et la laïcité dans la fonction publique au Québec
Laïcité au Québec - La FFQ adapte son discours à la direction du vent
C’est dans le Coran !
Pour la laïcité complète et visible dans les services publics au Québec
Femmes et laïcité
Affirmer la neutralité de l’État et interdire le port de signes religieux dans la fonction publique
La FFQ fait fausse route
Mon expérience d’immigrante au Québec
J’accuse la FFQ de trahir le combat des femmes
La place de la religion dans l’espace public selon des Québécoises musulmanes
Présence musulmane Montréal met Sisyphe en demeure de publier sa réplique à Djemila Benhabib
Trahison ? Je dirais plutôt courage et solidarité !
Signes religieux pour les employé-es des services publics - Retournons au vrai débat !
La FFQ défend la cause de toutes les Québécoises
Éviter la compromission avec l’islamisme







Présentation du livre de Diane Guilbault Démocratie et égalité des sexes, publié aux éditions Sisyphe en octobre 2008.

Au cours des cinq dernières années, des débats sur le rôle que veulent se donner les religions dans la vie civique ont secoué l’opinion publique au Canada et au Québec. Au Canada, la demande d’un groupe radical d’instaurer des tribunaux islamiques pour juger des causes reliées au droit de la famille a déclenché un vaste mouvement de protestation dans tout le pays. Au Québec, les vives réactions suscitées par une série de dérogations aux règlements, consenties pour des motifs d’ordre religieux, et qui remettent en question l’égalité des sexes, ont incité le gouvernement à créer une commission de consultation en 2007.

Les audiences de cette commission ont donné lieu à un exceptionnel exercice de démocratie. Toutefois, si les personnes invitées à s’y exprimer ont pu le faire librement, à la lecture du rapport des commissaires, MM. Gérard Bouchard et Charles Taylor, en mai dernier, on a pu constater qu’elles n’ont pas toutes été entendues avec la même objectivité ni la même empathie. Le point de vue féministe n’a pas reçu l’accueil qu’il aurait mérité étant donné que les « accommodements raisonnables » accordés au nom de croyances religieuses menaçaient d’éroder les droits des femmes. Les éditions Sisyphe ont voulu remédier à cette occultation en présentant un portrait global, incluant l’opinion féministe.

Diane Guilbault nous livre ici une synthèse limpide et convaincante sur les liens complexes entre démocratie, laïcité, religion et égalité des sexes. Elle adopte une position critique objective et mesurée, après avoir d’abord défini minutieusement les concepts autour desquels s’articule sa réflexion. Elle rappelle le contexte socio-politique à l’origine de « la crise des accommodements » que les présidents de la Commission Bouchard-Taylor réduisent à une « crise des perceptions ».

La chercheuse explique pourquoi les propositions du rapport de cette commission donnent une réponse inappropriée au profond malaise qu’éprouve une large partie de la société québécoise devant la contestation de ses valeurs et de règles adoptées à la suite de longs processus démocratiques, depuis quelques décennies. La question des accommodements n’a rien à voir avec l’immigration, dit Diane Guilbault, comme l’ont laissé croire les commissaires Bouchard et Taylor ; elle concerne plutôt l’adhésion d’individus à une lecture fondamentaliste et politique de leur religion. Cette lecture, associée à une interprétation des Chartes basée sur les croyances et les droits individuels ainsi que sur le multiculturalisme, conduit à l’amalgame de l’appartenance culturelle et de l’appartenance religieuse, cette dernière devenant pour plusieurs le fondement de leur identité. Une telle lecture incite à croire qu’il est légitime de réclamer des privilèges personnels au détriment des droits collectifs, notamment les droits des femmes.

Dans le contexte de la mondialisation, la religion représente un facteur qui ressoude les communautés éclatées que plus rien d’autre ne rassemble, ce qui profite à tous les fondamentalismes religieux. L’argument « accommoder pour intégrer », que privilégie le rapport Bouchard-Taylor, ne convainc pas la chercheuse : une démarche d’intégration, dit-elle, ne saurait se faire au détriment des droits et des valeurs communes de la société d’accueil. Les personnes immigrantes ont aussi un rôle à jouer dans leur propre intégration, notamment en apprenant à mieux connaître la culture du milieu dans lequel elles ont choisi de vivre et en respectant les valeurs démocratiques.

Une partie de la gauche québécoise et féministe associe la critique des accommodements, dispensés fort libéralement au nom de croyances religieuses, à une attitude fermée à « la différence », ce qui limiterait la réflexion. Au contraire, explique l’auteure de Démocratie et égalité des sexes, il faut mener plus avant une réflexion critique et un véritable débat sur la pertinence de ces accommodements.

Diane Guilbault ne se contente pas d’exposer les problèmes et d’analyser les diverses réponses proposées. Elle avance des solutions pour améliorer les conditions du vivre-ensemble de manière à ce que soient respectés, à la fois la liberté religieuse des uns, et les droits et les valeurs qui obtiennent une large adhésion au sein de la société québécoise. Une déclaration officielle de laïcité par l’Assemblée nationale et la déjudiciarisation du religieux guideraient les institutions publiques afin qu’elles apportent des réponses plus appropriées aux demandes d’exemptions qui menacent les droits.

Devant celles et ceux qui relativisent la question des droits des femmes en invoquant le respect des cultures et de la liberté religieuse – et, parfois, la nécessité de lutter contre l’impérialisme occidental qui impose ses valeurs –, Diane Guilbault reconnaît que le bilan de l’Occident est loin d’être parfait. Mais il compte à son actif des valeurs qu’il faut revendiquer et défendre avec fierté : la démocratie, la séparation de la religion et de l’État, ainsi que l’égalité des sexes. L’émancipation des femmes a certes entraîné des changements sociaux majeurs, écrit l’auteure, mais le sexisme existe toujours, perpétué par les discours des fondamentalistes religieux et des groupes conservateurs. Tout autant que la défense du français, il faut que la lutte pour l’égalité des femmes demeure une priorité au Québec.
Quant à la controversée question du foulard dit voile islamique ou à tout autre vêtement destiné à rendre les femmes invisibles, Diane Guilbault estime qu’il ne s’agit pas là d’un simple choix vestimentaire. Ce symbole est un discours qui traduit la subordination des femmes imposée au nom de diktats divins créés, interprétés et renforcés par des hommes de chair et d’os. Le port de ce voile s’accompagne souvent d’autres formes de restrictions de leurs droits. Si le droit de choisir est un gain des féministes, dit la chercheuse, tous les choix ne sont pas forcément féministes.

Rappelant que, partout au monde, des femmes refusent d’abdiquer leur liberté et que certaines le paient de leur vie, Diane Guilbault ajoute : « Pour conserver leurs acquis, les femmes doivent poursuivre leur combat en gardant en tête l’objectif fondamental du féminisme : l’émancipation de toutes les femmes. Il faut reconnaître que certaines règles religieuses sont discriminatoires […]. Appuyer les femmes qui les revendiquent pour toutes sortes de raisons ne peut être une position féministe. Au contraire : chaque fois que ces mesures discriminatoires reçoivent un appui, toutes celles qui luttent contre le sexisme à l’intérieur de leur communauté y perdent au change. »

La société a un devoir d’éducation et de protection des valeurs démocratiques, conclut l’auteure de Démocratie et égalité des sexes car, s’il est vrai que l’ignorance nourrit l’intolérance, il est aussi vrai que la tolérance découle parfois de l’ignorance.

Diane Guilbault a une formation en sociologie et en journalisme. Elle a travaillé en organisation communautaire et dans divers organismes de défense des droits, comme la Commission des droits de la jeunesse et le Conseil du statut de la femme, pour lequel elle a rédigé, notamment, « Les femmes âgées du Québec » (1999) et « Les femmes immigrées du Québec » (2005). Elle a fait du bénévolat pendant plusieurs années dans divers organismes communautaires dans les domaines scolaire, municipal et sportif. Diane Guilbault s’intéresse à la politique en tant qu’outil du mieux-vivre ensemble. Démocratie et égalité des sexes s’inscrit donc dans son engagement citoyen.

  • Diane Guilbault, Démocratie et égalité des sexes, Les éditions Sisyphe, Montréal, 2008. Format : 15cm x 6cm, 139 p., 12$ + 2$ (expédition postale). ISBN : 978-2-923456-10-2. En librairie.

    Articles sur ce livre :

  • Louise Mailloux, « Le livre de Diane Guilbault sur Bouchard-Taylor », L’aut’journal, 18 décembre 2008.
  • Pascale Navarro, « Le statut de la liberté », Gazette des femmes, CSF, janv.-févr. 2009.
    Bulletin de commande par la poste

    1 exemplaire : 12$ (+ 2,50$ pour expédition d’1 ou 2 livres). Joindre un chèque ou mandat au montant du nombre de livres commandés. Aucun livre ne sera expédié sans paiement préalable.

    Nom : _______________________
    Rue : _______________________ App. ________
    Ville : _______________________
    Code postal : _________________
    Courriel : ____________________

    Les éditions Sisyphe
    4005, rue des Érables
    Montréal, PQ
    H2K 3V7
    Courriel : sisyphe@globetrotter.net ou editions_sisyphe@yahoo.ca
    Téléphone : 514-374-5846

  • Pour commander par l’entremise de votre libraire, donnez-lui nos coordonnées ci-dessus. La taxe s’ajoute au prix de vente en librairie. Pas de commande par télécopieur.
  • En Europe.

    Demandez à votre libraire de s’adresser à notre distributeur :
    D.N.M./Distribution Nouveau Monde/Librairie du Québec
    30, rue Gay Lussac
    75005 Paris
    Téléphone=+33 1 43 54 49 02
    Courriel : direction@librairieduquebec.fr

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 septembre 2008



    Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
       Commenter cet article plus bas.
  • Sisyphe
    http://sisyphe.org



        Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

    © SISYPHE 2002-2008
    http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin