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vendredi 17 décembre 2004 Janette Bertrand, Andrée Ferretti, l’Agenda des femmes 2005 Des écrits inspirants par des femmes de parole
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Ma vie en trois actes de Janette Bertrand est une biographie aussi passionnée et généreuse que son auteure. Livre sur sa vie et ses écrits indissociablement. Lutte infatigable d’une femme pour exister à part entière, qui se conjugue avec celle des Québécoises pour se libérer du carcan patriarcal.
Cette vie traverse la Grande Noirceur, la Révolution Tranquille, l’élan féministe des années 70 et les années 90 avec le ressac tant féministe que social. Née en 1925, Janette Bertrand porte la mémoire d’un siècle et sait y fondre la sienne avec un bonheur évident. En 1990, elle est proclamée "femme du siècle" et, en 2004, un sondage la déclare la personnalité la plus admirée des Québécois, après René Lévesque. Qui n’a-t-elle pas touché par son "mal de mère", son inconcevable manque de confiance en soi, en dépit de tous les succès qu’elle n’a cessé d’accumuler tout au long de sa vie ? "L’enfant en moi qui n’a pas été aimé de sa mère croit encore qu’il ne mérite pas l’amour des autres. Cette quête d’amour, ce besoin d’être reconnue a marqué toute ma vie, la marque encore", écrit-elle d’entrée de jeu. Elle est sûre de l’amour de son père, mais seule fille dans une famille de trois garçons, elle ne cessera jamais de lutter pour lui prouver qu’une fille peut réussir aussi bien qu’un garçon. Mariage et vie professionnelle de front Puis, elle rencontre Jean Lajeunesse, diplômé des Hautes études commerciales (HEC), qui rêve d’être comédien, avec qui elle aura deux filles et un garçon. Ils deviendront au fil des ans l’image du couple et de la famille idéale. Impossible de ne pas penser à l’écrivaine Colette en lisant les passages où Janette Bertrand gagne la vie de la famille en écrivant pour la télévision de Radio-Canada les séries Toi et moi, Quelle famille ! et Grand Papa, que la critique ridiculise et déchire à belles dents, mais qui sont d’immenses succès populaires qui font d’elle, une des rares femmes qui vit de sa plume. Parce qu’elle est dyslexique, c’est Lajeunesse qui transcrit ses textes à la main et qui les présente aux producteurs, ces derniers gardant ainsi l’impression qu’il en est l’auteur. En vérité, elle a créé dans ses textes des rôles sur mesure pour son mari afin que ce dernier puisse se réaliser en tant qu’acteur aussi bien qu’elle-même dans l’écriture. Elle lui remettra toujours l’argent gagné afin qu’il le gère, s’astreignant volontairement à lui demander des "sous" pour ses dépenses, qu’elle cherche à réduire au maximum car, on lui a appris qu’une femme dépensière n’est pas aimée des hommes. Quand, après des années, elle dit à son mari qu’elle veut signer seule les textes qu’elle écrit, il ne le supporte pas. C’est la fin de leur amour et le divorce après 34 ans de vie commune. Mais la vie lui réserve la rencontre d’un deuxième grand amour avec le décorateur de théâtre Donald Janson, de vingt ans son cadet, avec qui elle vit encore aujourd’hui, libre et en parfaite harmonie. Il y a à peine quarante ans La trajectoire de Janette Bertrand nous fait réaliser qu’il y a à peine quarante ans, les femmes ne pouvaient rien faire sans l’approbation de leur père ou de leur mari. Elle nous fait partager toutes les luttes qu’elle a dû mener, comme beaucoup de Québécoises, pour faire accepter son droit inaliénable de décider seule de sa vie. Avec une détermination inébranlable, en dépit de tous les doutes qui l’assaillent sur sa propre valeur, elle trace un vrai parcours de libération pour elle-même et les autres femmes à qui elle ne cesse jamais de donner la parole. Dans bien des domaines, elle joue un rôle d’éclaireuse, mais c’est par sa volonté de briser le silence sur la sexualité, en particulier celle des femmes, qu’on se souviendra davantage de son audace. Dans les années soixante, elle crée des émissions d’information telles que Janette veut savoir, Comment ? Pourquoi ?, S.O.S. j’écoute, Parler pour parler et Janette…tout court. "Je ne veux pas trôner en haut d’une chaire et dire aux gens ce qu’ils doivent penser. Je ne suis pas un curé, je veux, de tout mon cœur, être une oreille à l’écoute des gens, apprendre d’eux", ce qui sera son éthique personnelle tout au long de sa vie. L’empathie, c’est-à-dire savoir se mettre dans la peau des autres. Son courrier du cœur hebdomadaire dans le Petit Journal, de 1953 à 1969, lui donne déjà une bonne dose d’expérience en ce domaine. Elle écrit également 52 dramatiques dans la série L’Amour avec un grand A et les miniséries dramatiques Jamais sans mon amour." Des sujets tabous Dans ses émissions d’information, elle traite du SIDA et fera une soirée d’information interactive mémorable, en 1989, au théâtre Capitol à Québec où, en compagnie de nombreux artistes, elle renseigne le public sur ce terrible fléau et la nécessité de porter le condom. Révoltée par les mutilations génitales féminines, elle montre à la télévision une vidéo sur le déroulement complet d’une excision. Elle est parmi les personnalités qui signent le manifeste pour l’avortement libre et gratuit. Elle consacre des émissions à l’homosexualité masculine et féminine qui permettent à plusieurs d’en finir avec la honte et la peur de s’assumer. Dans L’Amour qui tue, elle montre qu’il n’est pas besoin d’être grand et fort pour être un batteur de femmes. Elle dénonce la pornographie qui la blesse dans son intégrité : "Je n’aime pas que les femmes soient considérées comme des objets. Ça m’humilie. J’enrage quand on arrête une prostituée, mais en laissant courir, avec un petit sourire de complicité mâle, celui qui fait qu’il y a des prostituées. Pourtant, sans clients, il n’y aurait pas de prostitution !" Elle fait une émission sur le Rapport Hite qui révèle que seulement 35% de femmes atteignent l’orgasme par pénétration et que, contrairement à celle des hommes, la vie sexuelle des femmes est plus riche et plus satisfaisante après la ménopause et le restera jusqu’à leur mort. Une vraie bombe, conclut-elle ! Poser les bonnes questions Pour elle, "être féministe, c’est vouloir que les femmes soient traitées comme des êtres humains à part entière." Des thèmes dont elle discute à la télévision, elle écrit : "Dans le fond, je m’attaque souvent à ce qui m’apparaît un mystère et que je cherche à comprendre". Entraînant un public de plus en plus large à sa suite. Elle se considère "douée pour le bonheur", avec "la faculté de toujours rebondir" quelle que soit la peine ou les doutes. Elle accorde une grande d’importance à l’amitié avec ses filles et entre femmes. Elle a écrit cette biographie, "comme on parle à une amie, comme on se confie à quelqu’un qu’on aime. Et pour moi, quelqu’un qu’on aime s’appelle le public", ajoute-t-elle. Et, plus loin : "Je suis fière d’avoir participé à une révolution dont on parlera dans cent ans comme de la grande révolution des femmes. Je suis fière d’être québécoise parce que c’est au Québec que la révolution des femmes a eu lieu. Seules les Québécoises peuvent se dirent féministes sans passer pour folles. Dans les autres pays, en Europe et aux États-Unis, les féministes sont diabolisées." Elle se sent longtemps "snobée" par les groupes de femmes et les journalistes qui ne la reconnaîtront que tout récemment. En 1989, la Corporation professionnelle des psychologues du Québec lui rend hommage pour avoir "contribué de façon exceptionnelle au mieux-être psychologique des Québécois et des Québécoises". Elle reçoit de nombreux prix dont celui de l’Ordre national du Québec en 1992 et du Gouverneur général pour les arts de la scène en 2000. Tout n’est bien sûr pas d’égal intérêt dans ces 412 pages, à l’image en cela de la vie et des êtres. Janette Bertrand en conviendra qui dit plusieurs fois que rien ni personne n’est tout à fait blanc ou tout à fait noir. À lire pour partager la compagnie d’une femme attachante qui ne cesse jamais de vouloir élargir les espaces de conscience et de bonheur, pour se rappeler d’où nous venons. Un livre qui ne laissera personne insensible. Une femme dont la contribution sociale est incalculable. Quelle femme !, ne peut-on s’empêcher de penser en fermant le livre. Janette Bertrand, Ma vie en trois actes, Montréal, Libre Expression, 2004. *** Andrée Ferretti et Les grands textes indépendantistes Comme Janette Bertrand, Andrée Ferretti est fière d’être Québécoise et n’a jamais cessé de lutter pour que le Québec devienne un pays à part entière. Qui mieux qu’elle et son "presque frère" Gaston Miron, pour le premier volume en 1992, et elle seule pour le deuxième en 2004, pouvaient préparer une anthologie des grands textes indépendantistes, de 1774 à nos jours, et donner ainsi un outil de choix à notre réflexion sur cette question essentielle pour notre avenir collectif ! Cet ambitieux projet a vu le jour en avril 1991 et nécessité la recherche, la lecture, le découpage et le montage de milliers de textes qui jalonnent la marche du Québec vers la reconquête de son identité nationale. Le premier volume est divisé en deux parties : 1. Jalons pour la mémoire (de la Conquête à 1957). 2. Cap sur l’indépendance (1957-1992). Chacune de ces deux parties est subdivisée en deux chapitres regroupant : 1. Les textes qui expriment la pensée de tout un mouvement. 2. Ceux qui portent la signature d’une personne parlant en son nom propre. Enfin, dans une dernière partie sont résumées brièvement les prises de position indépendantistes de diverses personnalités et une courte bibliographie termine l’ouvrage. Le deuxième volume, outre la présentation et l’introduction d’Andrée Ferretti, est divisé en deux parties : 1. La nation en quête du pays (1992-1995), constituée surtout de textes écrits en vue du référendum de 1995. 2. Pourquoi et comment continuer le combat (1996-2003), où dès 2000, on s’interroge sur la façon de faire l’indépendance, en remettant en question la stratégie péquiste. Critères des choix Dans le premier volume, Andrée Ferretti et Gaston Miron écrivent que le critère qui a présidé au choix des textes est un engagement clair face à l’indépendance du Québec "sans ambiguïté d’aucune sorte, sans la soumettre à des conditions de réalisation autres que la volonté du peuple québécois". Ce qui implique la rupture avec le système fédéraliste et tout nationalisme qui ne le remet pas en question. Car le Québec, ayant été conquis et assimilé aux vainqueurs par la force des armes, n’en possède pas moins le caractère d’un pays "essentiellement fondé sur la possession, en droit et en fait, d’un territoire le Québec, et sur la prépondérance à l’intérieur de ses frontières, d’une langue, d’une culture et d’une dynamique sociétale commune à l’ensemble des Québécoises et Québécois de toutes origines". Il est intéressant de noter que, dans le premier volume, sur quatre textes péquistes retenus, trois sont de femmes soit de Louise Harel, Francine Lalonde et Lise Payette mais force est de constater que les Québécoises sont presque absentes de ce volumineux travail, à peine une dizaine d’entre elles figurant dans le premier volume et sept dans le deuxième. Soit parce qu’elles restent toujours minoritaires dans le domaine de l’écriture, soit parce qu’elles n’ont pas consacré la majeure partie de leur énergie à cet aspect de leur oppression. Au sujet de cette faible présence des femmes dans l’anthologie, Andrée Ferretti écrit dans sa présentation de 2003 : "Forcé de sabrer dans le manuscrit, j’ai opté pour la conservation du plus grand nombre possible de textes écrits par des femmes et par des jeunes, quand, par leur thématique et leur argumentation, ils se comparaient avantageusement à beaucoup d’autres. J’ai en outre considéré le fait que les premières représentent le plus imposant bataillon et le plus dévoué des militants de l’ombre, et que les seconds tiennent notre avenir entre leurs mains. Il n’en demeure pas moins que leurs textes occupent une part congrue du volume, étant effectivement peu nombreux dans le corpus indépendantiste." On y retrouvera des textes d’Anne Légaré, Hélène Pelletier-Baillargeon, Lise Bissonnette, Mona-Josée Gagnon, Louise Beaudoin, Hélène Pedneault et Élaine Audet. Vaincre l’aliénation et la peur Dans la remarquable introduction du premier volume, Andrée Ferretti et Gaston Miron dégagent les traits caractéristiques du discours indépendantiste à chaque étape de la lutte du peuple québécois pour se libérer de la domination étrangère et décider de son propre destin. On y note que, contrairement à ce qu’on croit, le Québec a toujours été ouvert sur le monde et influencé par les grands mouvements d’émancipation qui l’agitent que ce soient les révolutions française et américaine, le mouvement de décolonisation des peuples, la lutte pour le socialisme et le mouvement de libération des femmes. Mais, tout au long de notre histoire, parallèlement à la rébellion, à l’impertinence joyeuse et frondeuse de notre peuple face aux Anglais, progresse cette aberration qui consiste à nous voir et définir selon leur regard. A nous concevoir comme partie intégrante d’un pays qui nous est si totalement étranger. Comment expliquer ce comportement, lit-on dans l’introduction, sinon par le refoulement de la Conquête anglaise qui a fait de nous un peuple colonisé et une minorité dominée au sein du Canada. Jusqu’à ce jour, nous avons échangé notre intégrité contre une intégration sécurisante en laissant à d’autres le pouvoir de décider pour nous. Le Québec s’est replié sur une identité folklorique et continue à être lié aux alliances et aux choix de la majorité canadienne, à son ingérence constante pour limiter les miettes de juridiction qu’elle lui a consenties. Petit à petit, il est arrivé à considérer sa domination comme normale et à intérioriser le rôle de continuel perdant auquel l’accule systématiquement l’État canadien. Différence entre nationalisme et indépendance On trouve dans cette anthologie une critique incisive du nationalisme qui s’est borné à lutter pour la sauvegarde de notre langue, de notre culture et de notre religion sans viser une pleine émancipation politique par le rapatriement de tous les pouvoirs dans l’État québécois et l’indépendance politique, économique et culturelle du Québec. Critique nécessaire d’un nationalisme peureux incapable d’en finir avec la dépendance et l’aliénation qui se borne à réclamer un nouvel aménagement de notre fondamental état de colonisés minoritaires au sein du fédéralisme canadien pour qui, on l’a vu depuis toujours, la moindre revendication d’autonomie de notre part est une menace inacceptable. Une telle stratégie de quêteux, défensive plutôt qu’offensive et créatrice, qui caractérise "le nationalisme traditionnel et actuel, maintient le Québec dans le passé, l’enferme dans le provincialisme, l’obligeant à un perpétuel recommencement des mêmes luttes, nées des mêmes revendications, en vue des mêmes objectifs", écrivent Ferretti et Miron pour qui "l’indépendance est la condition sine qua non à la réalisation d’un projet de société". Ainsi, en nous laissant envahir par la peur et en refusant de prendre les risques qu’impliquent la liberté et la maîtrise de notre destin national, nous renonçons à ce projet de société nouvelle que les mémoires soumis aux diverses commissions mises en place par les gouvernements péquistes par la majorité du peuple québécois (mouvement syndical et coopératif, mouvement des femmes, unions des producteurs agricoles, groupes populaires, artistes, écrivains etc.) appellent de tous leurs voeux, car nous ne possédons pas les leviers de pouvoir qui nous permettraient de la réaliser. Entériner la notion de "société distincte", de province parmi d’autres au sein du Canada, c’est renoncer à l’affirmation de notre identité nationale et à notre droit de créer un État québécois libre et indépendant en mesure de transformer la réalité selon nos aspirations les plus profondes. Cette anthologie est un instrument indispensable pour comprendre les enjeux de l’indépendance, saisir la constante volonté de libération de notre peuple à travers son histoire et la diversité de ces voix qui toutes nous convient à briser l’engrenage de la dépendance et de la soumission. Les textes sont précédés de notes biographiques sur les auteur-es et on trouvera, à la fin de chaque volume, une chronologie des événements politiques relatifs à la question nationale, accompagnée d’une bibliographie sélective. Les éditions Typo présentent les deux volumes en format poche dans un beau coffret à prix modique. Au moment où le débat sur l’importance de la question nationale bat son plein au sein de la gauche, Les grands textes indépendantistes constitueront sans doute un outil de choix pour permettre aux indécis-es de se faire une idée claire sur la nécessité "de la réalisation conjointe et indissociable de l’indépendance politique et de l’émancipation sociale" du Québec. Andrée Ferretti, armée d’une patience et d’une persévérance à toute épreuve, a accompli un travail gigantesque en élaborant cet ouvrage essentiel, pétri dans la pensée et les rêves de plusieurs générations de Québécois et de Québécoises. Andrée Ferretti et Gaston Miron, Les grands textes indépendantistes (1774-1992), Montréal, Typo, 2004. *** Changer le monde au quotidien Dans son agenda 2005, sous la direction d’Anne-Marie Brunelle et de Mélanie Navarro, rédactrices du défunt et regretté magazine Recto-Verso, les éditions du remue-ménage ont réuni douze portraits de femmes qui ont contribué à l’histoire des droits des femmes et des droits humains. Chacune d’elles raconte son parcours personnel, les événements déterminants qui l’ont marquée, ce qui la motive dans son engagement et, à la fin de chaque entretien, parle d’une femme qui l’a inspirée. On y retrouve Louise Arbour (Canada), Haut commissaire des droits de l’homme à l’ONU, May Chiu (Québec) avocate engagée dans la communauté chinoise de Montréal, Jan J. Dominique (Haïti), romancière et journaliste, Nawal El Sadawi (Égypte), écrivaine bien connue pour ses luttes contre les mutilations génitales, Ellen Gabriel (Québec), peintre et présidente de l’Association des femmes autochtones du Québec (FAQ), Monique Ilboudo (Burkina Faso), écrivaine et juriste de formation, Latifa Jbabi (Maroc), présidente de l’Union de l’action féminine du Maroc (UAF), Godeliève Mukasarasi (Rwanda), militante pour la paix et l’aide aux personnes en détresse, récipiendaire du Prix John-Humphrey pour la liberté, Joëlle Palmieri (France), éditrice du site féministe Les Pénélopes (penelopes.org), Madeleine Parent (Québec) militante féministe, syndicaliste et pacifiste, Juanita Westmoreland (Québec), juge à la Cour du Québec, Ronit Yarovsky (Québec), membre fondatrice des Femmes en Noir de Montréal. L’histoire de chacune de ces douze femmes est inspirante et passionnante. Comme par le passé, on trouvera à la fin un annuaire des services existant au Québec et une section alphabétique pour les adresses et numéros de téléphone. Cet agenda nous fait découvrir ou retrouver des femmes d’ici et d’ailleurs en marche pour créer un monde de justice, de paix et de liberté pour toutes et tous. "Il faut que ce soit amusant, stimulant, plaisant de militer et de s’engager ! C’est dans l’amour, dit Ellen Gabriel, qu’on trouve la force de travailler à changer le monde. Il faut se rappeler toujours que, malgré les embûches, c’est le seul chemin." Agenda des femmes, Des femmes que le monde a changées, Montréal, Remue-ménage, 2005. Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 décembre 2004 |