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jeudi 18 février 2016 M. Martineau, vos "jokes de mononc" ne passent plus
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Cher « Journal », Je me surprends, ce matin, à lire cette chronique de Richard Martineau "Les filles, c’est nono" (projet de monologue). Je vous le dis en toute honnêteté, je n’achète jamais votre « journal ». Une amie m’a envoyé la chronique sur Facebook avec la mention : "voyons donc esti". Je lis ladite chronique. Je la termine. Je dois dire que je ne suis pas arrivée à lire le texte d’un seul coup. J’ai dû m’arrêter, plusieurs fois. Je m’arrête à ces lignes « les femmes font pitié » et blabla blabla. Et à d’autres encore, que je suis encore surprise d’avoir lues. Et je termine le texte. Et j’en ressens une énorme colère. Pas la petite exaspération d’avoir eu un ticket de parking. Une colère abyssale. Et puis, une immense tristesse. On s’entend. Je comprends tout à fait le rôle que joue le chroniqueur « d’opinions » dans votre « journal ». Son mandat est de faire vendre de la copie à scandales, et il le fait très bien. Ceci n’a rien à voir avec Richard Martineau. J’ai même partagé l’article sur Facebook et, le faisant, j’ai contribué à votre visibilité, à la sienne et à votre paye mutuelle. N’oubliez pas de me remercier. Mais cette colère et cette tristesse de ce matin, elles sont encore là. Abyssales j’vous dis. Je dois dire que vous êtes mal tombés : cela fait maintenant 1 an et demi que je fais de la recherche sur le genre et sur la violence contre les femmes. Ce n’est probablement ni le temps, ni l’endroit de vous dire qu’une femme sur 3 au Canada a été victime d’une agression sexuelle. Ce n’est sans doute pas le bon moment non plus pour vous dire que les femmes - 51% de la population - souffrent d’une pression extrême depuis un très jeune âge, que leur éducation genrée donne lieu à une intériorisation de leur statut de dominées. S’ensuivent les conséquences graves que toutes et tous connaissent : insécurité physique et mentale, manque de confiance en soi, ségrégation des espaces publics donnant lieu à une mobilité restreinte, particulièrement la nuit, culte de la beauté maladif… et j’en passe. Il y aura des femmes pour dire que « c’est pas vrai, ces affaires-là », « qu’on est pas dominées ». Comme d’habitude, on va probablement mettre ces femmes en page couverture d’un « journal » quelconque pour discréditer les critiques. Il y a des femmes qui ne sont pas féministes. Il y des juifs antisémites. Il y a des algériens colonialistes. Que voulez-vous… Il y aura aussi le "boy"s club and friends" pour me dire que je prends cette chronique beaucoup trop au sérieux et que je n’ai pas d’humour. Je ne veux pas gâcher votre plaisir, mais l’humour et le rire prennent beaucoup de place dans ma vie. Et svp soyons honnête : ce n’est pas d’humour dont il s’agit. On parle de mépris et de haine de l’autre. Et ça, c’est jamais drôle. Entre deux chroniques d’opinion et les résultats des Canadiens de Montréal, peut-être n’avez-vous pas eu le temps de suivre l’actualité. Je me permettrai donc de vous rappeler quelques faits saillants des derniers jours : – Roosh V appelle à une manifestation dans plus de 150 villes à travers le monde. Ses propos concernent, entre autre, "la légalisation du viol s’il est commis sur une propriété privée". Le texte invitant à la manifestation explique que des attaques contre les femmes étaient à envisager.
J’avais pourtant l’impression que cette violence était évidente. J’avais pourtant l’impression, en voyant ces photos de jeunes femmes qui passent sur les médias sociaux, qu’on était solidaires. Qu’on était une grosse gang à dire non. J’ai regardé Lise Payette, Koriass, la mère d’une des jeunes femmes à "Tout le monde en parle", dimanche, et je me suis réellement dit : les choses changent. On s’en rend compte. Tout le monde applaudit quand Koriass parle de féminisme, je me suis dit : eille, ça, c’est du changement ! Et on revient à la case départ… En publiant cette chronique, vous participez à ce continuum de violence envers les femmes. Je n’ai pas pu faire de plainte au Conseil de presse, vous n’en faites pas partie. Je dois dire que je trouve ça assez honnête : au moins, vous n’avez pas la prétention de vous prendre pour un média informatif de presse écrite. Alors ce matin, ma colère, ma tristesse et moi-même sommes allés prendre une petite marche. Je me suis arrêtée dans un café, et j’ai fait la liste de TOUTES LES COMPAGNIES QUI ONT ACHETÉ DES ESPACES PUBLICITAIRES DANS VOTRE « JOURNAL ». J’en ai fait une liste détaillée. Voici donc les noms des compagnies, leur site internet/numéro de téléphone. Je vous le dis d’emblée : je publierai cette lettre dans les médias sociaux. Je l’enverrai à toutes ces compagnies citées plus haut. J’envoie une copie à vos patrons, soit madame Lyne Robitaille, monsieur Marc-François Rouleau, madame Denise Lareau et madame Sandra Desjardins. Vous avez une majorité de femmes patronnes. J’en suis tombée en bas de ma chaise. J’invite toutes mes amies, tous mes amis, ma famille ainsi que tous les gens qu’ils/elles connaissent à faire de même. Je vais en envoyer une copie au bureau de Pierre-Karl Péladeau, juste de même. Et une copie à son ex-femme aussi, peut-être. Ensuite, je vais prendre une heure de mon temps pour envoyer mon texte à tous les endroits que je juge pertinents, afin d’être bien sûre que cette chronique reçoive le traitement qu’elle mérite. Monsieur Martineau, cela n’a rien à voir avec vous… ou presque. Vos "jokes de mononc", ça passe pu. Votre party is over. Sincèrement pas des vôtres, – Page Facebook de l’auteure. Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 février 2016 |
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