Manifeste en solidarité avec les femmes de La Via Campesina, au Brésil : signez ce manifeste en appui à ces femmes. Voir plus bas.
Quand La Via Campesina brise le mur du silence médiatique et parvient à mettre sur la table le débat que les médias ne voulaient pas entendre...
Dans la nuit du 7 au 8 mars - veille de la journée mondiale des femmes - 2000 femmes d’organisations membres de Via Campesina Brésil - réunies à l’occasion du Forum « Terre, territoires et dignité », cf. article analyse - ont « envahi » (pour reprendre le terme toujours utilisé par les médias à ce sujet...) une propriété de la société Aracruz Celulose dans l’État du Rio Grande do Sul, et détruit en quelques minutes, sous le regard horrifié de journalistes invités pour l’occasion, les pépinières d’eucalyptus et un laboratoire de recherche. Il fallait s’y attendre, dès le lendemain, les journaux se déchaînaient, pour affubler La Via Campesina et le MST des pires épithètes, au nom de la défense de la propriété privée et de la recherche scientifique. Mais pourquoi provoquer les foudres de façon aussi brutale et aussi prévisible ?
Peut-être était-ce là une manière de mettre sur la table ce débat que les médias refusent de traiter d’un point de vue objectif : il s’agissait, pour ces femmes et pour les sans terre et petits agriculteurs en général, de dénoncer la propagation de ces « déserts verts », les plantations d’eucalyptus, monoculture forestière entre les mains de transnationales étrangères visant à la fabrication de papier, qui détruisent tout sur leur passage : la biodiversité et les sociétés humaines qui auparavant vivaient sur ces terres.
Car finalement, créer le scandale par cette action coup de poing - de « désobéissance civile », d’aucuns diront -, c’est se donner l’occasion de pouvoir parler du modèle agricole que l’on défend - la production d’aliments pour le marché interne, et non de la culture destinée à l’exportation, obligeant le Brésil à importer ses aliments !-, des conséquences sociales et environnementales de ce type de culture (à rapprocher du soja ou de la palme à huile entre autres), de la conception que l’on a de la recherche scientifique... Une manière très osée de forcer la discussion. Le débat secoue encore la société brésilienne, et pour un bon moment, semble-t-il.
Au sujet des « déserts verts », nous vous invitons à lire l’article publié sur le RISAL : « Quand les arbres sont un désert », par Hector Alimonda
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Bonsoir,
Vous trouverez ci-dessous le manifeste de solidarité avec les femmes de
la Via Campesina et autres personnes inculpées dans l’affaire Aracruz
Celulose (la liste de ces personnes se trouve en fin de message). Je
pense que le texte est suffisament clair, mais s’il faut faire un rapide
rappel des faits, je peux le faire aussi. Sinon, lire le dernier numéro
d’Info Terra, rubrique actualité de la réforme agraire.
Je suis chargée par le MST/Via Campesina de rassembler un maximum de
signatures en France et en Europe d’ici mercredi prochain. Déjà
lundi, 17 avril, journée mondiale des luttes paysannes, nous enverrons
la liste des signatures obtenues.
Pour l’instant, j’essaye de centraliser les signatures, donc si vous
souhaitez le signer, merci de le faire en répondant à ce message, et en
mentionnant vos nom, prénom, organisation (s’il y en a une) et pays.
Vos signatures sont à envoyer à l’adresse : vdm@fdh.org.
Vous êtes bien évidemment invités à diffuser ce message à votre carnet
d’adresse !!
Par avance un grand merci, et je vous souhaite un bon week-end.
Isabelle
QUAND LES MUETTES ROMPIRENT LE SILENCE
I
Il y avait un silence, sépulcral
Sur dix-huit mille hectares volés
Aux peuples tupi-guaraní
Sur dix mille familles quilombolas
Expulsées de leurs territoires
Sur des millions de litres d’herbicides
Déversés sur les plantations
Il y avait un silence confus
Sur le chlore utilisé
Dans la blanchiment du papier
Produisant des toxines cancérigènes qui agressent
Les plantes, les bêtes et les gens
Sur la disparition
De plus de quatre cents espèces d’oiseaux
Et quarante de mammifères
Du nord de l’Etat d’Espirito Santo
Il y avait un silence infranchissable
Sur la nature d’une plante
Qui consomme trente litre d’eau par jour
Et qui ne donne ni fleurs ni semences
Sur une plantation qui produisait des milliards
Et des milliards de dollars
Pour une demi douzaine d’hommes seulement
Il y avait un silence épais
Sur des milliers d’hectares accumulés
Dans les Etats d’Espírito Santo, Minas, Bahia
Et Rio Grande do Sul
Il y avait un silence complice
Sur la destruction de la Mata Atlantica et des pampas
Pour la culture homogène d’un seul arbre :
L’eucalyptus.
Il y avait un silence acheté
Sur la volupté du profit
Oui, il y avait un silence global
Sur les capitaux suédois
Sur les entreprises norvégiennes
Sur le grand système bancaire national
Enfin,
Il y avait un immense désert vert
En concert avec le silence.
II
Soudain
Des milliers de femmes se réunirent
Et détruisirent, muettes,
L’oppression et le mensonge
Les muettes poussèrent un cri
Soudain
Et tout aussi soudainement
Le rire de la bourgeoisie se fit épouvante
Il devint grimace, confusion.
III
L’ordre se leva, incrédule,
Clamant le progrès et la science
Proférant des imprécations en des termes orduriers
Obscènes et vulgaires
Journaux, radios, magazines,
Internet et télévision,
Annonceurs,
Hommes d’affaires beaux parleurs,
Conseillers rampants,
Techniciens bien-pensants
Les gouvernements chancelants
La droite vociférante
Et tous les extrémiste du centre
Répondirent en choeur, leur firent écho,
De réunions en déclarations
Pour défendre le capital :
« Elles ne peuvent pas rompre le silence ! »
Et ils crièrent à la décapitation !
IV
Soudainement,
Subitement,
Des milliers de femmes
Détruisirent le silence
Ce jour-là
Sur les terres dites d’Aracruz
Les femmes de la Via Campesina
Furent notre geste,
Furent notre voix.
(Manifeste d’hommes et de femmes en solidarité avec les femmes paysannes
de la Via Campesina)
17 avril 2006, Journée internationale de la lutte paysanne
– Pour signer ce manifeste, envoyez votre signature à : vdm@fdh.org
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Voici la liste des personnes inculpées par la Police, mais le Promoteur
ne s’est pas encore manifesté à ce sujet, et elle n’est pas encore
arrivée entre les mains du Juge :
1. Adriana Maria Mezadri
2. Luciana Maria Passinato Piovesan
3. Luci Luiza Piovesan Rodrigues
4. Noemi Margarida
5. Corinne Chantal Dobler - Suisse -volontaire avec le Mouvement des
femmes paysannes
6. Salete Girardi
7. Fatima Girardi
8. Elisiane de Fatima Jane
9. Loiva Lourdes Rubenich
10. Paul Charles Nicholson - Espagnol - Dirigeant de La Via Campesina
internationale
11. Juara Ferrer de Sanches - République dominicaine - Secrétaire
générale de la CLOC
12. Henry Saragih - Indonésie - Secrétaire général de la Via Campesina
internationale
13. Irma Maria Ostrosky
14. Fabio Augusto de Medeiros Lopes
15. Maria Leda Sommer
16. Marcelo Lucas da Silva
17. Manoela Nicodemos Bailosa
18. João Pedro Stédile
19. Marise da Rosa Guaragni
20. Gomercindo Gonçalves
21. Celio Roberto Teixeira Pinheiro
22. Juberley da Silva Mendes
23. Nerci Lourdes Veiga da Silva
24. Luciana de Brito Luz
25. Clarice Rosa Luz
26. Marcia Teresinha D’Avila
27. Matilde Luíza dos Santos
28. Geovane Marlisa Moer
29. Rute Flores Ribeiro
30. Edson Jair Paixao Madril
31. Julia Teles
32. Oracelia Ribeiro Chaves
33. Maria Rodrigues
34. Maria Leonor Batista
35. Lisamara Souza Rodales
36. Maria Selena Ferreira Rodales
37. Ofélia Madril
Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 avril 2006.
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