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mercredi 25 avril 2012 Le retour des religions, synonyme du retour du bâton contre les femmes !
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D’Iran aux pays africains, nord-africains et asiatiques, en passant par l’Égypte, l’Israël, la France et jusqu’aux États-Unis, les extrémismes religieux rampent. Partout, les religions et les extrémismes religieux se propagent comme une maladie dans cette société patriarcale mortifère et très violente. Dans certains pays, ils sont déjà au pouvoir, dans d’autres ils cherchent à le conquérir. Actuellement, l’islam est le numéro un sur le podium dans cette propagation. Si les extrémistes religieux n’imposaient leur idéologie qu’à eux-mêmes, il n’y aurait pas tant de craintes à avoir. Mais ils cherchent, au contraire, à restreindre les libertés, en premier lieu celles des femmes, et à contrôler. Les hommes, en s’appuyant sur leurs dieux et en les utilisant, assujettissent les femmes à leurs lois : petites filles privées de l’éducation, mutilées sexuellement, forcées et contraintes au voile, au mariage et à l’enfantement... Sans aucun recours, aucune alternative, aucun autre horizon possible. Toute leur vie est régie, décidée par la volonté des dieux inventés par les hommes. Tous les détails de leur vie sont contrôlés par les lois soi-disant divines : leur menstruation, leur sexualité, leur éducation, leur ventre, leur sexe, leur finance, leur héritage, leur pouvoir/non pouvoir économique, leur liberté de se mouvoir, la force de leur travail... Et, à chaque fois, elles sont traitées comme des sous-êtres. Pourquoi les religieux (aucune religion n’a été inventée par des femmes) soumettent-ils tant les femmes à leurs dieux ? Pourquoi dans presque toutes les religions les femmes n’accèdent-elles jamais au rang des hommes ? Pourquoi l’homosexualité est-elle condamnée par la plupart des religions ? Elle est considérée comme un crime par l’islam. Un crime qui conduit à la peine de mort. (1) La même peine est appliquée aux femmes qui ont des relations extra-conjugales. Religion, institution patriarcale En fait, la religion est l’une des institutions du patriarcat. Ainsi, la religion renforce l’appropriation des femmes par les hommes. En étant basée sur la neutralité de l’État en matière religieuse, la laïcité garantit la liberté de conscience et d’expression. Elle est un premier rempart pour protéger les femmes des religions, mais elle ne les combat pas en tant qu’outil de la répression des femmes. Pourtant, sans la laïcité, aucun espace n’est possible pour l’émancipation des femmes. L’apartheid sexiste ne se pratique pas seulement en Iran, en Arabie Saoudite ou en Afghanistan. Les extrémistes juifs aussi polluent l’espace public dans certains endroits d’Israël. Ils sexualisent et séparent les bus en deux parties : les hommes devant, les femmes derrière. À l’identique de ce qui se fait depuis plus de 30 ans dans les bus et métro iraniens. Comme d’ailleurs dans les mosquées du monde entier ! L’avortement n’est pas seulement interdit et pénalisé en Iran ou Arabie Saoudite, mais aussi en Pologne et en Irlande. Barak Obama, dont l’élection à la présidentielle a été reçue par les médias patriarcaux comme un progrès pour l’humanité, « a signé un décret qui restreint l’usage des fonds fédéraux pour couvrir les avortements ». (2) Dans beaucoup de pays comme l’Arabie Saoudite, le Pakistan, l’Afghanistan, les pays d’Afrique... les petites filles n’ont pas le droit à l’éducation. En Afghanistan, combien de petites filles aimant l’école et voulant apprendre à lire et à écrire sont brûlées à l’acide, ont leurs oreilles ou le nez coupés par les hommes-dieux, afin de les empêcher d’aller à l’école ? Encore aujourd’hui, chaque année, 2 millions de petites filles sont excisées ! Encore aujourd’hui, ils lapident des femmes parce qu’elles refusent de se soumettre à leur mari ! Elles n’ont pas de droit sur leur propre corps. Leur corps appartient aux hommes : mari, frère, père… En Arabie Saoudite, le Dr (sic) Salih bin Fawzan, membre du Conseil islamique d’Arabie Saoudite donne une fatwa légitimant le mariage des enfants, autrement dit la légitimation de la pédocriminalité. La fatwa affirme « qu’il n’y a pas de minimum d’âge pour le mariage, et que les filles peuvent être mariées, même si elles sont au berceau. » (3) Pourtant, face à toutes ces régressions et oppressions, les femmes, partout dans le monde, individuellement ou collectivement, résistent et luttent contre leurs oppresseurs et surtout contre leurs oppressions basées sur les lois religieuses. Contre l’interdiction de conduire en Arabie Saoudite, les Saoudiennes se mobilisent, se mettent en réseaux avec des féministes d’autres pays, et se donnent rendez-vous pour conduire un jour toutes ensemble, pour contrer les imams et muftis qui leur interdisent de prendre le volant (4). Elles obligent ces imams à accepter qu’elles vendent de la lingerie ! (oui les Saoudiennes n’ont pas le droit de vendre quoique ce soit, sauf... leur corps !! ) En réaction, « le mufti cheikh Abdelaziz Al Cheikh déplore, lors de son sermon du vendredi 30 décembre 2011 que « les femmes vont vendre et compter l’argent », ce qui est « contraire à la religion », ajoute-il. Il a averti les boutiques concernées qu’elles commettaient un « crime interdit par la loi islamique ». Face à toutes ces répressions, aussi bien en Égypte qu’en Tunisie, Algérie, ou Iran, ce sont des femmes qui s’emparent de tous les moyens de lutte - la rue, le web, les rassemblements, différentes campagnes - pour s’émanciper du poids de la religion. Aujourd’hui en Iran, il y a un fort mouvement politique, où les femmes sont très actives et oeuvrent pour la séparation des religions et du politique. Autrement dit la laïcité. Ce sont des femmes qui ont commencé la lutte contre le diktat des théocrates en Iran dès le lendemain de l’arrivée au pouvoir des islamistes. Logique, ce sont elles qui étaient visées par l’apartheid sexiste des islamistes. Car l’islam, comme toutes les religions, prend son pouvoir en s’attaquant à la dignité et à la liberté des femmes : les juges femmes ont été destituées de leurs postes (« elles sont trop sentimentales pendant leurs règles », disent les ayatollahs), les femmes sont mariables à partir de 9 ans, puis de 13 ans (pédocriminalité légalisée), elles ont perdu leur liberté et ont été rabaissées au statut de mineure à vie sous tutorat d’un homme. Depuis plus de 30 ans, les ayatollahs à chaque soubresaut populaire, fléau, catastrophe naturelle ou sociale, montrent du doigt ces femmes comme responsables. Ils les attaquent verbalement dans leur prière du vendredi, après quoi elles deviennent sujets des pires répressions, poursuites et lynchages dans des rues d’Iran, pour « mauvais héjab » (6) . La société islamique est constituée de trois castes : les émissaires mâles (représentants des dieux), les autres mâles et les femmes. Dans ces sociétés, tout est sexualisé : les bus, métro, rues, universités, parcs, afin de chosifier les femmes et, en contrôlant le corps des femmes, avoir le contrôle sur toute la société. Par ailleurs, aucun des pays islamiques n’a ratifié le CDAW (7), tout comme aucun de ces pays n’est abolitionniste en matière de prostitution. En revanche, dans tous ces pays, la prostitution est une pratique courante. Car elle permet de faire une hiérarchie entre les femmes qu’ils disent « pures » et celles qu’ils disent « impures ». À chaque campagne de répression des moeurs, ce sont les personnes prostituées qui sont d’abord punies, lapidées, brûlées (8), diabolisées, ensuite toutes les femmes et, par là même toute la société. Dans ces jeux de pouvoirs et de répressions, les puissants occidentaux se montrent indifférents et méprisants face au sort des femmes. Ils font preuve de solidarité masculine en soutenant les mâles au pouvoir dans les pays sous diktat des islamistes. Ce mépris des femmes affecte aussi celles qui sont sur le sol occidental. Combien de crimes dits « d’honneur » ? En Angleterre, le relativisme culturel a été poussé à son extrême, jusque dans les lois. Il n’y a pas une loi pour toutes mais chaque communauté (religieuse) applique son propre code de la famille à « ses » femmes. Ainsi, combien de Pakistanaises, de Bangladaises... subissent le mariage forcé, se voient refuser le divorce ? (9) Toutes ces injustices et tous ces crimes perpétués contre les femmes montrent que toutes les cultures, à des degrés différents, prônent l’esclavage des femmes. L’utilisation de la religion est un moyen efficace pour les assujettir. Si, en Europe, l’islamisme a pu prendre une telle ampleur, a réussi à imposer le voile dans l’espace public, ne serait-ce pas parce que les États et institutions européennes sont misogynes (10) ? Les islamistes s’en prenant en premier au corps des femmes avant d’attaquer le reste de la société, cela n’a pas préoccupé le patriarcat européen. Et celui-ci, se cachant derrière le "respect des cultures", les a laissés pousser comme des mauvais champignons en Europe. On nous parle de culture, de respect des cultures, du voilement des femmes comme produit culturel. (Mais quel respect pour les femmes ?) Au nom de ces principes, on va laisser des pays comme l’Iran imposer aux J.O. leur vision ségrégationniste contre les femmes avec des sportives voilées. Tout comme aujourd’hui, en Tunisie, les islamistes intimident et font pression dans les universités pour imposer leurs femmes-fantômes afin de faire accepter le voilement des femmes comme norme. Ils nous disent que le voile est culturel. Pourquoi alors l’État théocrate iranien a-t-il besoin de tant de polices des « moeurs », « de luttes contre mauvais héjab, et corruption sur terre ! », « orientation islamiste », « lutte pour la sécurité nationale », pour uniquement harceler les femmes, contrôler leur corps et les contraindre au voilement ? Pourquoi alors tant d’appareils policiers différents pour surveiller les femmes et la manière dont elles portent le voile ? (11) Pourquoi alors en Arabie Saoudite la police avait-elle empêché les filles d’une école de se sauver de l’incendie et les avait-elle repoussées à l’intérieur de l’école en flammes et obligées à y rester et y être brûlées vives parce que, sous la panique, elles n’avaient pas leur voile ? (12) Pourquoi alors en Malaisie la police des moeurs oblige-t-elle les petites filles et les femmes à se voiler correctement ? Et pourquoi cette police fouette-t-elle les femmes en public pour avoir bu une bière ? La laïcité est un espace nécessaire pour l’émancipation des femmes du joug des religions. Après avoir été malmenée par Sarkozy et le sarkozisme (14), la laïcité est aujourd’hui instrumentalisée par tous les fascismes : l’extrême-droite, des islamistes barbus et des activiste pro-voile !(15) Car la plupart des progressistes et des intellectuels de « gauche » ne se soucient ni du sort des femmes ni de la lutte contre les religions. Des théoriciens islamistes prétendent qu’en Iran, après la révolution, le héjab a libéré les femmes ! Seulement, ils lisent mal l’histoire. Les femmes ayant participé à la révolution, les faire rentrer à la maison n’était plus possible, Khoméni a donc décidé de les voiler pour pouvoir encore les contrôler. Car depuis des décennies que les femmes sortent du domicile, fréquentent l’espace public, travaillent... peu à peu elles se libèrent de leurs diverses chaînes. Il fallait donc réagir. Comme le corps des femmes obsède les religieux, et surtout les islamistes, le voilement des femmes rend visible l’appropriation de leur corps par la classe des hommes. En luttant contre les religions qui envahissent et polluent l’espace public, en n’acceptant pas tout et n’importe quoi au nom de la culture, et en respectant avant tout la liberté des consciences et des individu-e-s, on peut arriver à vivre en paix. Ne rien dire, ne rien faire, c’est laisser les religions, surtout l’islam, occuper l’espace public. C’est restreindre toutes les libertés, surtout celles des femmes. * L’auteure est aussi l’une des éditrice du site Lesbiennes féministes Baham. Notes 1. Seulement en Iran, jusqu’à présent on compte officilement 18 pendaisons pour l’homosexualité, dans d’autres pays, on en ne parle pas, cela laisse penser que la situation peut etre aussi pire. Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 avril 2012 |