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dimanche 15 mars 2009 L’équité pour les femmes en cinéma
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Alors que les femmes ont pris place dans la plupart des sphères de pouvoir de la société canadienne, que ce soit à la Cour suprême, au gouvernement, dans les affaires, la santé ou l’éducation et même dans l’exploration de l’espace, il semble qu’il reste un lieu très difficile à pénétrer et c’est la réalisation de longs métrages au Canada. La dernière ronde de décision de Téléfilm Canada (février 2009) indique que ce sont des hommes qui réaliseront les sept longs métrages retenus et aucune femme. On constate ici une situation aberrante pour les réalisatrices, qui sont pourtant des multiplicatrices qui devraient pouvoir, tout comme leurs confrères, transmettre leurs valeurs et leur imaginaire aux auditoires canadiens. Dans les institutions comme Téléfilm Canada, on nous répond souvent que les femmes ne présentent pas de projets. Rappelons d’abord que ces projets sont surtout présentés par des producteurs. Si les producteurs, qui sont des gens d’affaires oeuvrant dans une industrie hautement concurrentielle, constatent d’après les statistiques que leur projet n’a que 13 % de chances d’être accepté s’il est réalisé par une femme, pensez-vous honnêtement qu’ils seront tentés de le faire ? Et les réalisatrices, voyant aussi ces résultats, peuvent-elles se sentir à leur place à Téléfilm dans de telles conditions ? Le public canadien est également en droit de s’attendre à une plus grande diversité des points de vue. L’équité entre les hommes et les femmes est la deuxième valeur que les Canadiens considèrent la plus importante, et la première valeur pour la population du Québec. L’image que projettent les choix de Téléfilm Canada donne à penser que les réalisatrices ne sont pas bienvenues à Téléfilm et, pire encore, si rien n’est fait pour corriger cette situation, que les autorités de Téléfilm avalisent cette situation d’inéquité. Nous savons que vous pouvez changer les choses. Vous l’avez fait à plusieurs reprises, notamment en créant une « initiative » pour inciter les autochtones à produire des longs métrages. Cela a donné des résultats concluants puisque vous avez soutenu quatre longs métrages autochtones en 2007-08, selon votre rapport annuel. Nous applaudissons à cette volonté de faire place aux exclus par des mesures concrètes qui donnent de tels résultats. Or les femmes représentent près de 51 % de la population canadienne. Et les jeunes femmes, qui représentent 45 % des cohortes étudiantes en cinéma et 68 % en télévision, sont en droit de s’attendre, en 2009, à ce que l’État et ses institutions leur fassent une place juste et équitable dans le milieu audiovisuel et qu’elles puissent, tout comme leurs confrères, exprimer leurs valeurs et leur imaginaire en long métrage comme dans tout autre genre audiovisuel. Il est temps également que le public ait accès à une vraie diversité des genres dans les émissions et les films offerts par les médias et qui sont, soulignons-le, presque entièrement financés par l’État. Voilà pourquoi nous souhaitons l’implantation de politiques et de mesures de changement qui pourront contribuer à améliorer la présence des imaginaires et des préoccupations des réalisatrices sur nos écrans. Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 mars, 2009. Comme antidote au pire qui a été dit dans les médias sur la dénonciation publique des réalisatrices Équitables cette semaine, il y a eu la chronique de Josée Boileau, journaliste de qualibre, et l’une des rares dont le point de vue a résonné comme un vent de bienfait et qui remet les choses en perspectives. Vous pouvez écouter son commentaire à l’Émission Samedi et rien d’autre aujourd’hui, en dernière partie (vers 10h50). En gros, voici son superbe commentaire qui aide à atténuer ma colère ! Josée Boileau donne un pointage de – 40 au gouvernement Charest, et de + 178 pour les 178 réalisatrices qui ont dénoncé l’absence des réalisatrices dans le financement des films de fiction : C’est mon sujet 8 mars. Je trouve ça déplorable. Quand les réalisatrices ont dénoncé ça cette semaine, on s’est beaucoup moqué d’elles en disant : « Ben là, il s’agit d’avoir du talent, de foncer, de déposer des projets, et le blablabla habituel... », or ce collectif-là a été formé il y a 2 ans. La première année, elles ont publié une lettre pour demander une attention accrue SVP, ça n’a pas marché. La 2e année, elles ont fait une étude démontrant la décroissance du financement des films de fiction réalisé par des femmes... et quand on dit qu’elles se rattrapent dans le secteur documentaire, ben il faut savoir que 30% des documentaires financés sont réalisés par des femmes et elles n’ont que 18% du financement. Bref, les femmes n’arrivent pas à avoir l’argent et pour faire de la fiction ça prend de l’argent. Elles ont dit : « on pourrait-tu avoir des petites mesures incitatives, genre comme les programmes spéciaux dont bénéficient les autochtones ? » Ça n’a pas marché. Cette année, elles haussent un peu le ton et ont dit : « peut-on penser aux quotas ? », et tout le monde leur est tombé dessus en disant « ben voyons donc, c’est dépassé ! ». Mais moi, ce que je me dis, c’est que dans 40 ans on va probablement applaudir ces femmes-là en disant que ce sont des pionnières. À chaque fois, dans l’histoire, que les femmes sont arrivées avec leur revendications pour demander quelque chose et améliorer leurs conditions, et dans tous les domaines, on a commencé par se moquer d’elles. Moi, je veux les applaudir à pleines mains et rappeler qu’il n’y a jamais eu un Oscar qui a été décerné à une réalisatrice et qu’il y a eu seulement une palme d’or décerné à Jane Campion et ça fait des années. Les femmes sont absentes de la fiction et c’est un drame ! Propos rapportés par Ève Lamont, réalisatrice |