Le 6 décembre 1989 à Montréal
Des mères incrédules découvrent
Que l’arme à retardement de l’envie
Vient d’abattre leurs 14 filles en plein vol
Une mère seule apprend atterrée
Que son fils chargé de haine est le tueur
D’un bout à l’autre du monde en l’an deux mille six
Des femmes des filles tombent sous les coups
D’un mari d’un ami d’un proxénète d’un prosti-tueur
Victimes d’un désir insatiable de contrôler
Leurs ventres leur esprit leur sexe leur cœur
De les mettre à genoux muettes et soumises
Au nom de Dieu de l’honneur du droit de propriété
Des femmes des filles meurent lapidées
Défigurées par l’acide brûlées sur des bûchers
Vendues violées torturées immolées en série
Avilies enfermées gardées en ignorance
Au service de générations d’hommes sans merci
D’un bout à l’autre de leurs voix de leurs pensées
Des femmes des filles resserrent leurs liens
De leurs mains tendues au-dessus de la peur
Font de leurs yeux des puits de savoir
De leurs lèvres des oasis de douceur
De leurs corps des tremplins d’amour et de liberté
Que feront les chasseurs d’ici et d’ailleurs sans proies
Restés seuls ils n’auront plus qu’à tuer leur ombre
Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 novembre 2006.
Lire Ode aux sur-vivantes, poème écrit au lendemain du massacre de Polytechnique en 1989.