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mardi 13 décembre 2011

Un forum féministe se remémore le massacre de l’École Polytechnique

par Meghan E. Murphy, The F Word






Écrits d'Élaine Audet



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Vancouver, le 6 décembre 2011 – Lors d’un forum d’éducation populaire pour mettre fin à la violence contre les femmes, qui s’est tenu au centre The Cultch du quartier East Side de Vancouver, le 3 décembre, plus d’une centaine de participantes et participants ont rappelé le souvenir des 14 femmes assassinées à l’École Polytechnique de Montréal, il y a 22 ans. Ce forum faisait partie des nombreux événements organisés partout au pays à cette occasion.

Quatorze autres personnes, 10 femmes et quatre hommes, avaient également reçu des blessures lors du massacre de Montréal, le 6 décembre 1989.

Les personnes réunies à Vancouver ont parlé, écouté, et élaboré des stratégies axées sur la résistance féministe à la violence contre les femmes. La journée a été remplie de tristesse et de force, d’inspiration et de frustration, alors que les femmes discutaient de leur pouvoir et des difficultés de lutter contre la violence de genre dans un monde patriarcal.

Bon nombre des récits partagés étaient très personnels. Même s’il était impossible de ne pas relier son propre vécu à cette violence systémique, le fil conducteur des interventions de la journée a été la responsabilité des autorités politiques. Comme l’a déclaré Daisy Kler, une membre de la South Asian Coalition on Ending Violence Against Women : « La violence contre les femmes est une question politique : une question de pouvoir et de domination, et non une pathologie individuelle. »

Colonisation au coeur de la violence contre les femmes

Lors d’une table ronde intitulée « La trahison par l’État des femmes battues », Angela Marie MacDougall, de l’organisme Battered Women’s Support Services (BWSS), a souligné que « la colonisation est au cœur de la violence contre les femmes ». Cette réalité a été rappelée aux participant-es à plusieurs moments de la journée alors que les femmes discutaient d’expériences de marginalisation et de violence directement liées à l’héritage du Canada en matière de racisme et de marginalisation des voix des femmes autochtones.

Cette question semblait particulièrement pertinente à la lumière de l’enquête menée en Colombie-Britannique sur les femmes disparues et assassinées, enquête qui s’est poursuivie même après le retrait de plusieurs groupes de femmes dû au refus de l’État de subventionner leur représentation juridique.

Les voix des femmes autochtones et de beaucoup de résidantes du quartier Downtown Eastside ayant été écartées de l’enquête, des gens se sont demandés si le processus judiciaire ferait quoi que ce soit pour prévenir de nouvelles violences contre les femmes marginalisées. Lee Lakeman, de Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter, a déclaré : « Il est important que vous constatiez que cette enquête a été mise sur pied par le gouvernement provincial ... et il aurait pu, à tout moment, en améliorer et en étendre le mandat. Il le pouvait toujours. » Mais cette enquête s’est poursuivie sans les voix des femmes les plus concernées.

Alors que les femmes et les organisations de femmes avaient désespérément besoin du soutien financier de l’État, de la mise en place de systèmes et de processus efficaces, de moyens pour lutter contre la violence contre les femmes et, simplement, de nommer cette violence comme genrée, l’État ne s’est jamais comporté en allié des femmes. Les femmes dépendent d’un système qui les a abandonnées à maintes reprises.

« À BWSS (Battered Women’s Support Services), nous recevons plus de 9 500 demandes chaque année, et ces appels à l’aide des femmes battues nous rappellent beaucoup qu’il s’agit du problème social le plus urgent de notre époque », a déclaré Madame MacDougall.

Les femmes sont forcées, par nécessité, à faire appel à l’État, explique-t-elle, pour obtenir sécurité et justice et pourtant, lorsqu’elles le font, elles se voient trahies. Nous en sommes arrivées, en quelque sorte, à escamoter les relations de genre et la dynamique du pouvoir dans des domaines comme le droit familial. Ce droit a adopté une approche de neutralité de genre, de race et de classe, en faisant un endroit extrêmement dangereux où chercher du secours pour les femmes, puisque cette optique a souvent pour effet d’aggraver les sentiments d’impuissance et de censure que vivent déjà les femmes dans des situations de violence.

« Aucun appareil d’État ne travaille en faveur des femmes », a répondu Daisy Kler.

Un panel portant sur la prostitution comme forme de violence envers les femmes a conclu la journée. Lee Lakeman a déclaré que cette neutralité de genre, qui d’infiltre dans les systèmes de droit et de l’État, se voyait également imposée dans les échanges portant sur la prostitution.

Elle a noté que dans l’enquête sur les femmes disparues, certain-es intervenant-es voulaient voir le terme « prostitué-e » remplacé par le terme « travailleur-se du sexe », en esquivant ce qu’elle considérait comme le terme-clé : « femme ».

Madame Lakeman a ajouté que les policiers sont obligés de tenir compte des catégories de discrimination énoncées dans la Charte canadienne des droits et libertés et, par conséquent, de porter une attention particulière et d’offrir protection et soutien aux femmes, et en particulier aux femmes autochtones.

Par contre, elle a précisé qu’il « n’existe pas dans la loi de catégorie dite "travailleur du sexe". Alors, ils peuvent tenter de donner l’impression d’être coopératifs ou respectueux mais ce qu’ils font réellement, c’est se défiler de leur obligation aux termes de la Charte. »

« Quand les gens insistent pour que vous utilisiez les mots "travailleur du sexe", il est vraiment important que vous sachiez que cela ne se résume pas à une question d’opinion – une de ces expressions libère les autorités de toute responsabilité, alors que l’autre les tient imputables de la condition des femmes et de la condition des Autochtones. »

Meghan Murphy est animatrice et productrice de l’émission radio « The F Word », ainsi que la gestionnaire du site Web www.feminisms.org. Elle est candidate à la maîtrise au Département de Genre, sexualité & études des femmes à l’Université Simon Fraser et termine un diplôme d’études supérieures à l’Ecole de journalisme de l’Université de Colombie-Britannique.

Texte original.

Traduction : Martin Dufresne

Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 décembre 2011



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