Là où sa vie vient se refaire
une beauté dans le miroir
de ce seul et unique désir
pendu au cou de l’éternité
Là où la langue a tout le pouvoir
où rien ne serait jamais assez
pour suivre la flèche des mots
dans le ciel ouvert de ses artères
Là où coulent ses amazonies
en quête d’une clé enfouie
sous les draps épais de la nuit
des siècles d’or du silence
Là où il y a un bleu de voix
un feu d’origine sous la mer
au centre le plus clair de l’oeil
le fil doux d’une lame de fond
Là où cri rêve espoir sanglot
la noyée avant de disparaître
frappe une dernière fois l’eau
y laisse le gemme de sa peine
Là où sa main se retrouve seule
sans la tienne comme on meurt
elle veille sur la nuit sur les mots
que jamais ne s’en épuise l’écho
Là où toute ponctuation glissait au sol
désormais sans besoin d’atours
seule sur un lit nu sans amarres
son enfance blanche comme un aimant
Là où elle ne sait plus ce qu’elle sent
tant est triste sa tristesse
seule et singulière sa solitude
précipitée la précision du précipice
Là où passe la passeuse de feu
la passagère d’infini à ses trousses
toutes les clés périmées du bonheur
pendues dans un seul trousseau
Elle n’aime pas ce qui finit
relie les points remplit les blancs
imprègne ses nuits de mémoire
et t’écrit à perte de langue
Écouter, Keith Jarrett, Sun Bear Concerts 1976 - Tokyo Encore, You Tube, 2015.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 janvier 2016