Elle voit sa vérité marcher
dans cette ville où elle ne vit plus
fulgurante éternelle étrangère
comme seule peut l’être la beauté
Revenir encore sur ses pas
pour mieux toucher comprendre
devenir la vague qui la propulse
pulsation et mesure de l’infini
Elle le sait coeur corps et âme
elle appartient à la poésie
à la certitude d’être née de la chair
d’une femme mère et océan
Elle revoit ce jour d’avril
une chienne d’eau lui avaler le coeur
les mots les lettres creuser sa langue
rêver une autre fin à l’histoire
Elle suit le soleil dans la forêt
trouver le parfum le souvenir
du seul bois qui l’enflamme
comme un bouquet sonore
Elle cherche dans les pas de la nuit
un passage bleu entre les mots
pour remonter sous les paupières
là où la mer invente l’horizon
Apprendre à naître à renaître
seule au plus obscur de ses os
retrouver la musique de l’être
le vol tremblé du feu sur l’eau
Un étrange bonheur
se levait en elle comme si le soleil
avait choisi son coeur
pour réfléchir le feu sur sa palette
Toute la nuit elle rêve de ce visage
qu’elle n’a jamais vu de sa vie
ni la lumière sombre de son regard
plus besoin de mots pour voler
Écrire pour traverser la voix du silence
la surdité de l’absence
sa fulgurance invivable
l’espace de ses yeux resté sans envol
Elle continuait à tendre vers ce mirage
trop près du soleil pour ne pas en mourir
rien d’autre un éclair dans la nuit
tout
Mis en ligne sur Sisyphe, le 28 septembre 2016