Elle aurait voulu que ses mots
caressent le large en une vague lente
le long des pensées des heures
sous la peau libérer l’eau vive de l’été
L’eau se brise en une seule note
pleine aiguë soutenue
au loin l’écho kamikaze
belle bulle en éclats dans le bleu
Certains jours elle a trop mal
à ce noeud d’aile dans sa gorge
poches pleines de mots lourds
une eau lisse lui monte à la tête
Écarter de l’oeil le rideau de pluie
pour en libérer son visage
des barreaux des entraves
vouloir les lèvres du vent sur sa vie
Comment naître encore à l’aveugle
dans un champ de braises
et le bleu mauve des veines
ses repères déjà brûlés par la foudre
Il lui arrive souvent entre deux eaux
de laisser son corps s’écouler
sans un regard sans même une île
un soleil noir pour seul miroir
De nuit de jour elle sent
quelqu’un marcher en elle
pareille à une ville ouverte
des pas rêveurs la fondent
La fatigue commence par les yeux
comme la pierre rejoint le fond
elle devient chaque nuit passagère
du rêve qui l’a mise au monde
La pluie unifiait enfin les instants
comme si la fraîcheur du son
la réconciliait avec le puits sec
devenu au printemps son horizon
Sentir sous la plante des pieds
l’irrésistible pulsion de pousser
les paumes tendues au soleil
pour nourrir le désir en beauté
Sa poésie ne serait-elle
que la tentative orphique
toujours recommencée
de sauver l’amour de la mort
Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 octobre 2016