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vendredi 5 février 2010

La religion et les femmes
Traduction de Marie Savoie

par Nicholas D. Kristof, The New York Times






Écrits d'Élaine Audet



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Les religions doivent leur popularité et leur pouvoir entre autres aux balises éthiques qu’elles offrent. Pourquoi alors tant de religions contribuent-elles à perpétuer un phénomène que la plupart des gens jugent profondément immoral : l’oppression des femmes ?

Bien sûr, les chefs de guerre du Congo ne citent pas les Écritures pour justifier leurs innombrables viols - même si le dernier chef de guerre que j’ai rencontré là-bas se prétendait pasteur et arborait un macaron portant la mention « Rebelles au service du Christ ». L’assassinat par le feu de jeunes mariées en Inde ne fait pourtant pas partie des rites hindous. Et aucun verset du Coran n’ordonne à des Afghans sans scrupules d’asperger d’acide le visage des fillettes qui osent aller à l’école.

Pourtant, des crimes de ce genre – et une foule d’autres injustices plus banales comme le fait de gifler sa conjointe ou de payer moins les femmes pour un travail équivalent – découlent d’un contexte social où les femmes sont souvent des citoyennes de seconde zone. Un contexte que les religions ont contribué à façonner et qu’elles ne se sont guère efforcées de changer.
« Dans beaucoup de religions, on empêche les femmes de jouer un rôle égal à celui des hommes, ce qui crée un milieu où le viol de leurs droits est justifié », a déclaré l’ancien président Jimmy Carter dans un discours (1) livré le mois dernier devant le Parlement des religions du monde en Australie.
« Croire que les femmes sont inférieures, aux yeux de Dieu, a-t-il ajouté, sert de prétexte au mari brutal qui frappe son épouse, au soldat qui viole une femme, à l’employeur qui a une échelle salariale inférieure pour ses employées ou aux parents qui décident d’avorter parce que l’embryon est de sexe féminin. »

M. Carter, qui considère la religion comme une des « principales causes des atteintes aux droits des femmes », fait partie du groupe The Elders (Les Aînés), un cénacle d’anciens dirigeants réunis par Nelson Mandela. The Elders (2) se penchent sur le rôle de la religion dans l’oppression des femmes et ont émis une déclaration commune exhortant les chefs religieux à « corriger toutes les pratiques discriminatoires de leur culte et de leurs traditions ».

The Elders sont loin d’être des mécréants ou des agitateurs. Ils comptent dans leurs rangs l’archevêque Desmond Tutu et commencent leurs réunions par une prière silencieuse.

« The Elders n’attaquent pas la religion en tant que telle, explique Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de la personne. Toutefois, nous reconnaissons tous que ce qui sous-tend les injustices faites aux femmes, c’est la façon dont certains manipulent les religions dans le but d’asservir les femmes. »
Autant la Bible que le Coran donnent beaucoup de munitions aux adeptes d’une théologie de la discrimination.

Le Nouveau Testament cite saint Paul, qui édicte que les femmes « doivent garder le silence » (I Timothée 2). Selon le Deutéronome, si une femme ne saigne pas lors de sa nuit de noces, « ses concitoyens la lapideront jusqu’à ce que mort s’ensuive ». Les hommes juifs orthodoxes récitent une prière remerciant Dieu de ne pas les avoir faits femmes. Quant au Coran, il stipule que l’héritage d’une femme doit valoir la moitié de l’héritage d’un homme, et que le témoignage d’une femme ne compte que pour la moitié du témoignage d’un homme.

Rappelons, en toute justice, que Paul n’a pas rédigé lui-même les passages ordonnant aux femmes de se taire et que l’islam était à ses débuts une religion progressiste pour les femmes - interdisant l’infanticide féminin et limitant la polygamie – mais il a cessé d’évoluer.

Cependant, loin de préconiser la justice, les chefs religieux ont sanctifié les structures sociales établies. En Afrique, les autorités religieuses pourraient grandement améliorer le sort des femmes en prenant parti pour les veuves spoliées par des traditions d’héritage injustes, pour les victimes de viol ou pour les écolières en butte aux avances de leurs professeurs. Bien au contraire, en Ouganda, les chrétiens conservateurs ont usé de leur influence pour alimenter un mouvement aberrant en faveur de l’exécution des homosexuels.

Paradoxalement, ce sont des religions conservatrices dirigées par des pasteurs de l’Église évangélique, surtout pentecôtistes, qui ont le plus travaillé pour favoriser l’émancipation des femmes en Afrique. Les adeptes de l’Église de la Pentecôte encouragent les femmes à assumer des rôles de direction ; pour beaucoup de femmes, c’est la première fois qu’on leur confie des fonctions d’autorité et qu’on respecte leurs opinions. Dans les régions rurales du continent noir, les pentecôtistes sont en voie de devenir un important moteur de l’émancipation des femmes.

Il y a là une lueur d’espoir qui rappelle que, si la religion contribue au problème, elle peut aussi contribuer à la solution. Le Dalaï Lama a pris position à cet égard et se qualifie désormais de féministe.

L’esclavage est un autre excellent précédent. Toutes les religions abrahamiques acceptaient l’esclavage. Mahomet avait des esclaves et saint Paul semble avoir accepté l’esclavage. Et pourtant, ce sont des Quakers et des évangélistes comme William Wilberforce qui ont été les pionniers du mouvement abolitionniste. En définitive, ce sont des croyants qui se sont battus pour abolir une oppression jusque-là sanctionnée par des religions.
Quand, aujourd’hui encore, des institutions religieuses excluent les femmes de leur hiérarchie et de la célébration de leur culte, on ne peut qu’en conclure que les femmes sont inférieures aux hommes. The Elders ont raison d’affirmer que toutes les confessions religieuses doivent défendre un principe moral fort simple : les droits fondamentaux de tout être humain sont sacrés et ne dépendent pas de réalités aussi profanes que leurs organes génitaux.

Traduction pour Sisyphe : Marie Savoie

Notes

1. "Speech by Jimmy Carter to the Parliament of the World’s Religions", Melbourne, Australia, Dec. 3, 2009.
2. The Elders, site web.

  • Version originale : "Religion and Women", The New York Times, 10 janvier 2010.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 31 janvier 2010



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  • Nicholas D. Kristof, The New York Times



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  • La religion et les femmes
    (1/1) 25 mars 2010 , par





  • La religion et les femmes
    25 mars 2010 , par   [retour au début des forums]

    Bonjour,

    A quand des articles sur la "non-religion et les femmes", la "préhistoire et les femmes"...?
    Tout de même, reconnaissons que les religions ont apporté aussi des règles et des codes qui ont aidé à l’élévation de la condition humaine.

    La tradition de l’Islam rapporte par exemple que le prophète Muhammad se rendait à la mosquée en portant avec lui sa petite fille dans les bras pour changer la mentalités des arabes qui, avant l’arrivée de l’Islam, enterraient les filles vivantes.

    • La religion et les femmes
      4 janvier 2013 , par
        [retour au début des forums]

      Si on devait prendre en compte tout ce qu’on dit sur Mohamed, le pauvre, il aurait dû vivre 500 ans pour tout faire... sans compter que souvent les racontards traditionnels se contredisent en plus.

      Dans le coran, il est écrit quelque chose comme : on vous annonce la naissance d’une fille et déjà vous (planifier) de l’enterrer.
      La formulation elliptique ne dit pas que les fillettes sont enterrées vivantes.

      Les religions n’ont pas apporté des règles qui ont élevé les humains, elles pronent ce que les humains faisaient déjà avant, qu’on invente l’islam ou le judaisme : cohésion et solidarité du groupe, obéissance aux anciens, etc.

      C’est décevant qu’il faille un "dieu" pour des principes aussi primitif et évident. Cela dit, c’est cohérent, les principes positifs sont aussi arriérés en un sens que les principes négatifs.

      [Répondre à ce message]


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