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lundi 13 avril 2015 Tarek Fatah s’insurge contre les progrès du lobby islamiste au Canada
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Tarek Fatah est un journaliste et commentateur politique canadien d’origine pakistanaise. Il est l’auteur de deux livres - Chasing a Mirage : The Tragic Illusion of an Islamic State (2008), John Wiley & Sons Ed., et The Jew is Not My Enemy : Unveiling the Myths that Fuel Muslim Anti-Semitism, (2010), McClelland & Stewart. Relativement peu connu au Québec, Tarek Fatah est un personnage controversé sur la scène médiatique anglophone. Il signe une chronique hebdomadaire dans le Toronto Sun et animait jusqu’à tout récemment une émission de radio parmi les plus écoutées de Toronto. (1) Ayant vécu longtemps sous des régimes islamiques (Pakistan et Arabie saoudite), il est souvent invité par les médias anglophones à commenter la montée de l’islamisme au Canada et dans le monde. À la suite des attentats du 11 septembre 2001, Tarek Fatah fonde avec des collègues le Congrès musulman canadien (2) pour faire entendre la voix des musulman-es progressistes. C’est aussi pour faire contrepoids au Congrès islamique canadien qui préconise l’instauration de la charia au Canada. Ardent défenseur de la liberté d’expression et de la laïcité de l’État, il dénonce dans les termes les plus forts les visées des islamistes et l’attitude complaisante en Occident qui minimise ou excuse leurs agissements. Si certains trouvent ses propos lucides et courageux, d’autres les jugent blasphématoires, ce qui lui a valu des menaces de mort plus d’une fois. Par un singulier hasard, la veille de l’attentat à « Charlie Hebdo », j’ai écrit à Tarek Fatah pour lui proposer une entrevue. Je pensais l’interroger, entre autres, sur la montée de l’islamisme au Canada anglais et au Québec, où de récents reportages ont révélé la présence grandissante d’organisations musulmanes financées par des États islamiques. (3) Personne n’aurait pu penser que les tragiques événements de Paris ramèneraient le sujet aussi vite à avant-scène. Voici le premier de deux articles découlant de cette rencontre. Un appui à « Charlie Hebdo » Deux semaines après les attentats, Tarek Fatah m’accueille chez lui à Toronto. Entre-temps, il a décidé d’exprimer publiquement son appui à « Charlie Hebdo » en manifestant avec une poignée de musulmans devant une mosquée de Toronto. Sur l’affiche que tient T. Fatah (à gauche sur la photo), on peut lire I am Charlie Hebdo et le nom du Congrès musulman canadien. Il veut ainsi exprimer sa solidarité avec les journalistes assassinés qui, comme lui, combattaient le fanatisme religieux au péril de leur vie. Il avait lui-même reçu de nouvelles menaces de mort une semaine avant notre rencontre. Je lui demande pourquoi, dans les jours qui ont suivi les attentats de Paris, il a repris sur son blogue les caricatures les plus choquantes de « Charlie Hebdo » à propos des religions, y compris l’islam, alors que presque tous les médias du Canada anglais ont choisi de ne pas les montrer. « Pourquoi devrait-on s’empêcher de ridiculiser des croyances absurdes ? dit-il. Si vous croyez aux serpents qui parlent ou aux chevaux volants, pourquoi devrais-je m’abstenir de dire que c’est risible ? Si les gens ont le droit de croire de telles sottises, moi, j’ai le droit de les tourner en dérision ! Voilà pourquoi j’ai manifesté devant la mosquée ». Ce geste a cependant trouvé peu d’échos dans les médias. « En tant que journaliste, je sais que cela méritait d’être couvert, mais aucun journal n’a osé dire qu’un groupe de musulmans avaient manifesté devant une mosquée par solidarité avec « Charlie Hebdo » et ce, en pleine tempête de neige ! », ajoute-t-il en riant. Je lui fais remarquer que les dirigeants de la CBC ont déclaré s’être abstenus de montrer les caricatures, même celle qui faisait la une du dernier numéro du magazine, afin de ménager la sensibilité des musulman-es. « Non, c’est parce qu’ils avaient peur, réplique Tarek Fatah. La tolérance n’est qu’un prétexte. C’est la feuille de vigne avec laquelle ils essaient de cacher leur manque de courage. » Il réfute catégoriquement l’idée qu’on devrait s’abstenir de publier les caricatures sous prétexte que toute représentation de Mahomet est interdite par l’islam. « Si cette interdiction existe - ce qui peut se discuter - elle ne s’applique qu’aux musulman-es. Il est ridicule d’accuser un-e non-musulman-e de violer une prescription de l’islam. Ce serait comme reprocher à l’Italie de ne pas respecter les lois de la Norvège ! ». Le lobby islamiste progresse L’idée d’une interdiction du blasphème, envisagée il y a quelques années par les Nations Unies (4), le fait frémir. Le Congrès musulman canadien s’est d’ailleurs joint à la Coalition internationale qui revendique l’abolition des lois contre le blasphème. (5) Je lui signale que la Commission des droits et libertés du Québec a récemment songé à interdire la diffamation des religions (6). À son avis, cela donne une idée des progrès accomplis par le lobby islamiste au Québec. La plupart des musulmanes invitées à la télévision pour discuter de sujets qui touchent l’islam ou les musulmanes au Québec portent le hijab. Pourquoi en voit-on rarement qui ne portent pas de signes religieux ? « C’est parce que personne ne les invite ! Les médias n’ont d’yeux que pour les musulman-e-s en tenue médiévale ». Il veut parler des hommes barbus enturbannés et les hijabis, ou femmes qui arborent le foulard islamique. « Nous, les musulman-es intégré-es, qui sommes vêtu-es comme tout le monde, ne les intéressons pas ». (7) À ses yeux, cette attitude est loin d’être innocente, étant donné que la plupart des musulmanes ne portent pas le foulard : « Les médias privilégient et véhiculent une vision exotique des musulman-es. C’est une sorte de nouvel orientalisme ». Devant le Comité sénatorial de la sécurité nationale qui étudiait les menaces à la sécurité du Canada, Tarek Fatah a déploré cette vision fausse et folklorique des musulman-es canadien-nes, entretenue non seulement par les médias, mais aussi par les femmes et les hommes politiques et par les corps policiers. « Aucun comité du service de police de Toronto, de la GRC, du SCRS ni de tout autre organisme de sécurité ne s’est jamais adressé à moi, pas une seule fois. Ils refusent tout simplement de rencontrer un musulman qui a l’air de s’être intégré. Je ne peux en tirer qu’une conclusion : aux yeux de la GRC, un musulman n’est musulman que s’il porte une tenue médiévale, revêt son épouse d’une burqa et parle avec un accent guttural ». (8) Pendant le houleux débat sur la Charte des valeurs québécoises l’an dernier, Tarek Fatah a jeté un énorme pavé dans la mare des médias anglo-canadiens, presque unanimes à décrier la Charte : il a conseillé de voter pour le PQ à cause de sa volonté de consacrer la laïcité de l’État. Il est même allé jusqu’à inviter le reste du Canada à emboîter le pas au Québec en affirmant la laïcité de l’État, car à son avis c’est la seule façon de soustraire les institutions publiques aux assauts des islamistes. « Si les avancées des groupes islamistes financés par l’Arabie saoudite dans notre société ne trouvent aucune opposition sur leur chemin - comme on le voit dans le reste du Canada - il faut nous préparer à voir ici ce qu’on observe au Royaume-Uni, où la charia fait désormais officiellement partie du système de droit et où il n’est pas rare de voir des policières en hijab. Voilà pourquoi, avait-il écrit, entre Mme Marois qui se bat contre l’islamisme d’obédience saoudienne avec sa Charte de la laïcité, et M. Couillard qui ne semble pas considérer la question comme prioritaire, je dis : Votez pour le Parti québécois pour sauver le Canada. » (9) Dans le même article, il cite la politologue Fatima Houda-Pepin (10) qui voit en Philippe Couillard « l’allié stratégique des intégristes religieux » (11). Il renchérit : « Votre premier ministre est le plus grand lobbyiste pour l’Arabie saoudite ! Comment peut-on être à l’aise de travailler dans un pays qui pratique l’apartheid sexuel ? ». Je lui signale que M. Couillard s’en est défendu, répliquant que ce n’est pas parce qu’on travaille dans un pays qu’on en partage les valeurs. « Ce que cela signifie, c’est qu’il est un mercenaire. » Le hijab, un doigt d’honneur à la face de l’Occident Tarek Fatah ne voit aucune justification religieuse au hijab, point focal du débat sur la Charte des valeurs qui a fait rage au Québec en 2013. Ce vêtement n’est rien d’autre à ses yeux qu’un symbole de l’islam politique, et sa prolifération témoigne de l’avancée des forces islamistes partout dans le monde, y compris au Canada. « L’islam ne prescrit aucun code vestimentaire. La seule règle édictée dans le Coran est que les femmes se couvrent les seins - pas les cheveux ! Ces jeunes femmes qui prétendent que c’est une obligation de porter le hijab mentent effrontément et elles le savent. Leurs mères et leurs grand-mères ne le portaient pas. » Beaucoup de jeunes Québécoises musulmanes déclarent porter le voile par choix, lui dis-je. Pourquoi ces jeunes femmes nées ici et souvent instruites décident-elles de le porter ? « Porter le hijab, c’est brandir un doigt d’honneur à la face de l’Occident. Les arguments qu’elles avancent, c’est de la poudre aux yeux pour berner les non-musulman-es ». « Ces femmes pour qui le voile est une obsession sont complètement politisées. Le hijab est un symbole puissant, c’est le drapeau des Frères musulmans ». Je lui rappelle que, lors du débat sur la Charte, plusieurs musulmanes voilées ont clamé haut et fort qu’elles quitteraient le Québec si l’État interdisait le port de signes religieux aux fonctionnaires. D’autres ont dit que la Charte de la laïcité leur ferait perdre leur emploi. Beaucoup de Québécois-es ont été sensibles à cet argument, répugnant à l’idée de priver une femme de son gagne-pain. « Foutaise ! Elles auraient enlevé leur foulard tout de suite comme elles l’ont fait en France quand le hijab a été banni des écoles. Les prophètes de malheur avaient prédit un exode massif des étudiantes musulmanes vers les écoles privées, mais rien de cela ne s’est produit ». Raison VS féminisme dévoyé Animé par l’esprit des Lumières, Tarek Fatah croit que la raison doit primer dans tous les domaines. (12) Aucune dimension de la vie humaine ne doit être soustraite à l’esprit critique, pas même les religions, ni la sienne ni celle d’autrui. Le Congrès musulman canadien prône depuis longtemps l’interdiction de porter le niqab en public, pour des raisons de sécurité comme de respect de la dignité des femmes. (13) Que pense-t-il alors des groupes féministes qui défendent le droit de porter le hijab ou même le niqab en toutes circonstances ? « C’est un féminisme dévoyé. Elles défendent pour les femmes le "droit" d’être des citoyennes de seconde zone. Que dirait-on d’un mouvement qui préconiserait le "droit" des Noirs de s’asseoir à l’arrière de l’autobus, derrière les Blancs ? Si le féminisme devient irrationnel, il n’est pas défendable. » Au Canada, nous assistons actuellement au navrant spectacle de femmes privilégiées, souvent universitaires, qui réclament pour des femmes venues d’ailleurs le droit de prêter le serment de citoyenneté à visage couvert, sous le niqab. Tarek Fatah s’indigne de voir des groupes féministes occidentaux défendre de tels pseudo-droits, contribuant ainsi à légitimer l’imposition du port du voile dans les pays islamiques. « Elles devraient avoir honte d’abandonner ainsi les femmes iraniennes. » Cela me rappelle le cri du coeur lancé par des féministes algériennes et iraniennes devant le manque de solidarité de certaines de leurs alliées occidentales prêtes à céder aux revendications des islamistes, comme le port du niqab. Sisyphe avait relayé leur poignant message, où se mêlaient déception et reproche : « Nous avions jadis les mêmes ennemis : le patriarcat et les lois divines. » (14) Quand on voit des Canadiennes réclamer pour d’autres femmes le droit de revêtir la tenue humiliante des êtres privés de visage et d’identité, force est de constater que leur message est toujours d’actualité. – Lire la deuxième partie de l’entrevue ici. Notes 1. Sur AM NEWSTALK 1010. Ses écrits ont aussi été publiés dans « Time Magazine », « The Globe and Mail » et « The Toronto Star ». Mis en ligne sur Sisyphe, le 25 mars 2015 |
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