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jeudi 19 avril 2007

Débat sur les droits des femmes et les pratiques religieuses : un bon début

par Diane Guilbault






Écrits d'Élaine Audet



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C’est en internaute que j’ai pu assister, le 10 avril, au débat organisé à l’UQAM par la FFQ sur les accommodements raisonnables accordés pour des pratiques religieuses vs la protection des droits des femmes. La cyber-initiative de la FFQ mérite d’être soulignée et félicitée : des femmes de plusieurs régions, de l’Acadie et de l’extérieur du pays ont ainsi été témoins des échanges extrêmement courtois entre les conférencières et la salle.

Les exposés de départ ont été intéressants, chacun des angles méritant d’être mis de l’avant. Mais j’ai bien apprécié le témoignage de Nadia Zouaoui, journaliste et réalisatrice, qui était touchant, personnel et qui a aussi su mettre en relief les questionnements et les remises en question que des jeunes femmes arabes doivent résoudre, après quelques années loin de leur pays, de leur famille. Plusieurs trouvent alors dans la religion un réconfort « culturel », un cadre familier, et certaines iront jusqu’à porter un voile qu’elles n’ont jamais porté dans leur pays d’origine. (Nadia Zouaoui ne porte pas elle-même le voile).

Lucie Lamarche a remis en question le titre de la soirée doutant, à ce que j’ai compris, de l’équivalence entre liberté religieuse et pratiques religieuses. Mais elle n’a pas expliqué en quoi cette différence était compatible avec l’interprétation de la Cour suprême selon laquelle la liberté religieuse inclut aussi toutes les manifestations et rituels associés ou qu’une personne croit associés à sa religion.

Micheline Labelle a fait un vibrant plaidoyer pour une meilleure compréhension des enjeux soulevés par la question des accommodements raisonnables. C’est un débat qui doit se faire, a-t-elle dit, et elle a identifié en quoi certaines demandes étaient préjudiciables aux droits des femmes.

J’aurais souhaité toutefois en entendre davantage sur les choix que devrait faire la société civile lorsqu’il y a conflit entre les règles que se donne un groupe, une collectivité et les règles religieuses qu’invoquent des demandeurs de dérogations. Des questions fondamentales sont ainsi restées sans réponses, aucune des panélistes n’ayant pris sur elle d’y répondre. Je pense particulièrement à la question posée par un intervenant de la salle qui a demandé pourquoi les droits des femmes auraient dû avoir préséance sur la liberté religieuse des juifs hassidiques qui ont obtenu de la SAAQ le droit (?) de ne pas avoir de femmes examinatrices pour leurs examens de conduite. Cette confrontation apparente de deux droits - le droit à l’égalité des femmes et le droit à la liberté religieuse - était pourtant au cœur du débat de la soirée, mais aucune des conférencières n’y a apporté de réponse. Seule la salle a donné son opinion par ses murmures réprobateurs.

Aussi, je suis toujours un peu agacée de voir des juristes et des spécialistes chipoter sur l’usage que fait le bon peuple de l’expression accommodements raisonnables. D’abord, l’expression n’est définie dans aucune loi. C’est une expression qui était en usage depuis longtemps dans la population, bien avant que les juges décident de l’utiliser pour parler de certains arrangements qui permettent d’éviter des discriminations. En outre, on peut aussi appeler accommodement raisonnable un arrangement entre deux parties comme, par exemple, un employeur qui modifierait le poste de travail d’un employé en fauteuil roulant ou non-voyant, sans aller devant la Cour. Le concept est donc assez flou et assez large pour qu’il soit utilisé de toutes sortes de façons. Le fond du problème n’est pas, selon moi, dans l’usage de cette expression. Je préférerais que les spécialistes s’attardent à mieux définir les termes laïcité, espace public et liberté religieuse.

L’auditoire a aussi eu droit à une explication de Gérard Bouchard sur les raisons qui leur ont fait refuser, lui et Charles Taylor, l’ajout (ou la présence ?) d’une femme à la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles. Son explication - « C’est déjà difficile de s’entendre à deux, imaginez à trois !!! » - en a laissé plusieurs pantoises... Était-ce naïveté, ignorance ou totale incompréhension des enjeux particuliers qui se posent en regard des droits des femmes ? Quoi qu’il en soit, je ne crois pas avoir été la seule à m’inquiéter de la suite des choses et à souhaiter que des femmes, et j’espère aussi des hommes, viendront devant cette commission pour montrer noir sur blanc que les enjeux sont énormes pour les femmes et qu’il y a péril en la demeure à continuer de les ignorer.

Ceci dit, j’espère que ces échanges n’auront été que les premiers jalons de la réflexion qui doit se poursuivre. Tant et aussi longtemps que la confusion règnera, les groupes religieux continueront de faire des gains, à la pièce, sous couvert de droits individuels. Les femmes ont fort à faire pour convaincre les autorités, les penseurs et même des hommes progressistes des reculs qui se profilent pour elles dans un futur proche. De leur côté, les personnes immigrantes doivent avoir très envie de sortir de ce débat houleux dans lequel elles se retrouvent, bien malgré elles, les otages.

Alors, oui, continuons le débat !

Mis en ligne sur Sisyphe, le 16 avril 2007



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Diane Guilbault



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