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lundi 13 décembre 2004 Fallouja, véritable four crématoire !
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Le monde occidental est complètement fermé sur ce qui se passe réellement dans le monde arabe, en Palestine occupée et en Irak. Zappant des chaînes occidentales aux chaînes arabes, des chaînes francophones aux chaînes anglophones, je mesure avec effroi le fossé médiatique qui sépare des milliers d’individus dans le monde.
Pour les spectateurs des chaînes occidentales, américaines en particulier, l’accent aujourd’hui a été mis sur l’exécution de Margaret Hassan avant de parler de la maîtrise de la ville de Fallouja par l’armée américaine qui continue à lutter contre des poches de résistance, alors que les TV arabes tout en déplorant l’exécution de Margaret Hassen, pleurée par de nombreux Irakiens (dont on nous montre un rassemblement de protestation), exhibent des cadavres jonchant les rues, des blessés sans soins, des corps décharnés, des enfants, des femmes et des vieillards aux yeux hagards, aux ventres vides et qui n’ont rien à voir avec les terroristes recherchés, qui n’ont comme Ben Laden et cie ni été faits prisonniers ni été tués ! De plus, des interdictions d’accéder à la ville de Fallouja ont été adressées aux organisations humanitaires, comme la Croix-Rouge et les caravanes humanitaires, qui se sont dirigées vers la ville massacrée, avec des produits alimentaires, des médicaments et des vêtements qui ont été distribués non aux victimes des bombardements américains, mais aux civils qui ont dû quitter la ville en s’installant sous des tentes dressées pour les besoins de la cause. Frapper pendant le Ramadan Cette agression de Fallouja a été perpétrée pendant les 10 derniers jours du Ramadan, mois sacré des musulmans, qui s’achève par l’Aïd Es Seghir, fête de la fin d’un mois de jeûne où les enfants portent des habits neufs, reçoivent de l’argent et des cadeaux de la part des membres de la famille. Ce n’est pas la première fois que l’armée américaine agresse un pays musulman au cours du mois de Ramadan, tel a été le cas lors de la guerre du Golfe en 1991, et lors de son agression de l’Afghanistan suite aux attentats du 11 septembre. Les Américains ne se contentent pas seulement d’engager des guerres lors de ce mois sacré des Musulmans, mais encore de bombarder des mosquées et des lieux de prière où ils achèvent à bout portant des civils blessés et où ils lancent des jurons et des insultes sacrilèges devant des vieillards qui ne ressemblent en rien à des terroristes ! Certains ont même attesté avoir vu des soldats piétiner des corans. Sommes-nous en train de semer la liberté responsable dans un État moderne ? Ne s’agit-il pas là d’un véritable massacre planifié et perpétré pour l’éradication de toute forme de résistance irakienne à la présence américaine en Irak ? Une puissance coloniale destructrice L’Irak d’après Saddam est loin d’être un paradis, du moins tel qu’il apparaît sur les écrans des télévisions arabes, Al Jazeera (interdite de ses droits d’exercer le journalisme depuis trois mois), Aboudhabi, et Al Arabiya, comme un vaste champ de bombardements, d’explosions, de mines, de destructions, de blessés abandonnés à leurs souffrances, de cadavres jonchant les rues et laissés sans sépultures. Est-ce là la culture de la démocratie et des Droits de l’Homme ? Comment obliger un peuple à accepter un pouvoir complice d’une puissance coloniale destructrice ? Les Irakiens ne pourront pas participer à des élections sans se vendre à une équipe qui les a trahis avant d’avoir été élue, une équipe aux mains tachées du sang de ses concitoyens, d’une équipe gouvernementale aux mains sales pour avoir permis à l’armée américaine d’agresser des Irakiens ! Comment pourraient-ils passer aux urnes après un tel massacre, plus de 1600 morts, et plus de 1250 prisonniers parmi lesquels des journalistes de la chaîne Al Arabiya ! Quel humanisme, avec des femmes brûlées, violées, des enfants dispersés, des vieillards violentés ! Une crise humanitaire sans précédent, résultat d’une guerre totale dont la cause est, comme cela a été invoqué par les cadres dirigeants de l’armée américaine en Afghanistan et de l’armée israélienne en Palestine occupée, des terroristes cachés dans des tunnels dignes d’un album d’Astérix. Massacres de civils à grande échelle Les soldats américains ont eu recours à un usage illégal de la force en achevant des blessés à bout portant comme des chiens, en ne tenant pas compte des lois de la guerre et des conventions internationales de la Haye et de Genève protégeant les civils et les prisonniers de guerre. Il s’agit ici, comme à Sabra et Chatila, comme à Jenine, comme à Rafah, comme à Gaza, comme en Afghanistan, comme à Najaf, comme dans de nombreuses villes irakiennes, de massacres de civils à très grande échelle. Les soldats Américains et Israéliens, ainsi que les responsables des prisons d’Abou Gharib ou autres ailleurs, agiraient-ils avec cette inhumanité s’ils étaient passibles d’être jugés pour des crimes contre l’humanité ? Aujourd’hui encore ceux qui ont participé à l’extermination des juifs dans les années 40 sont poursuivis par les instances internationales, pourquoi ceux qui se livrent aujourd’hui à l’extermination des musulmans ne seraient-ils pas jugés pour leurs crimes ???? Que veulent les USA aujourd’hui en Irak ? Ils ont engagé une guerre en prétextant des armes de destructions massives (ADM) qui n’existaient pas ; ils ont « détrôné » Saddam au nom de la liberté et de la démocratie. Soit, que les Irakiens choisissent leur président puisque les Américains parlent de démocratie, qu’ils laissent parler le peuple au lieu de l’assassiner ! Les Irakiens ne veulent ni d’une équipe fantoche, ni de terroristes qui ne sont que des bandits qui cherchent à profiter de l’anarchie et du chaos engendrés par la guerre engagée contre l’avis de la population mondiale et des Nations-Unies. Le monde s’est transformé en un écran de cinéma permanent où les soldats Ryan clonés continuent à tuer tout ce qui bouge et résiste en Irak. S’il est permis de tuer de cette manière, les USA pourraient bientôt avoir recours au nucléaire pour dire adios à l’humanité. Tunis, le 16 novembre, 2004. Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 novembre 2004. |