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dimanche 24 septembre 2006 Eloge de l’asservissement des femmes par le Monde 2 ?
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Non, le voile n’est pas un « phénomène français », comme le conclut le Monde 2 (numéro134, 9 septembre 2006) ! Les héritières de Christine de Pisan, La Boétie, Gabrielle Suchon, Brantôme, Marie de Gournay, Louise Labé, Helvétius, Olympe de Gouges, Condorcet, Schoelcher, Louise Michel, Victor Hugo, Hubertine Auclert, Maria Deraismes, Simone de Beauvoir refusent tout symbole d’asservissement volontaire à Dieu, et en attendant de le rencontrer au ciel, d’assujettissement sur terre aux hommes. Le « phénomène français » manifeste l’indignation face au port de tout signe qui entérine l’idée que les femmes seraient source de désordre, qu’elles n’auraient pas la liberté d’aller et venir dans l’espace public sans se camoufler. Contrairement à ce qui se passe dans les pays « multiculturalistes » où le lien social entre tous et toutes n’est absolument pas l’objectif. Bien au contraire, il convient de séparer les communautés et de les laisser régler entre elles leurs modes de vie. Des femmes voilées dans la rue ne concernent absolument pas le reste de la population. L’article relatant uniquement des interviews de porteuses de voile, avec en courte annexe l’opinion de Fadéla Amara, se prétend « grande enquête » ! C’est le rêve des tenants de l’islam politique d’imposer leur propre interprétation comme l’unique vérité révélée. L’appui du média français pour définir la tenue vestimentaire caractérisant la « bonne musulmane » est surprenant. Accepter de nier sa féminité en public afin de protéger les hommes qui seraient incapables de maîtriser leurs pulsions à la vue du moindre bout de peau ou de cheveu féminin est sans doute de l’abnégation, mais sûrement pas du féminisme. Accepter de se dissimuler dans un bout de tissu pour représenter la « future épouse et mère musulmane idéale » est sans doute une « stratégie maritale », mais sûrement pas du féminisme. Accepter de revêtir le signe de la « rédemption » pour que les hommes aient à leur disposition la femme soumise rêvée qu’ils ne trouvent plus dans les pays d’origine, où les femmes seraient trop « délurées », c’est sans doute de la soumission, mais sûrement pas du féminisme ! Les féminismes affirment que les deux formes que revêt l’espèce humaine sont dissemblables et égales. L’instrumentalisation du vocabulaire, la confusion volontaire créée autour de mots employés à contre-sens pour les dénaturer est caractéristique des totalitarismes. Prétendre à l’émancipation lorsqu’on reproduit les manifestations les plus archaïques et claustrantes de l’oppression des femmes pourrait être risible. « Le voile va donc faire passer la musulmane dans l’anonymat le plus total : être musulmane, c’est vivre incognito » (1). Mais l’objectif poursuivi est de dénoncer l’émancipation des femmes comme un phénomène occidental. Elle serait, à ce titre, contraire à l’islam ! N’étant pas à une contradiction près, alors qu’elles portent un signe, un stigmate, volontairement, elles s’offusquent d’être stigmatisées ! Les porteuses de voile le revendiquent au nom de la liberté de choix « jusqu’au bout ». Non, la liberté a des limites. Une liberté sans limites engendre la loi du plus fort, du plus riche, du plus vociférant, du plus manipulateur. Dans la devise républicaine, la liberté est associée à l’égalité et à la fraternité parce que la fraternité républicaine empêche la liberté d’engendrer des privilèges et l’égalité d’engendrer l’oppression. Prétendre que tout se vaut et s’équivaut, ignorer que la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres, que le choix personnel n’est pas un droit, c’est refuser les principes fondamentaux de la République française. Imposer dans l’espace public la nécessité pour les « bonnes musulmanes » de se cacher, donc une séparation visible dans l’espace commun, entérine l’idée d’une différence fondamentale entre les « bonnes musulmanes » et les autres. Cela engendre des représentations des femmes, aussi bien par les filles que par les garçons, totalement contradictoires avec le principe constitutionnel d’égalité entre les hommes et les femmes. Cela enferme les personnes dans une unique identité religieuse. Les ravages de cette séparation sont dramatiques dans les pays multiculturalistes, tels la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas, qui voudraient dorénavant affirmer un socle de valeurs communes. Si les intérêts particuliers priment sur l’intérêt général, comment s’étonner ensuite de l’absence de lien social avec la communauté nationale, du non-respect des règles essentielles du vivre ensemble dans la République ? Le port du voile manifeste un pur et simple refus des principes républicains et une tentative de désintégration de l’espace commun. Michèle Vianès Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 septembre 2006 |