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samedi 8 août 2009 Pouvons-nous accepter le foulard contre la burqa ? Pouvons-nous accepter la peste contre le choléra ?
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Dans une tribune parue dans « Le Monde » du 1er août, M. Khosrokhavar nous dévoile quelques conseils pour « favoriser un islam modéré » en France. Dès le début, il remet en question la loi de 2004 qui aurait « totalement délégitimé » le foulard. Il suggère donc la légalisation du foulard contre la burqa car, en France, « on » perçoit dans le foulard « l’expression d’un système patriarcal…ou le symbole d’un archaïsme », nous dit-il. Qui est ce « on » ? Farhad Khosrokhavar se garde bien de préciser la nature de ce pronom personnel indéfini… En vérité, ce sont des femmes - iraniennes, algériennes, égyptiennes, somaliennes, afghanes, bangladeshis - en lutte contre le voile dans leur pays, obligées de quitter leur pays pour trouver refuge en France et qui ont été soulagées par cette loi. Pourquoi luttons-nous contre l’envoilement des femmes, quelle que soit sa forme et son appellation : foulard, burqa, héjab, tchador, néghab …Pourquoi ? Réellement, le voilement des femmes est un outil pour contrôler le corps, le comportement et la sexualité du corps féminin. Mr Khosrokhavar écrit : « On oublie entre-temps que le foulard peut, comme tout symbole religieux, changer de sens au cours de l’histoire. » Or le voile dit « islamique » est antérieur de plusieurs millénaires au prophète Mohamad. Ce sont les Assyriens qui ont commencé à l’appliquer aux filles d’hommes libres, à leurs épouses et concubines ainsi qu’aux hiérodules (prostituées sacrées) mariées. Inversement, le voile était interdit aux hiérodules non mariées, aux prostituées non sacrées et aux femmes esclaves. Prohiber ou imposer le voilement aux femmes, le sens est le même : avoir le contrôle de leur corps. Ce contrôle du corps des femmes mène aussi symboliquement à la maîtrise de toute la société. L’Iran en est un bon exemple : Khomeiny, seulement dix huit jours après avoir récupéré le pouvoir, imposait le port du voile aux femmes ! Depuis 30 ans, dans une cérémonie étatique, la « fête de l’obligation », l’État islamiste enferme les fillettes dès l’âge de 9 ans dans la prison du hijab. Il n’y a que deux solutions pour s’en libérer : l’exil ou la mort ! Khosrokhavar ajoute : « La délégitimation du foulard dans l’espace public a eu d’autres conséquences : des femmes portant le voile et revendiquant leur modernité ont, en grande partie, déserté la France où leur vie religieuse et professionnelle devenait infernale. » (sic) Je ne sais ce qui justifie cette mauvais foi de la part de Mr Khosrokhavar ! D’une part, le port du voile n’est interdit que dans l’école publique et laïque mais pas dans tout l’espace public. Les universités, les hôpitaux, les écoles privées, les centres socio-culturels restent des espaces non réglementés. Tous les départements universitaires, y compris le département d’« études féministes », sont investis par le voile. Plus important, je pense que Mr Khosrokhavar ne sait pas ce que veut dire pour une femme d’« avoir une vie infernale ». Peut-être pourra-t-il s’en enquérir auprès de Taslima Nasreen, obligée à l’exil et à une vie cachée car condamnée à mort par les islamistes, ou auprès des milliers d’Algériennes contraintes à subir les violences des islamistes ou l’exil. En Iran, dans le cadre de « la politique sécuritaire (!) » en 2008, le régime islamiste a procédé à l’arrestation de 113 000 femmes par la police des mœurs qui les accusait d’être « mal voilées ! » Les coups de fouet, la prison, le viol, la torture, la mort, ce sont les châtiments encourus par de millions de courageuses Iraniennes qui refusent l’envoilement ! On aurait pu penser que M. Khosrokhavar, connaissant ce qui se passe en Iran contre les femmes, aurait évité de dire qu’en France « les femmes voilées souffrent ». Il continue pourtant : « Cet état de fait (l’interdiction du foulard à l’école) apporte paradoxalement de l’eau au moulin des groupes fondamentalistes ou sectaires ». Ce raisonnement nous mène à nous poser une question : pouvons-nous, pour éviter un mal pire, se résoudre à un mal moindre ? La réponse à cette question nous ramène au cœur du débat : c’est la question du regard de l’islam sur la femme. L’envoilement de la femme n’est pas l’affaire de fondamentalistes ou de n’importe quelle secte islamiste, comme le prétend Mr Khosrokhavar. L’expérience iranienne, à l’image de la quasi-totalité des pays dits musulmans, montre que l’islam, en contrôlant le corps des femmes, phagocyte toute la société. L’islam, lorsqu’il sort de son domaine de la foi et de la croyance individuelle, lorsqu’il s’impose dans l’espace public, devient totalitaire et à visée expansionniste. Pour combattre la burqa, il ne faut surtout pas promouvoir le voilement. Il faut simplement changer son point de vue sur la chose. Il faut laisser ses lunettes de mâle et voir dans l’envoilement des femmes non pas une signification « individuelle d’un symbole religieux », mais la mise en œuvre d’une idéologie de domination masculine ancestrale. L’étape qui suit l’envoilement est l’emmurement des femmes, voire leur emprisonnement (en Iran, en Afghanistan, en Arabie saoudite…) Nous ne pouvons pas combattre la burqa par le foulard, comme le propose malignement M.Khosrokhavar. Sous prétexte de défendre l’islam modéré, ceux qui tiennent ce genre de discours nient la réalité de l’humiliation et de la souffrance imposées aux femmes par le voilement et tout ce qu’il entraîne. Les quelques converties qui cherchent l’exotisme dans le voilement, qui revendique leur libre choix nient l’aspiration libératrice de celles qui ne peuvent que subir. L’islam, plus que n’importe quelle religion, a besoin d’apprendre à ne s’occuper que de la foi et de laisser la gestion de l’espace public aux citoyennes et citoyens. Il ne faut pas laisser le sort des femmes dans les mains d’une religion, quelle qu’elle soit. Les femmes n’ont d’avenir que dans leur combat pour l’égalité des sexes. Août 2009 Publié aussi dans Riposte laïque, le 8 août 2009. – Lire aussi : Déclaration contre la répression généralisée en Iran. Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 août 2009 |