L’interdiction du port du hijab lors d’une compétition de taekwondo tenue dans la région montréalaise a évidemment attiré l’attention mais a suscité très peu de commentaires. La réponse la plus frappante est venue toutefois de Farzana Hassan et Tarek Fatah. La première est présidente du Congrès musulman canadien et le second, un des fondateurs de ce groupe qui se dit progressiste et voué à lutter contre l’extrémisme. Dans un texte paru dans le Globe, ils rappellent les origines culturelles, plutôt que religieuses, du hijab et s’inquiètent de voir la version égyptienne et saoudienne de ce vêtement s’imposer, depuis quelques décennies et sous l’influence des islamistes et des musulmans orthodoxes, comme le symbole de la piété et de l’identité musulmane. Hassan et Fatah soulignent qu’on en est même venu à considérer comme moins authentiquement musulmans les foulards plus lâches utilisés traditionnellement par les femmes de l’Asie du Sud-Est et de l’Afrique.
« Ce supposé symbole de modestie a pris une saveur décidément politique et religieuse, dominant le débat sur les libertés civiles et religieuses en Occident. Toute opposition au hijab est vue comme une manifestation d’islamophobie », s’insurgent les auteurs. Ils attribuent une grande part de la controverse au fait que les promoteurs du hijab en font une obligation religieuse et, par conséquent, un objet de protection en vertu de la Charte. Les précédents historiques montrent pourtant que le Coran n’impose pas le port du hijab, insistent-ils. « Les islamistes ont transformé le hijab en pilier central de l’islam. Ils considèrent que les femmes musulmanes qui ne se couvrent pas la tête - la grande majorité - sont des pécheresses ou pas entièrement musulmanes. Ils devraient en débattre publiquement plutôt que d’utiliser des jeunes filles musulmanes comme boucliers pour la poursuite de leur programme politique », concluent-ils.
Lire la suite de l’article qui porte sur l’accord Dion-May :
« Le courage des uns et des autres », par Manon Cornellier, Le Devoir, 21-22 avril 2007.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 21 avril 2007