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vendredi 24 octobre 2003

Derrière le voile... un tout autre combat

par Cinquième zone






Écrits d'Élaine Audet



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Le texte qui suit avait été rédigé à la fin de l’année 1994, au plus fort de la polémique déclenchée par l’apparition de centaines de filles portant le voile islamique dans plusieurs établissements scolaires. Il a paru utile de le rééditer au début 1999, au moment où, à Flers dans l’Orne et à Alès dans le Gard, de nouvelles polémiques surgissent au sujet du voile car au-delà des discussions passionnelles autour du voile, c’est le sort des femmes qui est en cause. En 2003, les arguments que développe ce texte sont toujours d’une brûlante actualité.

Cela fait maintenant plusieurs années que la question du voile islamique se pose en France. La circulaire de François Bayrou (1994), ministre de l’Education nationale demandant aux conseils d’administration de mentionner l’interdiction du port des signes ostentatoires (religieux ou politiques) dans le règlement intérieur des établissements scolaires et le refus de plusieurs centaines de lycéennes d’ôter leur voile en cours ont, ces dernières semaines, relancé la polémique et conduit à l’exclusion de plusieurs dizaines d’entre elles.

Touchant à la religion, à la situation de la femme, à l’école, à l’immigration, la question du voile recelait les ingrédients propres à provoquer les débats les plus confus. La réalité a dépassé toute espérance. Tout et son contraire a été dit.

Un voile... jeté sur la vraie question

A l’évidence la question du voile dépasse celle du simple droit de lycéennes à se mettre un tissu sur la tête. Les établissements scolaires en ont toléré d’autres : crânes rasés façon basketteurs américains, crêtes iroquoises vertes, bananes oranges fluo, et plus récemment casquettes à visière démesurées. L’opposition qu’il soulève, comme l’obstination de ses partisans à le faire porter, en attestent : derrière le voile se mène une autre bataille, autrement importante.

Cela n’empêche pourtant pas certains partisans de l’intégrisme de soutenir hypocritement, en public, qu’il n’est question ici que de liberté vestimentaire et de droit à la reconnaissance d’un particularisme, expression des origines d’une fraction de la population. La ficelle est grosse mais beaucoup sont tombés dans le piège. Des lycéens, qui, de bonne foi, disent ne pas voir pourquoi on interdirait plus le voile à des lycéennes qu’à eux la casquette, les jeans déchirés ou les blousons Chevignon. Mais aussi des adultes, qui, au nom de leur "culture" et de leur expérience" ont bâti des analogies entre le voile et le foulard des grands-mères dans les campagnes françaises... Ils ne voient pas pourquoi faire tant d’histoires pour un bout de chiffon. Aux yeux des tenants de la théorie du fichu de Mémé, le voile ne représenterait rien, qu’un innocent couvre-chef, ou presque.

Le voile n’est pas un vêtement, c’est un drapeau qui exprime la reconnaissance ou la soumission à un programme, celui de l’oppression religieuse des femmes. Quand de jeunes lycéens ne voient pas ce qu’il y a derrière certains symboles, il faut en discuter et le leur expliquer. Et l’expérience montre qu’ils sont réceptifs et susceptibles d’évoluer. Heureusement. Mais quand ce sont des adultes, et parfois des militants et des dirigeants politiques ou syndicaux ?

Ne pas le comprendre, c’est ne rien comprendre à rien. Pourquoi, s’il ne représentait rien, les islamistes tiendraient-ils tant à ce que les femmes le portent, jusqu’à les tuer pour s’y refuser ?

Une "liberté démocratique" ?

À en croire les partisans du voile islamique, leur revendication du droit de le porter serait tout bonnement une liberté démocratique. La "liberté" de prendre les autres pour des imbéciles existe certes, mais le droit de ne pas l’accepter aussi. Parce qu’il faut vraiment prendre ses interlocuteurs pour des crétins (et au bout du compte manifester le mépris des fanatiques pour les infidèles baptisés roumis, goy ou sarrasins. selon les cas) pour, comme le font les islamistes, réclamer la "liberté" de voiler les femmes au nom d’une idéologie qui justifie l’assassinat de ces mêmes femmes quand elles prennent la liberté de ne pas se voiler. Les oppresseurs réclament la "liberté" d’opprimer !

Et il se trouve des gens de "gauche", "tolérants", "laïcs", voire "révolutionnaires" pour se voiler l’entendement et réclamer l’exercice de cette "liberté" d’un genre nouveau.

Au delà des mots, des faits

Oppression de la femme, dictature moyenâgeuse ne sont pas que des mots. Sans dresser la liste des abominations pratiquées et revendiquées par l’intégrisme, rappelons tout de même le mariage forcé, la polygamie, le droit à la répudiation, celui au viol conjugal, aux coups, la réclusion, etc... Ces pratiques ne sont certes pas l’apanage de l’intégrisme et elles restent en usage dans des pays et dans des milieux qui, par ailleurs, peuvent s’opposer à l’intégrisme. Mais, conséquence de l’urbanisation, de la diffusion des moyens de communication... et de la revendication opiniâtre des femmes, ces habitudes ont pu sembler, un temps, en voie de régression. L’intégrisme islamique entend non seulement bloquer cette évolution, mais ramener des dizaines de millions de femmes des décennies, voire des siècles, en arrière.

Pour en revenir au voile, combien de dizaines de femmes algériennes, de lycéennes entre autres, ont été égorgées, certaines publiquement, pour être sorties sans voile ou bras nus ? Les islamistes réclament la liberté vestimentaire ? Qu’ils la réclament pour tous et surtout pour toutes, qu’ils condamnent non seulement l’assassinat des femmes algériennes, mais aussi toutes les brimades dont les femmes sont victimes dans tous les pays où règne l’islamisme. Qu’ils s’engagent à laisser l’entière liberté de se vêtir comme bon leur semble aux femmes de leur famille et de leur entourage. La liberté vestimentaire ? Oui, cent fois, si elle est vraiment la liberté et pas la liberté d’opprimer.

Une revendication "identitaire" ?

Le fait que des dizaines de filles se voilent répondrait chez elles à une volonté d’affirmer leur identité culturelle et religieuse face au racisme ambiant, disent certains. C’est possible pour quelques-unes d’entre elles. Les plus militantes et aussi, paradoxalement, les plus "intégrées" car leur militantisme suppose qu’elles assument un choix. Mais même si c’était vrai, en quoi cela dispenserait-il de leur dire, avec les moyens appropriés (parce que nous ne sommes plus ici dans la conversation de salon) que non seulement elles se trompent, mais qu’elles jouent contre elles-mêmes et contre toutes les femmes ?

Qui ne se souvient de ces photos des manifestations en faveur de Khomeiny en 1978-1979, en Iran, au premier rang desquelles on voyait de jeunes femmes, en longue tunique noire, tchador sur la tête et sourire éclatant. Un détail : de leurs lugubres tuniques, dépassaient des jeans et des baskets. Ce sont les mêmes qui, aujourd’hui, à peine quittée la piste de l’aéroport de Téhéran, assaillent les toilettes des avions d’Air France, pour se dépouiller de leur linceul (maintenant porté sans jeans et sans baskets)... et font la démarche inverse dans l’avion Paris-Téhéran. Contre le Chah et contre la main-mise américaine sur le pays, elles avaient cru trouver un truchement en Khomeiny et un drapeau dans le tchador, estimant sans doute qu’il serait aisé de s’en défaire ensuite. Il n’en a rien été. Elles avaient fait un choix erroné. Elles le payent cher. Et toutes les femmes iraniennes avec elles.

Aider la résistance des femmes

Mais là n’est pas le seul aspect de la question. Des filles qui "se voilent", nous dit-on. Mais combien parmi elles, soumises à la pression des parents, à la surveillance des frères, aux réprimandes, quand ce n’est pas aux menaces et aux coups, le font vraiment librement ? Plus encore, combien, si le voile est autorisé légalement et banalisé socialement, seront obligées de le porter. Pas des filles qui "se voilent", mais des filles qu’on aura voilé et que les bons apôtres de la tolérance laisseront ensevelir au nom de la "liberté" et de la couleur locale.

Peut-être que quelques filles souhaitent afficher leur identité (et leur haine du racisme) en arborant le voile. Mais des milliers, et peut-être des dizaines de milliers d’autres revendiquent qu’il reste interdit pour n’être pas obligées, elles, de le porter contre leur volonté. Le hidjab islamiste est un uniforme intégriste, comme le furent par le passé la chemise brune ou noire, c’est un signe d’intolérance qui insulte celles qui ne le portent pas, considérées comme des "putes", ainsi que le rapporte Taslima Nasreen.

Bien sûr, l’interdiction du voile ne règle pas tout. Elle ne dispensera en rien ces filles d’avoir à se battre contre tous les autres aspects de la dictature masculine véhiculée par la société en général et par leur milieu en particulier. Mais puisque les islamistes ont choisi de porter le combat sur ce terrain, que sur ce terrain, au moins, ils subissent une défaite. Leur victoire sur cette question annoncerait d’autres offensives : l’interdiction aux filles de la fréquentation des piscines mixtes, des cours d’éducation physique, de biologie, etc. Qui, en effet, serait assez naïf pour croire que les intégristes se satisferaient de voir leurs femmes voilées mais libres de "s’exhiber" en maillot de bain ou en short, ou d’étudier les mystère de la reproduction sexuée chez la fougère, l’oursin et l’homme ? Poser la question, c’est y répondre.

Discuter ? Bien sûr, discuter. Mais pas soliloquer !

L’application de la circulaire Bayrou conduira à des exclusions des établissements scolaires. Cela a déjà commencé. Bien sûr, nul ne peut se satisfaire de voir des élèves exclus. Mais quand le dialogue n’en est plus un et que le discours se heurte à un mur ? Le proviseur du lycée St-Exupéry à Mantes racontait à la radio qu’il avait discuté cinq semaines avec les filles voilées de son établissement. Ceux de Nanterre et de La Rochelle parlent eux aussi de semaines de discussions ! Il faut ne rien connaître à l’institution scolaire pour croire qu’elle exclut des élèves (surtout pour une raison pareille) sans avoir "dialogué" des heures et des heures ! Les arguments développés par les profs, les conseillers d’éducation, les surveillants, les proviseurs, les infirmières, les psychologues scolaires, les éducateurs, etc... pendant ces semaines, n’étaient peut-être pas les meilleurs, nous dit-on. Mais qui empêche les amateurs de "dialogue" d’aller, eux aussi, à la porte des lycées concernés développer leurs "bons" arguments ? Ou s’ils ne le peuvent pas, de les communiquer aux chefs d’établissement dont personne ne doute qu’ils se jetteraient sur une telle pierre philosophale, s’ils voulaient bien la leur offrir ?

Alors, bien sûr qu’il faut dialoguer. Bien sûr qu’il ne faut recourir aux sanctions que quand le dialogue a échoué. C’est enfoncer des portes ouvertes que de le rappeler ! Mais, à un certain niveau, les arguments ne portent plus. Il faut faire des choix et ne pas se contenter de jérémiades sur le "dialogue rompu".

Des écoles intégristes ?

Exclure les lycéennes voilées, les couper du milieu scolaire, revient à les laisser entièrement entre les mains des intégristes, nous dit-on. L’argument porte... d’autant plus qu’il est une façon commode pour l’ensemble de la société de se défausser de ses responsabilités sur l’institution scolaire. La question du voile ne se ramène pas à un face-à-face entre l’école et l’intégrisme. La condamnation du voile doit être le fait de tous, et d’abord des immigrés, et immigré(e)s musulman(e)s. C’est dire qu’il ne saurait être question de laisser les lycéennes exclues livrées à elles-mêmes. Numéro vert à leur disposition, permanences, doivent être mis en place pour vérifier la liberté de leur choix et leur laisser à tout moment la possibilité de revenir dessus.

Compter sur la seule pression du "milieu scolaire" est une dérobade. Ne serait-ce que parce qu’elle a déjà montré ses limites : ces lycéennes ne sont pas des immigrées de fraîche date, arrivant en France avec les habitudes sociales et vestimentaires du pays. Ce sont, au contraire, des filles scolarisées depuis des années, souvent même nées en France. Non seulement la pression du "milieu scolaire" ne suffit pas aujourd’hui à les dissuader de rester voilées mais elle n’a même pas été suffisante pour empêcher les intégristes de les amener à la démarche inverse, rompant avec les habitudes qu’elles avaient jusqu’alors ! Pourquoi voudrait-on, qu’à elle seule, une "pression" qui n’a pas réussi à endiguer l’offensive islamiste suffise maintenant à la faire reculer ?

La menace des écoles islamistes brandie aussi bien par les partisans de la tolérance qu’à l’opposé par les islamistes eux-mêmes est un leurre. En réalité, si ces filles ne sont pas (volontairement ou en subissant la pression des familles) dans de telles écoles, non mixtes, sans éducation physique et sans biologie, ce n’est pas parce que les islamistes reconnaissent une quelconque valeur à l’école laïque et qu’entre leurs convictions et les vertus de l’enseignement ils seraient prêts à faire la part des choses. C’est uniquement parce que ces établissements n’existent pas, autrement dit que les dirigeants intégristes (et leurs bailleurs de fonds) n’ont pas (pas encore ?) décidé de les créer. Croire qu’ils se laisseront amadouer par quelques concessions (sur le dos des femmes d’origine musulmane condamnées au voile) et renonceront à les ouvrir s’ils le jugent profitable à leurs intérêts conjugue aveuglement et pleutrerie.

Bien entendu, si de telles écoles ouvraient, il faudrait savoir ce qui s’y passe et réfléchir aux mesures à prendre pour combattre leur influence et, en tout cas, les obliger à respecter les obligations légales en matière d’enseignement. Mais pour l’heure elles n’existent pas et il n’est même pas certain que les responsables intégristes estiment de leur intérêt de les créer. Car, encore une fois, leur but n’est pas la production d’oies blanches islamistes mais le contrôle de la population sur laquelle l’islamisme s’arroge un droit. Leur action n’est pas religieuse, elle est politique. Et, de ce point de vue, mieux vaut des martyres en terre impie que des saintes en terre évangélisée.

Une opération politique

L’objectif des islamistes dépasse la question du voile. Cette affaire n’est qu’un épisode de la lutte qu’ils ont engagée pour prendre le contrôle de tout ou partie de la fraction de la population originaire des pays musulmans au travers de la mise au pas des femmes d’abord, mais aussi des hommes.

Il n’y a pas de génération spontanée. Que plusieurs centaines de lycéennes, un peu partout dans le pays, se soient mises en quelques années à porter le voile n’est ni l’effet du Saint-Esprit, ni celui d’un brutal et spontané engouement de ces femmes pour le symbole de leur oppression, celui-là même que des générations de militantes et de militants progressistes se sont acharnés à obtenir le droit de retirer. Ces centaines de lycéennes, probablement ces milliers de femmes voilées hors du milieu scolaire, sont, directement ou par la création d’un courant d’opinion", le résultat d’une campagne organisée, coordonnée, véritable réplique de la montée de l’intégrisme dans les pays musulmans, entre autres au Maghreb et principalement en Algérie. Pour parler clair, les dirigeants islamistes entendent, selon toute vraisemblance, faire jouer à la communauté musulmane en France, à leur profit et sur leurs bases, le rôle logistique et financier tenu par la Fédération de France du FLN pendant la guerre d’Algérie. A l’énorme différence près que le FLN menait une révolution coloniale contre l’oppression française alors que les intégristes conduisent une guerre contre leur propre peuple, au premier rang duquel les femmes, pour établir leur dictature théocratique et obscurantiste à la place de celle de l’armée.

Un réseau d’associations et d’organismes religieux, sociaux, sportifs, culturels, etc., contrôlé de près ou de loin par des intégristes, tisse sa toile. La presse en a fait état, des rapports de préfet s’en inquiètent et, quelle que soit la prudence à avoir en la matière, des enquêtes de police semblent le confirmer. Il est dommage que l’insuffisance des liens des organisations de gauche et d’extrême-gauche avec les jeunes des banlieues ne permette pas de se faire une idéee précise sur l’importance et l’audience de ce "réseau".

Que l’offensive islamiste ait choisi les femmes pour cible privilégiée n’a rien de surprenant. La religion et les sociétés traditionnelles musulmanes ont créé un terrain favorable à l’exacerbation des préjugés. Cela étant, il n’est pas question ici de religion. L’islamisme n’est pas une variante de la religion musulmane. C’est le dévoiement de cette religion à des fins politiques ultra-réactionnaires comme le fut l’intégrisme catholique de la première moitié du siècle alors utilisé, en France, par l’extrême-droite fasciste.

Bien sûr, l’intégrisme nourri de la misère du sous-développement ne peut être assimilé au nazisme né de la décomposition de l’Allemagne développée d’entre les deux guerres. Mais l’intégrisme et le fascisme ont en commun la fanatisation de masses populaires désemparées par l’exacerbation des préjugés les plus rétrogrades et les mieux enracinés. Ressuscitant deux millénaires de racisme endémique, le fascisme brun jouait de l’antisémitisme. Le fascisme islamiste spécule sur la soumission des femmes, grattant les plaies de dizaines de millénaires d’obscurantisme et de barbarie. Ce n’en est que plus redoutable : le pogrome peut être quotidien et à domicile. Et il l’est parfois. Le petit livre de Taslima Nasreen Femmes, Manifestez-vous ! en est le témoignage le plus récent.

Extraits de la brochure Derrière le voile... un tout autre combat (1994. Réédition 1999). À situer dans le contexte de la guerre en Algérie et à quelques mois des attentats de l’époque en France.

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Tous les articles de ce dossier

Derrière le voile... un tout autre combat, par Cinquième zone
Un sentiment de trahison, par Michèle Tribalat
Des croisades de droite au foulard islamique, par Élaine Audet
La résurgence du foulard, un besoin de retour sur soi, par Faïza Skandrani
Le voile - Le courage de dire non !, par Wassila Tamzali
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Cinquième zone est un petit journal (un tract en réalité), distribué à environ 7000 exemplaires tous les 15 jours à la porte de lycées ou de stations de métro de banlieues parisienne et de quelques villes. Créé en 1995, il s’adresse principalement aux jeunes des banlieues dont tout le monde parle mais à qui personne ne parle jamais, et surtout pas de politique. Il tente de leur fournir des éclairages et des explications sur les questions qui les intéressent et les concernent. Et tout les concerne !

L’intervention dans les quartiers où jamais un tract n’est distribué (sauf lors des campagnes électorales) amène ses militants à aider les habitants à s’organiser pour faire valoir leurs droits (affaires de jeunes victimes de policiers violents, expulsions de bidonvilles ou de logements, régularisation de jeunes sans papiers). (Présentation écrite par Cinquième zone).



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