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mercredi 25 octobre 2006 Devons-nous nuancer notre critique de l’islam ?
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Robert Redeker vit toujours cloîtré, sous haute protection, coupé des siens, dans l’incapacité d’exercer son métier. Cela dure depuis plusieurs semaines, et c’est déjà un premier scandale, qui justifie, entre autres, de continuer à signer la pétition impulsée par Respublica ! La deuxième chose inacceptable est ce qui se passe sur certains plateaux de télévision, et ce qu’on lit sur certains sites. On entend régulièrement les hypocrites de service dire, la bouche en coeur, que toute condamnation à mort est condamnable. On n’imagine pas Boubakeur ou un représentant de l’UOIF venir dire que c’est mérité. Mais immédiatement après, on entend ces mêmes interlocuteurs nous dire par contre qu’il a gravement offensé les musulmans, que cela suffit, et qu’il doit présenter des excuses. Bref, le condamné à mort est coupable, et les complices des lanceurs de fatwas jouent les pleureuses et les victimes. C’est insupportable, mais c’est bien calculé. L’objectif est clair, dans la continuité du scandale des caricatures : dissuader, intimider, tous ceux qui, comme Redeker, oseraient se laisser aller à critiquer le Coran, les textes sacrés et le prophète. Avec le précédent de Théo Van Gogh, assassiné en Hollande par un islamiste d’origine marocaine, et le sort de Robert Redeker, il va falloir être courageux pour continuer à revendiquer, et à pratiquer la libre critique de la religion musulmane, droit que nous revendiquons, comme celle de toutes les autres religions et de tous les dogmes. Il n’est pas inutile de se rappeler comment, pendant des décennies, ceux que je préfère appeler les staliniens, plutôt que les communistes, ont su intimider l’ensemble du mouvement ouvrier, mais aussi toute la gauche, et toute la société, pour défendre leur modèle totalitaire. Ils ont multiplié insultes, violences physiques et amalgames. Les troskystes ont été qualifiés d’hitlero-trotskystes, et assassinés dans le monde entier, et, selon les périodes, les socialistes et les anarchistes n’ont guère été ménagés. Surtout, l’amalgame tombait immédiatement : si on critiquait, en France, le "seul parti qui défendait les travailleurs", on était obligatoirement des alliés du patronat buveur de sang, des relais objectifs de la droite, voire des agents de l’extrême-droite. Je ne parle pas des violences physiques dans les manifestations pour tous ceux que la direction du Parti communiste de l’époque qualifiait de "provocateurs". Reconnaissons que ces méthodes ont longtemps fort bien marché, et que la réalité du stalinisme a longtemps été étouffée, au nom de la nécessité de ne pas désespérer Billancourt. Certains, même à l’extrême gauche trotskyste, en sont d’ailleurs encore à regretter le mur, comme s’ils étaient dorénavant orphelins. Pour autant, il ne fallait pas céder sur le fond, ne pas reculer sur la dénonciation sans concession du stalinisme, et en même temps ne pas tomber dans une logique maccarthyste, visant à considérer tout militant du PCF comme un gardien du goulag en puissance, car il y avait, et il y a toujours bien sûr, des gens formidables et des militants exceptionnels au Parti communiste français. Nous devons tirer les leçons de cette histoire pour aborder comment les laïques, en France, doivent faire face à l’offensive d’un nouveau totalitarisme, l’islamisme, dont les derniers épisodes sur les caricatures et Redeker, inenvisageables il y a encore cinq ans, montrent une détermination de plus en plus grande à intimider la société laïque. Les islamistes, relayés par les communautaristes de gauche et d’extrême gauche, ont, depuis les années 1990, lancé la bataille des mots avec le terme islamophobie. Cela a marché pendant près de quinze ans, jusqu’à ce que, sous diverses influences, dont la nôtre n’a pas été des moindres, il a été démontré l’imposture de l’amalgame au racisme. Les intégristes savent, sur ce sujet, et suite à la loi contre les signes religieux à l’école, qu’ils ont perdu, en France, la bataille de l’opinion, il suffit de se rappeler des sondages sur la loi du 15 mars 2004. Quelle va être, aujourd’hui leur nouvelle stratégie ? D’abord, ils veulent maintenant amalgamer toute critique de l’islam à une provocation contre les musulmans, pour culpabiliser les libres penseurs. Certains laïques, en toute bonne foi, reprennent cette argumentation, pensant qu’on gagnera les musulmans modérés en épargnant de toute critique la religion pratiquée, et ses textes les plus violents. D’autres nous disent que si on critique l’islam sans critiquer de la même façon le catholicisme, on est un allié objectif de Bush et du Vatican, et des adeptes du "choc des civilisations". Les islamistes doivent bien rigoler dans leur barbe de cette auto-censure, qui ne fait que les encourager à gémir encore davantage à la persécution anti-musulmane, comme les staliniens savaient hier crier à l’anti-communisme primaire à la moindre évocation du goulag. Ne nions pas qu’à l’extrême droite, des courants veulent mener la lutte contre l’islam au nom des valeurs chrétiennes, ou sur des bases racistes. Notre collaboratrice Marie Perret, dans un numéro de Respublica, il y a quelques mois, répondait remarquablement à l’argumentation d’un lecteur qui expliquait qu’il allait voter Villiers pour lutter efficacement contre l’islamisme. Marie expliquait pourquoi le "choc des civilisations" était une impasse dans la lutte contre l’intégrisme, et que les ennemis de nos ennemis n’étaient pas forcément nos alliés. On peut être en désaccord avec Redeker, le trouver complaisant avec la religion catholique, et constater malgré tout que ce n’est plus au nom de Dieu qu’on tue sur terre, au vingt-et-unième siècle, mais au nom d’Allah. Cela n’empêche pas, par-ci par-là, notamment en Pologne, les intégristes catholiques de sévir encore, notamment contre les femmes et les homosexuels, et un maire UMP de vouloir ériger une statue de 10 mètres de haut de Wojtyla à Ploermel, en Bretagne. Redeker ne dit pas pour autant, contrairement à l’extrême droite raciste, que tous les musulmans sont des assassins et des terroristes en puissance, mais il ne fait pas la nuance entre l’islam et l’islamisme, ce que certains lui reprochent. Pourtant, il ne fait que reprendre les propos de la militante féministe hollandaise Aayan Hirsi Ali, condamnée à mort par les islamistes, ceux de l’écrivaine bengalaise Tasmima Nasreen, victime d’une fatwa en 1994, ou de bien d’autres qui disent que le ver est dans le fruit, et que ce sont certains fondements de l’islam qui sont responsables de la situation, notamment des sourates et versets incompatibles avec les règles démocratiques, la laïcité et l’égalité hommes-femmes. C’est un vrai débat, qu’alimentent en France Pascal Hilout et nombre de musulmans laïques ou de maghrébins athées. Reprenons la comparaison avec le stalinisme. Longtemps, les trotskystes ont raconté que les fondations étaient bonnes, mais que Staline avait tout gâché. Selon eux, si le prophète (pas Mahomet, Léon) avait gagné, la nature de l’URSS n’aurait pas été la même. D’autres militants, et pas seulement les anarchistes, estiment que là aussi, le ver était dans le fruit, notamment par la théorie du parti de l’avant-garde. Pour eux, ce n’était pas un hasard si, à chaque fois qu’un parti communiste prenait le pouvoir dans le monde, les traditions démocratiques, la liberté d’expression, la pluralité politique, que certains jugent peut-être encore comme des valeurs bourgeoises, n’étaient pas au rendez-vous. On peut quand même aujourd’hui faire la même comparaison ! Quand les islamistes sont au pouvoir, ce sont des théocraties religieuses, et il n’y a pas de droit à d’autres religions, et encore moins à l’athéisme. Quant à la condition des femmes, elle fait la fortune des marchands d’étoffe ! A Respublica, nous ne serons jamais de ces laïques frileux qui tremblent devant toute critique de l’islam (et se rattrapent contre le Vatican), qui n’apportent qu’un soutien du bout des lèvres au journal Charlie Hebdo, aux dessinateurs danois ou à Robert Redeker, et qui sont, comme Sarkozy, prêts à "toiletter" nos lois laïques et nos principes républicains pour qu’ils s’adaptent à l’islam, fer de lance de la nouvelle offensive cléricale. C’est en se battant bec et ongles pour le maintien de cette liberté d’expression que le pays des Lumières aidera au mieux, en France et dans le monde, tous les citoyens, croyants, agnostiques ou athées, épris de liberté de conscience, à s’émanciper de l’emprise de l’islam politique. Source : Respublica, le 25 octobre 2006. Merci à l’auteur d’autoriser la publication de cet article sur Sisyphe. Mis en ligne sur Sisyphe, le 25 octobre 2006 |